Inflation

Boulangerie-pâtisserie : des baguettes plus chères, des gâteaux plus petits et de plus coûteux

  • Publié le 10 janvier 2023 à 07:30
  • Actualisé le 10 janvier 2023 à 14:17

En France, l’inflation ralentit en décembre à 5,9 % sur un an selon les chiffres de l’Insee. Pourtant, alors que l’on va acheter notre pain et nos petits croissants le matin, le prix à la caisse a augmenté et de plusieurs euros. Si, à l’inverse de l’Hexagone, la faute n’est pas à l’électricité, la raison est celle du coût des matières premières en forte augmentation. (Photo Baguettes de Pain photo RB imazpress )

De bons croissants plus chers, des éclairs et tartes à prix élevés, une baguette à plus d’un euro… Toutes ces hausses de tarifs n’ont pas échappé à la population réunionnaise. Et la taille réduite des pâtisseries non plus.

« Lé vrai, toute zafèr la ogmanté de 2 euros. », déclare une internaute. « Je suis passée dans une boulangerie que je connais bien et c’est vrai que les gâteaux habituels ont pris effectivement trois euros et que la taille a été réduite par deux. ». « C’est exagéré, maintenant manger deviendra un luxe », déclare une autre internaute.

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- Des entreprises à deux doigts de mettre la clé sous la porte -

« En ce qui concerne notre entreprise, la hausse importante du tarif des matières premières n’a pas été répercutée sur nos tarifs », précise Mélanie Dartier de la boulangerie "La Gourmandise Créole" à Saint-Paul.

« La baguette ordinaire, la baguette de tradition française et nos pains maison n’ont pas subi d’augmentation depuis un an », ajoute-t-elle. Pour exemple, la baguette ordinaire est à 0,90 centimes, la baguette maison à 1,10 euro et la baguette tradition française au levain naturel est à 1,20 euro.

Pour la part de pièce montée créole, idem. « Le tarif n’a pas augmenté depuis huit ans alors que le tarif du beurre s’envole », explique-t-elle.

Ne pas appliquer d’augmentation tarifaire a un impact sur la boulangerie-pâtisserie. « C’est un choix de notre part mais malheureusement aujourd’hui l’entreprise rencontre d’importantes difficultés financières et nous doutons que notre entreprise soit viable encore très longtemps », confie, désabusée, Mélanie Dartier.

« Nous avons repris l’entreprise il y a bientôt quatre ans, quelques mois après la crise Covid arrivait et depuis la reprise la situation va de mal en pis », déclare la responsable de la boulangerie "La Gourmandise Créole".

Mélanie Dartier le sait, avec la hausse de l’inflation, l’avenir de son entreprise se noircit. « Avec le pouvoir d’achat qui s’amenuise les clients veulent du pas cher et préfèrent pour une grande partie acheter leurs viennoiseries et leurs pains en industriel. » « Ce n’est pas très réjouissant pour ce métier de l’artisanat français », déplore-t-elle.

À Sainte-Marie, dans la boulangerie bio "Au coin du levain", "les taxes ont augmenté, tout comme le prix des matières premières". "Sur 2022, je n'ai pas répercuté l'augmentation des matières premières sur les produits vendus en boulangerie. J'ai rogné les marges", nous explique le gérant. "Mais pour garantir la pérennité de l'entreprise, je dois ajuster les prix en 2023", ajoute-t-il. Par conséquent, "le pain et les viennoiseries vont voir leur prix augmenter, nécessairement. Je vais calculer au plus juste pour limiter l'impact sur les clients".

Mais la raison de tout cela est-ce vraiment la guerre en Ukraine ? "On est dans un contexte d'inflation. En 2022, les récoltes de blé étaient moins bonnes en France. De plus, dans le contexte mondial de la guerre en Ukraine, il y a eu une spéculation sur le prix des céréales en particulier et sur beaucoup de matières premières en général", explique le gérant d'"Au coin du levain".

"En tant qu'artisan transformateur de ces matières premières nous subissons l'augmentation sur nos produits. S'est ajouté à ça le dérèglement du transport maritime suite au Covid-19 avec des retards/annulations et augmentation des prix." À cela s'ajoute la crise énergétique. "Maintenant, la crise énergétique fait augmenter à nouveau les coûts de production pour tous nos fournisseurs de métropole."

Dans cette boulangerie aux produits 100% bio, les matières premières sont déjà entre 30 et 50% plus chères que les mêmes en conventionnel. "Les prix de mes produits sont donc forcément plus chers que les autres boulangeries. Pain de meule : 8,4€/kg Pain mélanzé aux graines : 13€/kg Croissant : 1,5 euros."

À l'"Atelier du Pain" à Saint-Denis, "sur les matières premières le prix ne cesse d'augmenter, plus de 30% sur l'année 2022", indique le gérant. "Rien qu'au niveau de la farine, nous venons actuellement d'être informé qu'à partir de janvier une nouvelle augmentation va encore être appliquée", dit-il, désabusé.

"Nous avons essayé de maintenir nos prix pour ne pas pénaliser nos clients sur l'année 2022, mais malheureusement avec les nouvelles augmentations nous avons dû augmenter nos tarifs sur tous les produits au 1er janvier, afin de ne pas trop impacter notre trésorerie qui est déjà mise à mal puisque nous ne faisons plus de bénéfices", souligne-t-il. Pour exemple, la baguette est passée de 1 euro à 1 euro 10.

- Boulanger, une profession frappée de plein fouet -

Le secteur de la boulangerie-pâtisserie a énormément souffert de l’augmentation des prix. « Au cours de l’année 2022, notre secteur a subi de fortes turbulences au niveau tarifaire », indique Norbert Tacoun, président de la Fédération des boulangers-pâtissiers de La Réunion.

« Si le prix de la baguette et autres produits de boulangerie a évolué, il faut tenir compte de plusieurs paramètres », dit-il. « Fin 2021, le beurre a augmenté de 40%, entre fin 2021 et fin 2022, la farine a augmenté de plus de 30%, sans compter les produits annexes », souligne Norbert Tacoun.

https://www.youtube.com/shorts/KcYLGEw_54Q

Outre ces matières premières dont le prix a flambé, le matériel qu’utilise ces artisans a lui aussi connu une hausse considérable. « Le matériel de production a pris plus 15%, les pièces détachées plus 50%, et encore quand c’est disponible. » Ajouté à cela les salaires qui ont augmenté de 5% en 2022.

https://www.youtube.com/shorts/rxiTMUL68Ms

En ce qui concerne l’énergie, si la facture des boulangers de métropole est particulièrement salée, à La Réunion, « le choc est moins violent ». « Les prix ici sont règlementés. Pour une fois le monopole a du bon », ajoute le président de la Fédération des boulangers-pâtissiers de La Réunion. « Cependant, beaucoup de boulangers utilisent du gasoil non routier pour les fours et le prix de ce carburant a augmenté de 70% », note Norbert Tacoun.

Pour le président de la Fédération des boulangers-pâtissiers de La Réunion, « ces paramètres montrent bien que les prix ne peuvent pas rester fixes ». « Les prix sont bien sûr libres mais chaque professionnel est obligé de respecter sa logistique économique », termine-t-il.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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