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L'Indien à la rame : après 87 jours en mer, le couple Sophie Bernier-Fanch Landron achève son périple

  • Publié le 22 juillet 2024 à 12:47
  • Actualisé le 25 juillet 2024 à 05:30

C'est la fin du périple pour Sophie Bernier-Fanch Landron. Arrivés ce lundi 22 juillet 2024 dans la commune du Port, ce couple d'aventuriers s'étant lancé comme défi de traverser l'Océan Indien à la rame depuis l'Australie vers La Réunion, est finalement arrivé à destination après 87 jours en mer. Retour sur une arrivée en fanfare et les différentes étapes de leur voyage maritime (Photos : sly/www.imazpress.com)

Entre messages aux enfants, aux classes qui les suivent depuis leurs débuts, entre poésies et petits jeux… chaque jour, nous avons pu suivre le périple de ces deux aventuriers de l'extrême, bien décidés à rallier l'Australie à La Réunion, à la seule force de leur bras et au gré des courants.

C'est d'ailleurs ce qu'ils ont fait en l'espace de 87 jours.

"On a tout donné pour arriver vite", disent-ils à leur arrivée.

Leurs plus beau souvenirs : "les rencontres avec les baleines, les marlins, les oiseaux, les requins...", raconte Sophie.

Une arrivée entre excitation et "appréhension de ce retour à la réalité et à ce monde de bruit, de mouvements permanents et de sollicitations perpétuelles", partageaient-ils sur leur Facebook.

Les derniers miles furent les plus longs pour le couple qui, dès le 84ème jour, apercevait au loin La Réunion.

Lire aussi - L'Océan indien à la rame : une vie de couple à contre-courant

- Un périple agité... -

Le duo a dû faire face à de nombreux courants contraires.

Au 74ème jour, "même en ramant avec toute notre bonne volonté, nous avons reculé. Un courant contraire s’est incrusté dans la partie…et allez hop: ancre flottante pour limiter la casse".

Au 70ème jour, c'est le pilote automatique qui a rendu l'âme. Le deuxième. Le premier ayant décidé de ne plus fonctionner huit jours seulement après le départ d'Australie.

Au jour 57, la mer était déchaînée. "24-25 nœuds de vent hors rafales (donc plus fort) avec une houle de 3m40, en moyenne, la mer du vent, la houle qui est Sud-Sud-Est puis sud-ouest. Un vrai champ de bataille."

Mais l'événement le plus marquant pour le couple, ce fut au 60ème jour où l'Otruble a fait deux tonneaux. "Pas de bobo pour les rameurs. Plus de peur que de mal."

Un retournement au sens propre, conséquence d'une mer pour le moins agitée et surtout en raison des rencontres avec les mastodontes de mer. "

" Habituellement, derrière ces gros mastodontes, il y en a toujours une petite un peu vicieuse qui va taper un peu le bateau juste pour te mouiller…là, j’ai rapidement vu que la petite était presque aussi grosse que la première et très serrée à celle-ci. Otrouble a été aspiré dans son creux puis est monté sur elle au moment où elle déferlait. Le bateau s’est couché sur le flanc."

"Après le tour de manège de la veille, nous avions contacté le CROSS Réunion pour les prévenir de l’incident et du fait que nous n’avions plus de portée de radio VHF", expliquent Sophie et Fanch sur leurs réseaux.

- ... mais des rencontres improbables -

Au 84ème jour, Sophie et Fanch se sont vus entourés d'un "gros aileron en surface".  "Gros aileron dit gros requin : un mako d’environ 3m. Observation extraordinaire. Nous étions comme des dingues."

Au 80ème jour, c'est la rencontre avec des marlins qui a marqué leur journée. "Nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un gros gros truc tout près du bateau. On s’est rendu compte que c’était deux énormes marlins, un noir et un plus clair bleu/blanc, en attente derrière le bateau à surveiller que le banc, planqué sous la coque, d’une quinzaine de bonites ne s’éloigne pas de sa cachette", racontent-ils sur leurs réseaux.

Les oiseaux aussi ont accompagné le périple des deux jeunes gens. Dans les derniers jours, c'est la route " d’un nouvel oiseau marin : un fou masqué. Deux fous plutôt ! Magnifique."

Sophie et Fanch ont pu avoir la compagnie d'un puffin.

Au 66ème jour, c'est une rencontre avec "une masse blanche" qui les a marqué. "Si je me fie à la couleur, je te dirai un bélouga  mais selon notre position géographique sur le globe, je pencherais plutôt sur une baleine de Minke", a déclaré Sophie.

Il y a eu d'autres rencontres, beaucoup moins drôles celles-ci.

Au 85ème jour, c'est entre vent inexistant, courant capricieux et énormes navires que le couple à dû composer. "Juste sur la journée d’hier, 7 cargos/ tankers. Nous en avons eu un qui avait une route convergente de nuit et sur notre AIS il indiquait qu’il nous passait à 9 mètres."

- Du plastique, en veux-tu en voilà -

Au-delà du défi, cette traversée avait également un aspect scientifique. Le duo – à force de ramer – a procédé à des relevés d’observations des déchets plastiques.

Et ce, pour ramener des données pour Margot Thibault, docteure en biologie marine tropicale, nouvellement thèsée sur les plastiques dans l’océan Indien et pour l’organisation The Ocean Cleanup.

"À notre petite échelle, nous espérons pouvoir apporter notre contribution dans cette recherche scientifique."

Et des déchets, ils en ont rencontré. Au jour 75, Sophie et Fanch se sont retrouvés " dans un grand patch de plastiques". "Beaucoup de bouteilles, bidons de lessives et à la fin, des centaines de petits fragments de plastiques. C’est assez désolant. Nous avons dû être dans ce patch au moins 4h. On l’a bien senti car c’est un courant contraire qui portait vers l’Est. Et au moment où nous avons observé que le courant était de nouveau en notre faveur, il n’y avait plus de plastiques."

Un océan de plastique où les rameurs ont fait des relevés pour Margot Thibault. "Il y en avait tellement… brosse à dent, bouchons, bouteilles, morceaux divers, sacs plastiques."

Jour 68, encore des plastiques. "Est-ce que les patchs de plastiques se dispersent durant les épisodes de mers agitées et se retrouvent après avec les courants pour se reformer ? Margot nous le dira."

- Des soutiens sans failles -

Sophie et Fanch, si loin étaient-ils au milieu de l'océan, ont toujours pu compter sur le soutien sans failles et les messages de leurs proches, mais pas seulement.

Ont suivi leur périple depuis le début, les élèves de CP de l'école de la Saline les Bains.

Mais également les élèves d’onco-pédiatrie du CHU de Saint-Denis, avec la liste réalisée par les enfants pour des projets et aventures futures.

Retrouvez tout leur périple ici.

Il y a 10 ans, le français Emmanuel Coindre établissait le record du monde en 56 jours sur son canot Long-Cours.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Mougenot
Mougenot
2 mois

Félicitations à Otrouble ! Il y a 10 ans Emmanuel Coindre établissait 56 jours en solo

Lecomte.jean.paul
Lecomte.jean.paul
2 mois

Felicidades de España

Honte à Bassire
Honte à Bassire
2 mois

Superbe exploit