Fabrisio Saïdy était en vacances à La Réunion ces derniers jours. Le coureur de 400m, pas épargné par les blessures ces trois dernières années, en a profité pour annoncer qu’il avait décidé de rentrer à La Réunion après les Jeux olympiques de Paris 2024, auxquels il espère participer en partant à la chasse aux minimas dès février en Australie puis en Nouvelle-Zélande (Photos : rb/www.imazpress.com)
"Les pierres précieuses, c’est fragile", sourit Fabrisio Saïdy, à l’entrée du stade du Centenaire.
Le garçon n’a beau avoir que 24 ans, encore tout à prouver, malgré un titre de champion d’Europe espoirs acquis en 2019 et un record sur 400m à 45’’44, légitimant son potentiel, il vise beaucoup plus haut que ça. Et pourquoi pas, "une médaille aux Jeux Olympiques", ose-t-il affirmer chez lui, à l’Etang-Salé, où il était en vacances ces derniers jours.
Pour Paris 2024, ce sera peut-être avec le relais, vice-champion du monde, sans lui, l’été dernier derrière les Etats-Unis, au sein duquel il espère retrouver sa place, tout en ambitionnant les minimas en individuel (45’’).
Et si d’aventure, cela ne lui souriait pas en août prochain, que la blessure le martyrisait une nouvelle fois sans vergogne avant la grand-messe olympique, comme c’est le cas depuis fin 2020, Fabrisio reportera ses ambitions de médaille individuelle sur les Jeux de Los Angeles 2028.
Une échéance à laquelle il pense déjà, au-delà de Paris, en ayant pris il y a peu une décision forte. "J’ai décidé de rentrer à La Réunion après les Jeux de Paris, confie-t-il sans ambages. J’ai besoin de me rapprocher de ma famille, de retrouver la chaleur et de renouer avec la Réunion qui fait partie de mon identité."
Une résolution qu’il a prise en pesant bien le pour et le contre avec Marc Vecchio, son entraîneur à l’Insep, Jean-Marc Hardy son coach de toujours à la Dominicaine Athlétisme, et bien sûr la Ligue régionale d’athlétisme.
"Je crois que Fabrisio ne s’est jamais vraiment adapté à son environnement en métropole", justifie Hardy. Son protégé est pour sa part plus mesuré, pour expliquer ce revirement.
"Avant que je parte à Paris en 2018, j’avais des ambitions mais pas la rigueur nécessaire pour les assouvir, souligne Fabrisio. Quand je suis parti en métropole, l’idée majeure était donc de pousser mes capacités à fond, gagner en maturité dans mon entraînement et dans ma vie en général, bref apprendre la rigueur extrême. Je crois y être parvenu" dit-Il
"Car j’ai vraiment compris comment il fallait m’organiser et m’entraîner au quotidien, comment bien dormir, bien manger, pour être au top. Aujourd’hui, je me sens donc prêt à revenir chez moi pour me prendre en charge et préparer convenablement les Jeux 2028 à Los Angeles" poursuit Fabrisio Saïdy
- "Si les petits cochons ne le mangent pas..." -
Reste à dessiner les contours que ce projet prendra. A trouver l’organisation adéquate et les ressources financières nécessaires.
"J’ai besoin que l’on me soutienne si je rentre", ajoute Fabrisio Saïdy.
"J’ambitionne une médaille à Los Angeles donc si je rentre à La Réunion en septembre-octobre 2024, je dois créer une cellule d’entraînement solide autour de moi. Je lance un appel aux collectivités et aux sponsors. J’aurai besoin d’un staff médical solide, d’être au point en matière de récupération et d’alimentation. Donc, j’aurai plus de dépenses, comparé à l’Insep où tout était payé sur ce plan-là. Mais je suis confiant" dit-il encore
"Hormis la Ligue, j’ai déjà évoqué le sujet avec les gens du Département et de la Région. Ils ont l’air contents de mon retour sur l’île. Je pense que ce ne peut être que bénéfique pour l’environnement de l’athlétisme local, qu’un garçon comme moi prépare une échéance olympique à la Réunion" commente l'athlète.
