Alors que les grandes villes de l'Hexagone sont envahies par les punaises de lit, à La Réunion, les experts de la désinsectisation notent aussi une augmentation des interventions en lien avec ces parasites. Véritable "insecte du voyageur", la punaise de lit est transportée de ville en ville dans les bagages des touristes. Et, une fois bien installée, cela peut devenir un véritable casse-tête pour s'en débarrasser.
"On a noté une recrudescence dernièrement : de un à deux clients par mois, on est passé à cinq à six clients" explique Jérémy Bogaert de l'entreprise Teknix, spécialisée dans les traitements antiparasitaires.
"On a vu le souci se développer dans l'Hexagone ces cinq dernières années, et malheureusement ça risque de se développer aussi à La Réunion" note-t-il. "La punaise de lit est un insecte du voyageur, avec tous les mouvements entre la Métropole et ici, aucun doute qu'on risque de voir le nombre d'infestations encore augmenter" estime-t-il.
Même constat pour Albert Touati, de la société Eden Vert. "En ce moment on note une augmentation des interventions pour punaises de lit. Habituellement, on fait entre deux et quatre interventions dans le mois. Mais depuis quelques temps, on reçoit jusqu'à cinq appels par semaine. Juste pour la semaine dernière, nous sommes intervenus chez trois personnes différentes" souligne-t-il.
Les punaises de lit, réapparues depuis les années 1990, ont infesté plus d'un foyer sur dix en France hexagonale ces dernières années et ce nonobstant le niveau de revenus.
- Ces nuisibles se nourrissent la nuit -
Ces petits insectes de la taille d'un pépin de pomme, qui se nourrissent la nuit, principalement de sang humain, se cachent le plus souvent dans les matelas et les sommiers et sont transportés dans les vêtements et les bagages. Ils se propagent donc au gré des voyages.
Alors que de nombreux voyageurs arrivent chaque jour à La Réunion, la question d'une augmentation des infestations dans l'île se pose donc.
"Malgré quelques déclarations individuelles et ponctuelles liées à la suspicion de punaises de lit, les services de l’ARS n’ont, à ce jour, pas été destinataires d’éléments de confirmation d’infestation de logements, ERP ou quartiers indiquant une prolifération de ces insectes à La Réunion" indique de son côté l'Agence régionale de Santé. Mais si l'on en croit les professionnels de désinsectisation, les foyers réunionnais risquent de devoir se confronter à ce problème s'ils ne font pas attention à leur retour de vacances.
"Malgré les actions de désinsectisation mises en œuvre dans les aéronefs, il ne peut être exclu une arrivée des punaises sur le territoire. L’ensemble des voyageurs est donc invité à mettre en œuvre les recommandations de prudence durant leur voyage et à leur retour" souligne d'ailleurs l'ARS.
Dans ce contexte, ils encouragent à respecter certaines mesures en cas de retour de voyage dans l'Hexagone. "Dans la mesure du possible, je conseille de mettre la valise en extérieur dès que l'on rentre, de laver tout le linge au-delà de 60 degrés - température à laquelle les punaises meurent - et passer à la vapeur la valise" conseille Jérémy Bogaert. "La punaise de lit est un insecte qui se niche dans les vêtements et les litteries, et qu'on ne voit pas forcément, il faut donc agir au plus vite pour éviter la prolifération."
"On peut les attraper partout : dans une salle de cinéma, dans le métro, dans un hôtel…" abonde Albert Touati.
- Mieux faire appel à un professionnel -
Des étapes importantes si l'on souhaite éviter une infestation, qui peut revenir très chère à traiter. Car s'il est trop tard, il vaut mieux faire appel à un professionnel, qui va alors vous proposer plusieurs solutions.
"Le prix va être déterminé par la surface et le nombre de chambres à traiter, cela peut donc varier de 200 à 600 euros par passage dépendant du volume, et du mobilier. Les fourchettes de prix oscillent beaucoup" explique Albert Touati. "Il y a plusieurs méthodes de traitement mais nous utilisons de l'insecticide, dont un bio. D'autres vont traiter à la vapeur."
"C'est tout un protocole, on peut aller jusqu'à cinq passages pour avoir des résultats probants dans les cas les plus extrêmes, car il faut démonter les prises, les plafonniers...Mais généralement deux à trois passages suffisent" détaille-t-il.
