Bouclier qualité prix

Étiquetage, rupture de stocks... la grande distribution a encore des efforts à faire sur les produits du BQP

  • Publié le 6 décembre 2023 à 10:00
  • Actualisé le 6 décembre 2023 à 14:05

Ce mardi 5 décembre 2023, lors de l'assemblée plénière de l'OPMR (Observatoire des prix, des marges et des revenus), il a été dévoilé les premiers résultats d'une enquête de terrain réalisée par le cabinet Echoes. Une étude conduite dans les 61 magasins participant au Bouclier qualité prix (BQP). Étiquetage, balisage, positionnement, rupture... tout a été passé au crible. Les premiers résultats de cette étude montrent que les enseignes ont fait de réels efforts pour améliorer la disponibilité des produits du BQP ainsi que leur visibilité dans les rayons (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)

Une analyse plus fine montre que les efforts doivent être renforcés pour améliorer la visibilité et la disponibilité des produits du BQP dans les rayons.

En effet, de trop nombreuses négligences ont encore pu être relevées dans l’ensemble des magasins telles que : l’existence de plusieurs prix ou de plusieurs articles pour une même étiquette BQP, la présence d’autres produits à l’emplacement prévu pour un produit du BQP, l’absence d’étiquetage pour certains d’entre eux, l’application de "prix promo" sur les produits du BQP, l’absence de visibilité de la signalétique du BQP, l’existence d’espaces dédiés manifestement insuffisants pour certains produits du BQP, etc.

Ces différents exemples montrent donc que des efforts importants doivent encore être accomplis.

- De nombreux produits encore en rupture -

Le taux moyen de ruptures relevé à cette occasion pour l’ensemble des magasins se situe en effet à un niveau historiquement bas de 13 %, correspondant à une moyenne de 19,5 produits en rupture par magasin sur les 153 du BQP.

Ce nombre varie en fonction de l’heure de la journée : de 21,5 produits en rupture en début de journée (8h30-10-30), il descend à 15,2 à l’heure du déjeuner (12h30-14h30) pour remonter à 23 en début de soirée (18h30-20h30). Plus en détail, le nombre de ruptures moyen par enseigne est relativement homogène et se situe dans une fourchette allant de 18 à 21 produits pour cinq d’entre elles.

Le taux de rupture par rayon est beaucoup plus hétérogène puisqu’il oscille entre 1,5 % pour la boulangerie et 22,2 % pour l’épicerie. Dans l’intervalle, les produits d’hygiène (17%), frais (14,5%) et d’entretien (13,3%) ont les taux de rupture les plus élevés.

La part des produits locaux en rupture (26 % du total des ruptures) est très inférieure à leur nombre dans le BQP (37 % du total des produits) alors que le constat est inverse pour les produits de gamme nationale et de marque distributeur. Cette situation s’explique sans doute par la difficulté plus grande d’approvisionnement à l’import qu’au niveau local.

- Des produits peu référencés -

A l’instar des ruptures, le taux moyen d’anomalie de balisage est très faible puisqu’il s’établit à 4 % sur la totalité des magasins, soit 6,5 produits sur les 153 du BQP par magasin.

Des écarts importants étant néanmoins constatés entre les sept enseignes, avec un taux d’anomalie qui varie entre 2 et 12 %, ce taux moyen de 4 % pourrait encore baisser si toutes les enseignes faisaient preuve de la même rigueur pour en limiter le nombre.

Comme pour les ruptures, le taux d’anomalie est plus élevé dans les rayons de l’épicerie, où il atteint le chiffre de 35 %. Une vigilance accrue sur ce rayon de la part de toutes les enseignes permettrait donc sans doute aussi de baisser significativement le nombre d’anomalies.

