Émission de gaz à effet de serre

La Cour des comptes veut diminuer le nombre de vaches, les éleveurs péi se défendent

  • Publié le 25 mai 2023 à 05:00
  • Actualisé le 25 mai 2023 à 16:56

Alors que la Cour des comptes a appelé à "définir une stratégie de réduction" du cheptel bovin pour diminuer l'empreinte carbone de la France, les coopératives réunionnaises appellent à différencier les situations entre l'Hexagone et La Réunion. Entre objectif d'autonomie alimentaire et exploitations "à taille humaine", les éleveurs se défendent.

"Ces préconisations m'interpellent. On est pas du tout sur le même mode d'exploitation que ce qu'il se fait partout dans le monde" réagit Olivier Robert, président de la coopérative bovine Sica Révia, qui représente 94% des éleveurs bovin de la filière viande.  

Ce dernier estime que "les exploitations réunionnaises sont à taille humaine". Un avis partagé par la Sicalait, coopérative laitière réunionnaise. "En moyenne, 49 vaches sont présentes sur les exploitations, on est loin de ce qui est fait en Métropole" avance la coopérative. "Les enjeux locaux et nationaux sont totalement différents, nous ne sommes pas du tout dans les mêmes proportions que dans l'Hexagone" ajoute-t-elle.

La Sica Révia insiste par ailleurs sur le fait que les agriculteurs "réalisent un effort considérable en matière environnementale". "Dans notre filière, on travaille sur la certification de nos élevages, avec un cahier des charges drastique. Les préconisations de la Cour des comptes me choquent, quand on voit le travail qu'on mène" assure Olivier Robert.

"La problématique d'émission de CO2 des vaches n'est pas une priorité, on ferait mieux de s'intéresser aux transports maritimes et aériens, qui émettent bien plus" estime de son côté Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture. "On ne peut pas tirer à boulet rouge sur l'agriculture. Dans un contexte où on parle de l'environnement, l'agriculture doit être une solution et pas une cause du dérèglement climatique."

Dans son rapport, la Cour des comptes rappelle que l'élevage bovin (environ 17 millions de têtes aujourd'hui sur le territoire national) pèse pour 11,8% des émissions du pays, premier producteur européen de viande bovine et deuxième troupeau laitier derrière l'Allemagne. Les vaches, en digérant, produisent et rotent du méthane, un gaz au pouvoir très réchauffant.

- Tendre vers l'autonomie alimentaire -

À La Réunion, filière viande et filière lait confondues, environ 20.000 vaches sont exploitées par les agriculteurs.

Côté viande, la filière assure entre 40 et 45% de la consommation de bœuf dans l'île, qui représente environ 7.000 tonnes annuellement. 15.000 bovins composent les cheptels des 330 agriculteurs, dont 5.400 vaches à viande. "Diminuer les cheptels signifierait augmenter les importations, c'est un non-sens en matière d'environnement, et c'est contre-productif" assure Olivier Robert.

Ce dernier rappelle par ailleurs que dans un contexte où La Réunion souhaite tendre de plus en plus vers l'autonomie alimentaire, diminuer les exploitations bovines serait, là aussi, contre-productif. "S'il faut augmenter les importations, cela n'a aucun sens" note-t-il, alors que la consommation de bœuf reste stable dans l'île.

"Ce n'est pas cohérent avec l'esprit d'aller vers la souveraineté alimentaire et ne pas être dépendant des autres pays pour l'alimentation, un pays comme la France se doit d'être souverain en alimentation, que ce soit sur la viande ou le blé. Ca ne me semble donc pas cohérent avec cet objectif" estime aussi Frédéric Vienne.

La Sicalait souhaite elle aussi "répondre du mieux possible à la demande locale, qui s'élève à 100 millions de litre annuels". D'ici 2030, la coopérative a pour objectif d'atteindre les 22 millions de litres produits chaque année, contre 17 millions aujourd'hui. Un objectif qui pourrait être compliqué à atteindre en réduisant le nombre de bêtes.

Jusqu'ici, le gouvernement a ménagé le secteur agricole : il lui demande moins d'efforts qu'aux autres secteurs (industrie, transports, énergie...) pour réduire ses émissions nocives pour la planète. Il se garde surtout de fixer un objectif de baisse du cheptel, d'autant qu'il y a déjà de moins en moins de vaches du fait des arrêts d'activité ou de la sécheresse.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, a en tout cas tenu à rassurer les éleveurs : il a estimé que "nous avons besoin des éleveurs plus que jamais et d’avancer avec eux, et non pas contre eux, dans toutes les transitions que nous avons à mener". Il s'est aussi interrogé sur si certains auraient "oublié les services environnementaux rendus par l’élevage".

Une prise de position saluée par la Sica Révia.

www.imazpress.com avec l'AFP / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Templier974
Templier974
6 jours

La cause n'est pas bovine mais humaine car il y a trop de gens sur cette planète Terre et qui ne travaillent mais qui mangent énormément de viande et qui font fonctionner ces machines (Mac Donald etc),cette mal bouffe. Sachez que le vendredi c'est poisson et le dimanche viande avec les jours fériés. Apprenez à vivre comme avant cela fera grand bien à Dame Nature car nous sommes simplement de passage.

Batofou974
Batofou974
6 jours

Slogans de part et d'autre, excès de langage, partis pris notoires, ignorance des enjeux collectifs et du bien public... Un ministre à la solde des lobbies de l'industrie agroalimentaire: l'autonomie alimentaire oui mais pas au prix de refuser la transition écologique qui de gré ou de force s'impose à toutes et à tous, à La Réunion comme ailleurs. La population réunionnaise surconsomme les protéines animales au point de s'en rendre malade! Changeons de modèle et de système agroalimentaire, avec un élevage proportionné aux véritables besoins alimentaires locaux et indépendant de l'importation massive d'aliments pour bétail, de produits phytopharmaceutiques, d'engrais chimiques, de lait en poudre pour se donner l'illusion de l'autonomie...

lili
lili
6 jours

Ce n'est que le début de l'agenda 2030 , allez lire le forum économique mondial de Davos , et vous verrez que le fameux , vous ne posséderez plus rien et vous serez heureux , prends tout son sens.