Le professionnel a tout de même dû faire face à une situation extrême, qui a nécessité quatre passages. Regardez (sauf si vous êtes phobiques des insectes) :
Il faut aussi noter qu'une partie de la lutte contre ces parasites doit être effectuée par la personne infestée : les entreprises ne prennent pas en charge le lavage des textiles, comme les vêtements, les draps ou encore les rideaux. "L'un des problèmes est que certains vêtements ne supportent pas des températures au-delà de 60 degrés, il faut donc utiliser un produit spécialisé" précise Albert Touati.
Heureusement, sauf dans les cas les plus graves, les meubles peuvent la plupart du temps être sauvés. "On dit souvent de jeter le mobilier, mais les professionnels savent le traiter sans devoir le jeter, sauf dans les cas extrêmes" assure-t-il par ailleurs.
- Un problème sanitaire et socio-économique -
Il est difficile de repérer les punaises de lit car elles peuvent s'insinuer dans les moindres espaces. Cependant, une infestation se constate par la présence de piqûres visibles sur la peau, souvent en rang d'oignon ou groupées, la présence de déjections des insectes, ou encore la présence de grandes et longues traces de sang sur les draps, dues à l'écrasement des punaises pendant la nuit par la personne infectée.
Elles ont coûté 230 millions d'euros par an aux ménages français entre 2017 et 2022, selon un récent rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Dans un rapport de près de 300 pages publié mercredi, l'Anses livre pour la première fois des données sur l'impact sanitaire mais aussi socio-économique de ces nuisibles.
Premier enseignement: contrairement à une idée reçue, la présence de punaises de lit chez soi ne traduit pas un manque de propreté. Tout le monde peut être victime d’une infestation à son domicile.
"C'est un phénomène totalement indépendant du milieu social", insiste auprès de l'AFP Karine Fiore, adjointe à la direction des sciences sociales, économiques et sociétales à l’Anses.
En revanche, le niveau de revenu est un facteur de persistance de l'infestation car la lutte peut s’avérer très coûteuse: 866 euros en moyenne par foyer, alloués à diverses mesures de lutte, au premier rang desquelles des mesures de nettoyage et des traitements.
- La peur d'être stigmatisés -
Au-delà du coût de la lutte, les victimes ont parfois peur d'être stigmatisées, ce qui peut les empêcher d’en parler et de mettre en place des actions rapides pour éviter la dispersion des punaises, souligne l'Anses.
Pour y remédier, l'Agence plaide pour la mise en place d'un mécanisme de déclaration obligatoire et l'accompagnement des particuliers par une prise en charge financière, a fortiori pour les ménages à faibles ressources.
Si les lésions cutanées sont les manifestations les plus fréquentes consécutives aux piqûres, l'infestation par les punaises de lit peut aussi entraîner différentes conséquences psychologiques voire psychiatriques (troubles du sommeil, anxiété, sentiment de panique, etc...), souligne le rapport.
Lire aussi : Les punaises de lit, petites bêtes mais grands traumas
- Demande d'un plan d'action -
Ces dernières semaines, des usagers de plusieurs lieux publics de région parisienne, comme la zone d'attente de l'aéroport de Roissy, y ont dénoncé la présence de ces insectes.
Au lendemain de la demande par la mairie de Paris au gouvernement d'un plan d'action sur le "fléau" des punaises de lit et à moins d'un an des JO, le gouvernement a annoncé vendredi une réunion la semaine prochaine avec les opérateurs de transport pour "agir davantage" contre ces insectes et "protéger" les voyageurs.
La mairie de Paris a réclamé jeudi au gouvernement "un plan d'action" contre les punaises de lit, en s'alarmant d'une "recrudescence importante" de cette espèce parasite. La mairie souhaite notamment l'organisation d'"assises de la lutte contre les nuisibles".
"Il faut que l'Etat réunisse urgemment l'ensemble des acteurs concernés afin de déployer un plan d'action à la hauteur de ce fléau alors que la France entière s'apprête à accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024", a écrit Emmanuel Grégoire (PS), premier adjoint de la maire Anne Hidalgo, dans une lettre à la Première ministre Elisabeth Borne.
La présidente des députés de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot, a elle aussi réclamé vendredi un plan d'urgence pour endiguer le "fléau" des punaises de lit. C'est "un enfer" vécu "par des millions de gens qui ne savent pas comment s'en débarrasser", a-t-elle averti.
www.imazpress.com avec l'AFP
Attention, les professionnels à la Réunion vont vous dire ok, on vient traiter votre logement... mais il faut d'abord faire le constat de la présence réelle de punaises de lit !
Oulala on retourne dans les années 1960 !!! Rien que de voir la vidéo mon corps me démange !
dans la vidéo vous avez vu l'état du matelas /