Au risque de tout perdre

Assurance habitation : à La Réunion près d'un logement sur trois n'est pas assuré

  • Publié le 14 février 2025 à 11:13

Après le passage du cyclone destructeur Chido à Mayotte, le ministre de l'intérieur expliquait que 90% de la population vivant à Mayotte n'était pas assurée pour leurs habitations. À La Réunion, également fortement exposé aux aléas climatiques, la question de l’assurance habitation est tout aussi cruciale. Pourtant, une partie des logements demeure encore non assurée, dans un contexte de dérèglement climatique où se pose la question même de l'assurabilité dans les territoires ultramarins. (Photo : www.imazpress.com)

"On considère qu'environ 30 % des logements réunionnais ne sont pas couverts par une assurance habitation". C'est le constat réalisé par Dominique Robert, directeur général de l’Union financière d’assurance (UFA).

En effet, contrairement aux véhicules terrestres à moteur, il n’existe aucune sanction pour l’absence d’assurance habitation. Seule la responsabilité civile est indispensable pour couvrir les dommages qui peuvent être causés à autrui.

"Si mon pot de fleur tombe sur la tête de quelqu'un ou si mon arbre tombe sur le mur du voisin, ma responsabilité en tant que propriétaire ou locataire peut-être engagée", explique Dominique Robert. 

Si le chiffre de 30% de logements non assurés reste important, les professionnels du secteur considèrent que le chiffre s'améliore et que la prise de conscience des risques progresse sur l'île.

Par ailleurs, les contrats multirisques habitation (MRH) incluent désormais automatiquement une garantie catastrophe naturelle. Cette protection est devenue essentielle alors que les événements climatiques extrêmes tendent à se multiplier à l'échelle mondiale. Mais encore faut-il y souscrire.

- Un cadre réglementaire strict et des obligations pour les professionnels -

Les acteurs de l’immobilier jouent également un rôle clé dans la sensibilisation à l'importance d'être couvert par une assurance habitation.

Thibault de La Raitrie, secrétaire général de la FNAIM OI, explique : "Nous avons la responsabilité de veiller à ce que les propriétaires et locataires renouvellent leurs assurances. Dans certains cas, nous pouvons même souscrire une assurance pour un propriétaire récalcitrant et lui facturer."

Les professionnels peuvent également exiger la preuve d’une assurance habitation avant une location. Toutefois, la mise en demeure reste le seul moyen de contraindre un propriétaire non assuré.

Cette situation peut s’avérer problématique pour les particuliers, qui ne bénéficient pas de recours similaires face à leurs propriétaires. Autre problématique rencontrées par les professionnels de l'immobilier et leurs clients : les délais d'indémnisation.

- Des indemnisations parfois longues et une hausse des coûts -

En cas de catastrophe naturelle, la procédure d’indemnisation peut s’étirer sur plusieurs mois. "L’enquête prend du temps, et les remboursements sont priorisés en fonction de la gravité des sinistres", explique Thibault de La Raitrie.

Un toit arraché sera ainsi traité avant des dommages matériels plus légers. "Je conseille, en cas de sinistre, de relancer son assurance, de demander l'état d'avancement des expertises et de réclamer les expertises", explique le secrétaire général de la FNAIM OI.

Les assurés doivent aussi composer avec une hausse régulière des primes, à savoir le prix que le preneur d’assurance doit payer pour pouvoir bénéficier de la couverture d’assurance en cas de sinistre. 

"Malheureusement, il n'y a que l'augmentation des prix pour faire face à la multiplication des risques naturels, assure Dominique Robert. La branche catastrophe naturelle est extrêmement déficitaire", poursuit l'assureur.

Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, la taxe sur la garantie catastrophe naturelle a ainsi été relevée de 12 % à 20 % en France. Cette augmentation reflète un déficit structurel du secteur, qui peine à couvrir les indemnisations.

- Un impératif face à la multiplication des risques -

"Aujourd'hui, les risques naturels sont une très grosse préoccupation pour les ultramarins. C'est une vraie préoccupation pour les assureurs aussi, explique Dominique Robert. Les événements se répètent. Des questions se posent sur l'assurabilité même dans les DOM-TOM", conclut le directeur général de l'UFA.

Les professionnels du secteur s’accordent sur un point : ne pas souscrire d’assurance habitation est une erreur.  "Les risques vont continuer d’augmenter. Ne pas s’assurer, c’est prendre le risque de tout perdre", avertit Dominique Robert.

Dans un contexte où le réchauffement climatique amplifie les phénomènes météorologiques extrêmes, la couverture assurantielle devient un enjeu de plus en plus pressant à La Réunion.

Et Thibault de La Raitrie de conclure : "Ce n'est parfois que lorsque l'on perd tout, et qu'il est déjà trop tard, que l'on mesure combien il est important de dépenser quelques dizaines d'euros par an dans une assurance".

pb/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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4 Commentaires
Seb
Seb
1 semaine

Heureusement qu'on a d'autres sources d'informations comme TF1, pour s'informer et d'arrêter d'être des moutons. La mairie de Lille propose des assurances aux locataires, le maire de mon ancien village, négociait des tarifs de fournisseurs de gaz, des achats groupés.
Assurance habitation : des prix négociés par la ville pour les familles - Journal de 20 heures | TF1 https://search.app/GYjr2mXL7S6DFBEeA

Mondon
Mondon
1 semaine

Ça vous étonne ? Moi pas du tout. Les Assurances habitations augmentent tous les ans et nos revenus sont gelés. Idem pour le loyer qui augmente en Janv et Mars de la même année. Idem pour les charges, etc. Dans des logements dits "sociaux". Les locataires doivent payer les rénovations.
Il n'y a pas de règlementations à la Réunion. Nous devons payer les gabegies de Macron. RÉVOLTANT. INADMISSIBLE.

Lucie
Lucie
1 semaine

L’Etat prend en charge les réparations des particuliers non assurés à Mayotte, alors pourquoi s’assurer?

Pierrot 974
Pierrot 974
1 semaine

Monsieur Thibault de la Raitrie, dites-moi vite qui est l'assureur où "on ne paie que quelques dizaines d'euros".
J'y courrai en laissant tomber mon assurance actuelle !
Stop à l'intox ! Et il serait bon de rappeler que les assureurs sont des commerçants, et nullement des gens qui vous veulent du bien. Leurs tiroirs-caisses sont grand ouverts, mais seulement pour l'argent qui y entre. Le faire ressortir est une tout autre histoire.