" Je vois en effet que depuis quelques années il y a moins d’athlètes qualifiés aux championnats de France qu’auparavant. Je veux être une locomotive quand je reviendrai. Cela commence dès à présent, en leur prouvant à tous, ces futurs partenaires, qu’ils peuvent croire en moi, avec une qualification pour Paris 2024" souligne-t-il.
Ces jours-ci, Jean-Marc Hardy a pu mesurer à quel point son ancien élève était en forme et donc au diapason de son futur projet. "Il a effectué une séance avec mon groupe, raconte ce dernier. Et ce qu’il a fait en termes chronométriques, est très fort. Si les petits cochons ne le mangent pas d’ici là, ça pourrait vraiment aller vite cet été."
Si son mentor emploie avec précaution le conditionnel, c’est que Fabrisio Saïdya malheureusement été ralenti dans sa progression ces trois dernières années par des blessures à répétition et n’a pas pu exprimer pleinement son potentiel.
Le sort s’est en effet acharné sur l’enfant de Basse-Terre dans des proportions assez gigantesques. Fin 2020, en plein Covid, et alors qu’il avait choisi de passer le confinement chez lui à La Réunion, il se fait une grosse entorse à la cheville en jouant au foot avec des copains.
"Ça m’a stoppé net jusqu’en janvier 2021.Je pouvais malgré tout encore espérer me qualifier en relais pour les Jeux de Tokyo. Mais à une semaine des championnats de France où se jouait la qualif, je me suis blessé aux ischios cette fois-ci" explique-t-il.
En 2022, la malédiction se prolonge encore. "Je pars aux championnats du monde avec le relais, se remémore l’athlète d’origine malgache. J’étais même qualifié à l’époque pour les championnats d’Europe qui suivaient, en individuel. Mais je me blesse sur place aux Mondiaux lors du training camp à Eugene. Cette fois-ci, ce sont les adducteurs qui sont touchés."
- "La chasse aux minimas" -
Enfin, en 2023, sa saison est une nouvelle fois gâchée par une blessure au pied. Fabrisio est victime d’une désinsertion de son aponévrose plantaire, en mai dernier.
"Ça m’a une nouvelle fois arrêté alors que j’étais très fort", regrette-t-il.
Il reste positif : "j’ai vu des spécialistes, notamment un médecin qui s’occupe du Racing 92. En fait, j’ai eu un souci au pied au départ qui a amené d’autres problèmes par effet de compensation. Des problèmes de mollet, d’ischios, etc... Je sais que je suis fragile mais je fais tout, croyez-moi, pour m’éloigner de cette fragilité. Il faut juste me souhaiter la santé. Et si je l’ai, faites- moi confiance, je m’occuperai de réaliser les performances que l’on est en droit d’espérer de moi."
Son programme de préparation est en tous les cas déjà arrêté. Après un détour par Paris, il reviendra s’entraîner à La Réunion fin décembre. Puis, il mettra le cap sur l’Afrique du Sud pour trois semaines de stage en janvier, avant de rallier l’Australie pour y effectuer une tournée qui durera tout le mois de février.
"Le thème de cette tournée qui comprendra également une escale en Nouvelle-Zélande, ce sera la chasse aux minimas pour les Jeux !", clame-t-il haut et fort avant d’ajouter. "Je rentrerai ensuite à la Réunion où je devrais rester jusque fin avril avant de repartir je l’espère en Europe pour participer aux championnats du monde de relais en mai."
A condition de ne pas se blesser, le champion de France en salle 2019 a le talent pour prétendre aux Jeux 2024, postuler au moins à une place au sein du 4x400m français. Ce serait une belle récompense, avant de retourner s’installer durablement à la maison, l’autre projet qui lui tient à cœur.
F.P/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
Bel article, en effet.
Il mérite les soutiens exprimés.
Bravo !
Courage et bonne continuation à lui!!!
Excellent article
En espérant qu'il puisse un jour porter au plus haut les couleurs de la Réunion.
Merci pour ce bel article.
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