Retrouvez le résultat complet de cette étude ainsi qu’une autre étude sur l’analyse statistique des volumes de vente et des prix du BQP sur le site de l’OPMR à l’adresse suivante :

https://www.opmr.re/assemblee-pleniere-du-5-decembre-2024-telechargement-des-documents-presentes-en-seance/

- Un panier à maintenir... et à renforcer -

L’OPMR demande en premier lieu le maintien de la liste de 153 produits pour un prix plafond de 348€. Il demande que cet effort soit poursuivi (en nombre de produits et en qualité, notamment nutritionnelle) et qu’une étude soit diligentée sur la composition de la liste BQP au regard des évolutions de consommation locale et les éventuelles modification à lui apporter.

En complément, l’OPMR demande :

- qu’au moins 2 sous-paniers soient mis en place, comprenant respectivement les produits alimentaires d’une part et les autres produits d’autre part, comme cela est déjà le cas dans les Antilles ;

- le renforcement significatif de la visibilité digitale du BQP ainsi que dans les magasins en s’inspirant des préconisations de l’étude réalisée par le cabinet Echoes pour le compte de l’OPMR ;

- le renforcement de la la visibilité des produits locaux en élargissant notamment l'offre du panier « péi » composé des fruits et légumes de saison à toutes les grandes surfaces incluses dans le dispositif ;

- une association plus étroite de l’OPMR aux négociations conduites par le préfet avec les acteurs de la grande distribution ;

- l’élargissement de la participation aux magasins d’une superficie de moins de 950 mètres carrés de toutes les enseignes participant au dispositif en créant une liste comportant 50 % au minimum des produits de la liste principale, l’objectif recherché étant de permettre à l’ensemble de la population, y compris celles des écarts, de trouver des produits du BQP à proximité ;

- le renouvellement et l’amplification de la campagne de communication sur le BQP en associant étroitement les partenaires de la négociation et l’OPMR;

- l’application de sanctions en cas d’un taux de rupture maximal supérieur à 15 % par magasin et d’une durée de rupture supérieure à plus de 30 jours pour un produit indisponible ;

- une réduction des taux de taxation de TVA et d’octroi de mer dont une partie des recettes pourrait servir au financement des différentes initiatives destinées à renforcer la connaissance et l’accès à l’information sur le BQP (campagne de communication grand public, liste des produits et des prix des produits disponibles en magasin actualisée en temps réel, comparateur de prix, etc) ;

- l’interdiction à titre expérimental des marges arrières sur les produits du BQP qui se traduisent par une plus grande opacité sur la formation des prix et par un effet potentiellement inflationniste sur les prix pour le consommateur final ;

- la dotation du pôle C de la DEETS de moyens nécessaires pour assurer l’ensemble des contrôles liés à la mise en œuvre du dispositif du BQ ;et pour le traitement exhaustif des informations qui lui sont transmises chaque mois par les enseignes ;

- la réalisation d’un bilan intermédiaire du nouveau dispositif afin d’envisager les mesures correctrices à prendre pour améliorer le dispositif sans attendre la fin de l’année.

Enfin, l’OPMR réitère ses demandes d’évolutions réglementaires déjà formulées dans le cadre du CIOM, soit :

- la modification du 1er alinéa de l’article L410-5 du Code de commerce afin de permettre au préfet à fixer lui-même la liste des magasins participant au BQP sans dépendre des résultats de la négociation ;

- le renforcement des pouvoirs de sanction en cas de non-respect des engagements en matière de mise en rayon (affichage, balisage, visibilité, ruptures et substitutions des produits) et de remontée d’informations (prix, volumes de vente, ruptures et substitutions) ;

- la création d’un sous panier « produits alimentaires » avec un sous-plafond de prix au sein de la liste BQP afin d’améliorer la transparence sur les prix et de mieux contrôler l'évolution du prix des produits alimentaires au sein du bouclier qualité-prix ;

- l’intégration de l’OPMR dans la liste officielle des partenaires de la négociation mentionnée dans le 1er alinéa de l’article L410-5 du code de commerce : l’utilité de la participation de l’OPMR aux négociations sur le BQP a été démontrée en 2021 avec la refonte du dispositif qui n’aurait pas été possible sans elle.

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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