Le torchon brûle entre adhérents et administrateurs

Rien ne va plus au Groupement de défense sanitaire : la présidente mise en demeure

  • Publié le 5 février 2024 à 02:59
  • Actualisé le 5 février 2024 à 09:16

Depuis 1988, existe le Groupement de défense sanitaire de La Réunion (GDS), une association qui a vocation à garantir la qualité sanitaire des cheptels locaux. Mais si l'association perdure depuis autant d'années, ces derniers temps, elle traverse une vaste tempête. Le 3 novembre 2023, s'est tenue l'assemblée générale du GDS et alors que le conseil d'administration ne compte plus que trois personnes contre neuf en temps normal, l'ensemble des adhérents ont voté contre toutes les délibérations. Difficultés financières, problème de gérance ? Plusieurs problèmes sont pointés du doigt. Le préfet s'est d'ailleurs saisi de l'affaire et a mis en demeure la présidence du Groupement d'agir, sous peine de devoir prendre des décisions. En clair… rien ne va plus (Photo : rb/www.imazpress.com)

Le jour de l'assemblée générale, le conseil d'administration – composé de seulement trois membres – "a essayé de faire approuver le prévisionnel de 2023 alors qu'on était en novembre. Même les comptes de 2022 n'ont pas été approuvés", témoigne un adhérent.

Ce que déplorent plusieurs adhérents c'est que "malgré les alertes à l'État, la DAAF (direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt), le Département, personne ne bouge".

"Nous ce que l'on demande c'est une assemblée générale extraordinaire pour dégager le conseil d'administration et mettre en place des personnes légitimes, alors que celles en place sont totalement désavouées par les éleveurs", indique l'éleveur. "On demande de reprendre la main, d'avoir quelqu'un de compétent à la tête", ajoute l'adhérent.

De leur côté, l'État et le Département "ont eu vent de difficultés financières".

"Le préfet et la DAAF connaissent les difficultés du GDS et les suivent très attentivement. L'État agit sur cette situation dans le respect de ses compétences et de ses prérogatives", indiquent les services de la préfecture.

- Le Groupement de défense sanitaire en pleine crise -

"Depuis plusieurs années, le GDS traverse un gouffre financier", confie un éleveur adhérent à Imaz Press, pointant du doigt l'ancien administrateur du groupement.

Mais si depuis un an la main a été passée à une nouvelle administratrice, également éleveuse, rien ne s'est arrangé. "Cela fait plus d'un an qu'on alerte les services de l'État en disant que le groupe est au bord de la faillite avec plusieurs milliers d'euros de dettes."

Des problèmes financiers tels que "des fournisseurs ne sont pas payés, des vétérinaires ne peuvent plus travailler, il n'y a plus de matériel".

Des soucis qui impactent également l'activité des éleveurs et la filière animale en général. "Quand on a un cadavre sur un élevage, le groupement met quatre à cinq jours pour venir le récupérer." "Tout cela parce que les camions font trop de kilomètres, sont en panne, parce que les effectifs sont réduits."

Et si les comptes ne sont pas approuvés, "il y aura un sérieux problème pour obtenir les subventions de l'Europe".

- Le Préfet met en demeure la présidente du GDS -

Le 26 novembre 2023, une mise en demeure a d'ailleurs été envoyée à l'attention de Yolaine Soucane, actuelle présidente du Groupement de défense sanitaire.

Dans ce document il est indiqué, "la situation de fragilité récurrente de (sa) structure remet en cause sa capacité réelle à mener à bien en tant qu'organisme à vocation sanitaire les missions déléguées par l'État".

"À l'occasion notamment de la participation de mes services aux dernières assemblées générales de votre structure, il a été constaté la persistance d'une incapacité à justifier d'un fonctionnement garantissant la représentation équilibrée des plus de 1.000 adhérents de votre groupement. Indépendamment de cet aspect, les services ont constaté l'impossibilité à votre dernière assemblée générale du 3 novembre dernier de validation des décisions qui ont été proposées au vote de vos adhérents, à vos obligations" écrit la préfecture.

Le préfet concluant sa mise en demeure en déclarant : "en l'absence de mise en conformité à l'expiration du délai fixe je pourrais décider de la suspension pour une durée ne pouvant excéder deux mois ou le retrait de la reconnaissance concédée à votre groupement".

Une mise en demeure qui court jusqu'au 28 avril 2024.

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- La présidence se défend -

De son côté, la présidente du Conseil d'administratif, Yolaine Soucane explique que "les difficultés que rencontre la structure GDS actuellement sont à deux niveaux : structurel et politique".

"Au niveau structurel, nous connaissons tout comme différentes organisations professionnelles agricoles et sûrement d'autres structures également, des difficultés liées au changement des modalités sur l’attribution des aides départementales et européennes qui entraînent une dégradation de nos résultats économiques et qui nous imposent des restrictions, notamment le gel des salaires de nos collaborateurs qui sont pourtant en dessous de ce qui se pratique dans notre environnement agricole. Cette situation entraîne donc des crispations au niveau de l’ambiance générale", poursuit Yolaine Soucane.

