Cornet de frites et gobelet en carton… depuis le 1er janvier 2023 très exactement, il faut dire au revoir à ces emballages dans les enseignes de restauration rapide. En effet, désormais, les restaurants ont l’interdiction de proposer de la vaisselle jetable à leur clientèle en salle. Et ce, en vertu de la loi du 10 février 2020 « Anti-gaspillage pour une économie circulaire » (AGEC). A La Réunion, plusieurs chaines ne sont pas prêtes pour l'application de cette loi (Photo : rb/www.imazpress.com)
Seule chaîne à faire exception, McDonalds. L’un de ses restaurants, celui de Saint-Leu, met déjà à disposition de ses clients de la vaisselle lavable. Un restaurant qui est bien le seul à être équipé. Pour les 14 autres fast-foods de l’île, « rien n’est prêt », nous indique l’entreprise. « Ils sont toutefois en cours de transformation. »
Du côté de l’enseigne Burger King, idem. Aucun des 17 restaurants de l’île n’est prêt. Non pas par manque de volonté, « mais car on a un souci d’approvisionnement », nous explique Frédéric Testu, directeur de marché de l’enseigne Burger King à La Réunion.
Selon le directeur, « il faudra entre deux et trois mois pour déployer ce dispositif sur l’ensemble des restaurants ». Mais avant que cela ne se fasse, Burger King souhaite tout d’abord effectuer une phase tests dans deux enseignes de l’île afin « d’analyser le taux d’emprunt à long terme ». Si Burger King n’a pas encore le matériel, les process de sanitation sont eux déjà acquis par les salariés.
Autre fast-food et même problème, G la Dalle. « Nous sommes en train de modifier notre façon de travailler concernant le sur place. Mais nous attendons notre vaisselle réutilisable qui est en transit. »
Dernière enseigne à nous avoir répondu, les Burgers de Papa qui comptent deux restaurants dans l’île, à Saint-Denis et Saint-Pierre. Là ici le constat est le même, « on n’est pas prêt ». « On est à peu près prêt, prêt sur les process mais malheureusement on attend les assiettes, bols et verres qui sont dans un conteneurs », explique Anthony Lesprit, associé-propriétaire de la franchise les Burgers de Papa à La Réunion. Un retard dû « à des délais déjà très compliqués ». « On n’a pas de visibilité sur les arrivages, même en commandant à l’avance », ajoute le restaurateur.
Dans cette enseigne, les verres en cartons seront remplacés par des verres en plastique et pour les cornets de frites et de petites faims, il y aura des ramequins en métal émaillé.
Pour Anthony Lesprit, passer à de la vaisselle réutilisable est une bonne chose. « En restaurant, prendre un emballage et le jeter dix minutes après c’est aberrant », dit-il.
KFC, McDonalds, G la Dalle, Les Burgers de Papa, Burger King, O’tacos… tous sont donc concernés et tous devront s’adapter pour utiliser de la vaisselle réutilisable. Pour ces grandes enseignes, qui utilisent à profusion les emballages et la vaisselle jetable, il s’agit de changer totalement de manière de travailler.
- Changer les modes de consommation -
Utiliser de la vaisselle réutilisable marque l’évolution de nos modes de consommation en faveur de la réduction de nos déchets. Et même le président de la République le dit…
L’enseigne américaine a été l’une des premières à tester la vaisselle réutilisable dans ses enseignes.
Burger King aussi s’y met. Vous avez d’ailleurs été nombreux à voir cette publicité de l’enseigne où les gens s’écharpent à propos du meilleur burger. Mais aviez-vous remarqué à la fin, ce qui se trouvait sur le plateau. Non ? Mettez pause et vous verrez deux gobelets en plastique et de la vaisselle, de la vraie.
Gobelets, assiettes et autres couverts seront désormais réutilisables. Exception faite pour les commandes à emporter, qui contiendront encore de la vaisselle jetable. Les emballages vont tout de même faire encore un peu de résistance. L’obligation ne concerne pas les burgers et sandwichs qui peuvent continuer à être emballés dans du papier jetable.
- Plus de 180.000 tonnes de déchets générés par les fast-food -
Privilégier de la vaisselle réutilisable en salle des enseignes de fast-food est devenu indispensable. Indispensable dans un secteur qui sert plus de 6 milliards de repas par an et qui génère plus de 180.000 tonnes de déchets chaque année.
L’objectif pour la France étant de réduire encore plus les produits jetés à la poubelle mais également réduire les plastiques et cartons à usage unique.
Un changement d’attitude des grandes enseignes nécessaire. Depuis 2016, les professionnels de la restauration rapide ont l’obligation de trier cinq types de déchets, papier/carton, métal, plastique, verre et bois, dans des poubelles dédiées. Mais dans la réalité, le compte n’y est pas. En 2021, la ministre de Transition écologique Barbara Pompili fait le bilan et seules trois enseignes ont atteint les objectifs fixés : Burger King, Subway et Cojean.
Saluée par des ONG telles que Zero Waste France, la loi ne fait pourtant pas l’unanimité. Dans une tribune publiée dans le Journal du dimanche, les associations environnementales redoutent une mesure qui ne serait jamais appliquée.
Pour l'association PropRéunion, "la vaisselle réutilisable dans les fast-foods c'est comme à la maison : quand on mange ou quand on boit, on a de la vaisselle à faire, on la lave, on la range et on la réutilise ensuite. C'est une question de bon sens", indique Matthias Commins, président-fondateur. "Imaginez-vous à la maison avoir de la vaisselle jetable pour tous les repas de la journée; de la semaine; des mois et de l'année; cela fait énormément de choses à jeter, c'est du gaspillage", ajoute-t-il.
"Cette loi interviendra uniquement pour les repas sur place, ce qui est déjà une bonne chose, mais pour les repas à emporter ce sera toujours de la vaisselle jetable. Il existe pourtant des solutions à La Réunion : servir dans une barquette en verre consignée, apporter son propre contenant...", souligne le président de PropRéunion.
Matthias Commins précise que "lors de nos opérations Coup de Prop', nous trouvons régulièrement des emballages à emporter de fast-food, qui proviennent généralement des citoyen.ne.s qui font des pique-niques et qui laissent tout sur place ou cela peut venir d'une poubelle qui déborde ou qui a été renversée, avec le vent et la pluie ces emballages circulent et atterrissent dans les embouchures de ravine à proximité de l'Océan Indien".
Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, quant à lui, promet que la loi sera appliquée. Il a assuré qu'il recevrait les grandes chaînes « début 2023 pour qu'elles puissent nous présenter leur plan d'action et une campagne de contrôle sera réalisée pour s'assurer du déploiement ».
Les contrôles seront menés par les inspecteurs de la répression des fraudes (DGCCRF) et de la Dreal, précise le ministère, qui dit attendre « une application exemplaire de cette mesure par les chaînes de restauration rapide ».
Quant aux cas particuliers de restaurants où le déploiement serait difficile, « les contrôles pourront en tenir compte, à condition que les modifications soient engagées ».
Reste donc maintenant aux enseignes de s’adapter... et aux clients à ne pas partir avec la vaisselle.
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com