À La Réunion, tous les deux jours, environ 1 nouveau-né va développer un trouble du neuro-développement lié à une alcoolisation foetale, selon l’estimation du centre ressource Troubles du spectre de l’alcoolisation foetale de La Réunion. Le 9 septembre, journée internationale de prévention des troubles du spectre de l’alcoolisation foetale (TSAF) participe à sensibiliser la population, les futurs parents comme l’entourage à cette problématique évitable. (Photo photo Sly/www.imazpress.com)
Boire de l’alcool pendant la grossesse peut entraîner de nombreuses complications pour le foetus : retard de croissance, malformations physiques mais aussi troubles cognitifs et comportementaux comptent parmi les Troubles du Spectre de l’Alcoolisation Foetale.
Aucune consommation d’alcool aussi faible soit-elle, ne peut être considérée sans risque depuis le projet de grossesse jusqu’à l’allaitement.
Malgré cela, 11% de femmes déclarent avoir consommé de l'alcool pendant leur grossesse (chiffre probablement sous-estimé), et 21% n’ont pas été informées des risques encourus par le foetus en lien avec leur consommation d’alcool.
- Tous solidaires et investis autour de la grossesse -
Si les campagnes d’information s’adressent souvent à la future mère, il est important de souligner le rôle de l’entourage : les déterminants de la consommation d'alcool sont multiples, et l'environnement en fait partie (précarité économique, contexte social et familial défavorables, culturel…).
Famille et amis occupent par conséquent un rôle important pour accompagner les futurs parents et leurs consommations.
- Les recommandations à la future mère -
S’abstenir de consommer toute boisson alcoolisée depuis le projet de grossesse jusqu’au terme de l’allaitement. Il n'est jamais trop tard pour arrêter la consommation d'alcool pendant la grossesse.
Si le zéro alcool est compliqué, une orientation vers le centre ressources et un CSAPA2 peut être proposée. La diminution de la consommation constitue déjà une étape.
- Les recommandations au futur père -
Le Professeur Bérénice ROY DORAY, Professeur de génétique au CHU de La Réunion et Directrice du Centre Ressources TSAF sensibilise sur le fait que « l’alcool va agir au niveau du patrimoine génétique. Selon les mêmes mécanismes que les perturbateurs endocriniens, l’alcool va perturber l’expression de gènes qui sont dans les spermatozoïdes ».
C’est pourquoi, les messages de prévention actuels peuvent comporter la recommandation de ne pas boire d’alcool dès le désir de grossesse, et concernent les deux futurs parents.
- Les recommandations à l’entourage -
La convivialité, le contexte et l’entourage jouent un rôle important dans les modes de consommation. Conjoint, famille, amis et même collègues sont invités à soutenir les futurs parents. Pour ce faire, ils peuvent rivaliser de créativité ou simplement appliquer quelques principes :
- remplacer les « apéros » par d’autres formes de convivialité : jeux, concerts, promenade, brunch, cinéma...
- préparer des bases de cocktails pouvant se boire avec ou sans alcool
- ne pas insister pour servir de l’alcool et en éviter toute question indiscrète. Certains couples essaient d’avoir un enfant ou souhaitent rester discrets sur la grossesse durant les trois premiers mois.
- Les principaux acteurs à La Réunion -
Le Centre Ressources pour des Troubles du Spectre de l'Alcoolisation Foetale
Il a été créé en 2016, dans le cadre du plan d'action régional de prévention et de prise en charge des TCAF proposé par l'ARS La Réunion, en partenariat entre le CHU de La Réunion et la Fondation Père Favron.
Il a pour missions :
• le développement des connaissances sur les TSAF à La Réunion en lien avec l’ARS La Réunion, le CHU et l’Université de La Réunion
• la diffusion des connaissances sur les TSAF (formation des professionnels, information-sensibilisation du grand public…)
• l’organisation de la filière de dépistage et de diagnostic des TSAF. Nouveauté 2022 : la mise en place d’une équipe mobile d’appui TSAF, chargée du suivi de parcours des enfants et adolescents atteints par des TSAF ou qui ont été exposés à l’alcool in utero, contribuant au diagnostic et en proposant des préconisations pour une prise en charge adaptée
Le fil d'ARIAAN
Portée par l’Association Addictions France, cette équipe mobile a pour mission d'accompagner les femmes enceintes ou les femmes avec un désir de grossesse qui ne parviennent pas à stopper leur consommation d'alcool ou qui ont bu pendant leur grossesse.
La prise de contact avec les éducatrices du Fil d'ARIAAN se fait généralement sur orientation par des professionnels de santé. Elles peuvent aussi être contactées directement.
Qui est SAOME
Basée à La Réunion, SAOME est le Centre de ressources et d’expertise sur les usages et addictions. Son objectif : promouvoir la santé par la prévention, la réduction des risques et des dommages, l’accompagnement, la formation et la recherche dans le champ des usages et addictions. Ceci en s’appuyant au préalable et de façon transversale sur l’observation, et en prenant appui sur des dynamiques de communication. SAOME conduit différentes missions confiées par l’ARS La Réunion mais également par d’autres institutions, que ce soit en régions (ARS Mayotte, Préfectures Réunion et Mayotte, Région Réunion) ou au National (MILDECA, Santé Publique France, Ministère de l’Outre-Mer).
Ses activités déclinent quatre orientations stratégiques, interactives et complémentaires :
• Favoriser la synergie partenariale entre les acteurs du territoire oeuvrant à La Réunion et plus largement, dans l’océan Indien,
• Au développement des compétences,
• Contribuer au déploiement d’une expertise, à la recherche et au développement, L’élaboration et à la mise en oeuvre des politiques publiques.