"Au niveau gouvernance, j’ai repris la présidence depuis un an dans ce contexte structurel compliqué. Durant cette année écoulée j’ai été confrontée à des départs de mes collègues administrateurs pour des raisons variées (retraite, soucis de santé, orientation professionnelle différente)."

"On a aussi eu une dégradation du climat de travail du Conseil d'administration due à un administrateur qui n’adopte pas un comportement constructif, mais plutôt une attitude de défiance et de mise sous pression vis-à-vis de ses collègues ainsi que sur les salariés. Se greffe à cela le positionnement d’un responsable syndical agricole qui malgré son passé peu glorieux et sa méconnaissance de la structure jette le discrédit sur le GDS, mais qui se prépare surtout aux élections de la chambre d’agriculture dans un an", ajoute l'actuelle présidente du groupement de défense sanitaire.

"En ce qui concerne nos finances, nous avons informé le Département de nos difficultés de trésorerie dues au retard de paiement des subventions et leur avons demandé une audience pour leur expliquer la situation du GDS et préparer au mieux les années futures", poursuit-elle.

- Dans l'attente d'un nouveau Conseil d'administration -

Malgré cette situation, "nous avons continué à travailler pour la pérennité du GDS avec la mise en place d’un plan de relance en juin 2023 ce qui nous a permis de faire progresser différents secteurs de la structure, et je salue l’engagement de tous dans la réussite de ce plan. Nous restons cependant très fragiles au niveau trésorerie du fait du paiement de nos aides trop longtemps après avoir engagé les frais et donc préfinancés", déclare Yolaine Soucane.

"Cependant, je suis confiante vis-à-vis des partenariats locaux et nationaux qui permettront de ramener le GDS sur le chemin de la réussite, toujours dans la préoccupation première de servir nos adhérents en veillant sur le statut sanitaire de nos animaux et contribuer au développement de l’élevage local", conclut Yolaine Soucane.

La présidente précise d'ailleurs qu'un courrier a été envoyé aux adhérents pour leur demander de candidater afin de devenir administrateur. À ce courrier, la présidente a reçu plusieurs candidatures d'adhérents de différentes productions, nous informe Yolaine Soucane.

"Dans un souci de transparence et pour qu'on ne puisse pas nous reprocher de choisir les administrateurs à coopter, nous avons décidé de nous faire aider par une commission d'évaluation (GDS France, DGAL, Chambre d'agriculture). Ils vont nous faire parvenir prochainement leurs conclusions sur la composition idéale de notre Conseil d'Administration."

"Les trois administrateurs encore en poste pourront alors coopter de nouveaux administrateurs pour que nous puissions continuer à travailler pour nos adhérents selon les statuts en vigueur et en répondant aux critères de représentativité des productions imposés par notre statut d'Organisme à Vocation Sanitaire", ajoute la présidente.

"Et bien sûr, nous continuons nos missions pour veiller sur la santé des animaux et apporter nos conseils et prestations à nos adhérents."

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
LOD
LOD
5 mois

La traite-animale est une calamité ; 1ère source de violences à l'encontre des animaux, des éleveurs #tspt #suicides,des voisinages et des consommateurs, de gaspillages, de famines, écocides, pandémies, maladies, réchauffement climatique... 100.000.000.000 (100 milliards d'animaux victimes chaque année dans le monde, sans compter les 1500 milliards d'animaux marins), tout ça pour moins de 20% de la ration alimentaire mondiale, et afin de produire laits et œufs, alors même qu'il s'agit des 2 plus répandus allergènes-intolérances alimentaires ; depuis des millénaires les philosophes, scientifiques et religions implorent de manger végétarien mais sans succès ; maintenant l'ONU, OMS, FAO, GIEC s'y mettent parce que l'abolition au profit d'une alimentation végétale devient notre unique espoir de conserver la Terre habitable dans un monde où les ressources à profusion deviennent illusoires et ne permettent plus d'entretenir ce drame.

LOD
LOD
5 mois

La traite-animale est une calamité, LA calamité des calamités ; 1ère source de violences à l'encontre des animaux, des éleveurs #tspt #suicides et des voisinages, des gaspillages inconséquents, des famines, écocides, pandémies, maladies, réchauffement climatique... 100.000.000.000 (100 milliards de victimes par an dans le monde, sans compter les 1500 milliards d'animaux marins), tout ça pour moins de 20% de la ration alimentaire mondiale, et afin de produire laits et oeufs, alors même qu'il s'agit des 2 plus répandus allergènes ; depuis des millénaires les philosophes, scientifiques et religions implorent de manger végétarien mais sans succès ; maintenant l'ONU, OMS, FAO, GIEC s'y mettent parce que l'abolition au profit d'une alimentation végétale devient notre unique espoir de conserver la Terre habitable dans un monde où les ressources à profusion deviennent illusoires et ne permettent plus d'entretenir ce drame.

Martin
Martin
5 mois

"Coopter", tout est dit. Et ça paye combien, président du GDS? et les jetons de présence des administrateurs?