À cause de Belal

Vous recherchez désespérément des bouteilles d'eau et du riz... ils reviennent la semaine prochaine

  • Publié le 2 février 2024 à 06:32
  • Actualisé le 2 février 2024 à 09:56

Où sont passées les bouteilles d'eau plate péi ? Où sont passés nos sachets de riz si sacrés pour un bon cari ? En tout cas… nombreux se le demande. Dans les supermarchés, les stations essences ou encore dans les lieux de restauration, difficile d'en trouver. La faute à Belal pour deux raisons. La première, lors de l'annonce du cyclone, les Réunionnais se sont rués sur les stocks comme l'on fait lors de la saison cyclonique. Deuxième raison, les coupures d'électricité ont mis au ralenti les usines de La Réunion. Mais patience, le retour à la normale est prévu dans les prochaines semaines (Photo sly/www.imazpress)

À La Réunion, une jeune maman a fait plusieurs supermarchés et appelé plusieurs stations avant de trouver "le" pack. "J'ai un petit garçon qui boit du lait pour bébé et malgré les réserves d'eau que j'avais faite pour le passage du cyclone – avec une grande famille ça part vite", dit-elle.

Résidant à Sainte-Marie, elle a fait plusieurs grandes enseignes dans son secteur… mais rien. Elle décide d'appeler une station à côté de chez elle. Non plus. Privilégiant l'eau en bouteille pour son bébé, elle en appelle une autre située sur le boulevard sud et là enfin, il reste un seul pack. "Le vendeur a été très gentil et m'a mis le pack de côté le temps d'arriver", raconte-t-elle, soulagée.

Dans chaque enseigne qu'elle a pu faire, la seule réponse des personnes en caisses ou des gérants : "On ne sait pas encore quand on va être réapprovisionné". Que cela soit pour l'eau plate en bouteille ou le riz.

- Les usines d'eau ont repris leur production -

Imaz Press a donc décidé de contacter les marques directement concernées pour savoir pourquoi il n'y a plus d'eau ni certaines sortes de riz et quand ça reviendra.

"Après le cyclone Belal, le groupe détenant les marques Bagatelle, Australine et Edena s'est retrouvé dans l'impossibilité de produire suite à des problèmes techniques", explique la Cilam (Compagnie laitière des Mascareignes).

"Cela a donc fait peser sur Australine la nécessité de servir la demande de l'ensemble des points de vente de l'île."

"Les besoins en eau ont été très importants (avant et après le cyclone) ; avant, suite aux messages passés aux usagers de se stocker en eau, et après, notamment lié au fait que certaines communes n'avaient pas d'eau potable (Le Tampon, St Joseph…"), ajoute l'entreprise.

"Nos livraisons se sont donc principalement portées sur les magasins de la grande distribution de ces communes, sur les jours qui ont suivi le cyclone."

"Notre site de production n'ayant pu produire normalement du 15 janvier au 18 janvier - date du retour de l'électricité - la totalité des stocks disponibles a été expédiée à l'ensemble de nos clients", poursuit la Cilam.

Mais actuellement, l'entreprise le dit. "Nous sommes actuellement en train de monter en capacité de production mais durant encore une à deux semaines, des perturbations devraient persister dans la continuité des approvisionnements des points de ventes de l'île."

La direction d'Edena que nous avons également contacté indique elle avoir "recommencé la production d’eau ce jeudi 25 janvier 2024 sur notre ligne principale. Nous espérons dès lors pouvoir commencer à réapprovisionner progressivement les magasins et les clients à partir de février, afin d’envisager un retour à la normale".

- La totalité des gammes de riz dans les rayons dans les prochaines semaines -

Si l'eau plate en bouteille manque à l'appel, certaines sortes de riz tels que le riz luxe ou demi-luxe également – obligeant même certaines communes à revoir leurs menus de cantine.

La raison, encore Belal et les fortes pluies qui ont endommagé le réseau électrique, mettant à l'arrêt certaines usines.

"Nous avons réduit partiellement et transitoirement notre offre depuis le passage du cyclone", confirme Patrick Barjonet, directeur général de Soboriz.

Un cyclone qui a "endommagé nos installations industrielles. Cette situation nous a conduit avant tout à préserver l’intégrité de nos stocks de matières premières pour garantir la conformité de nos produits finis et offrir à nos clients des produits à la fois sains et répondant à leurs attentes".

"Cette phase de préservation nécessite d’usiner cette matière première en priorité, même si elle ne correspond pas forcément aux besoins immédiats du marché. Nous avons ainsi usiné en quantité des produits finis de certaines variétés en laissant de côté d’autres variétés dont les stocks étaient "sécurisés"", ajoute le directeur général. 

C’est le cas par exemple de certaines références de riz Basmati Le Forban (basmati Traditionnel ou Basmati Extra Long grains).

Selon les informations de Patrick Barjonet, "cette situation se résorbe progressivement et nous devrions pouvoir offrir la totalité de notre gamme dans les semaines à venir".

"Il est important de noter que notre niveau de vente a été particulièrement élevé sur le mois de janvier, dépassant les valeurs habituelles rencontrées en début d’année", ajoute-t-il.

Autre riz qui manque, ceux venant de l'Hexagone, indique Soboriz. "Manifestement nos confrères et concurrents font également face à des problématiques pour fournir leurs clients. Dans la mesure où 50% du riz commercialisé à la Réunion est du riz d’importation (produits usinés et conditionnés dans les pays d’origine) la source de leur problème est sans aucun doute différent."

Plusieurs explications sont connues. La désorganisation du fret maritime impacte les voies d’approvisionnement de la Réunion, même pour les flux en sortie d’Asie. On constate effectivement des délais de transport rallongés et surtout de grosses difficultés à obtenir de la place disponible sur les porte containers.

Le récent renforcement des contrôles sur le riz par les autorités peut les amener à refuser certains lots non-conformes, créant mécaniquement des ruptures d’approvisionnement pour les opérateurs concernés (nous avons appris par exemple qu’en fin d’année dernière un lot de 300 tonnes de riz basmati a été rejeté par la douane pour cause de non-conformité, contraignant l’importateur à renvoyer la totalité de marchandise vers son pays d’origine).

La forte augmentation des cours du riz depuis quelques mois rend le "sourcing" beaucoup plus compliqué. Le prix de cette matière première s’étant envolé, certains opérateurs peinent à trouver des lots rapidement pour répondre à leurs besoins.

"Quoi qu’il en soit, à ce stade, il n’y a pas lieu de craindre une quelconque pénurie de riz pour le marché réunionnais. Pour ce qui concerne Soboriz, nos stocks de matières premières sont confortables et permettront de répondre aux besoins habituels des consommateurs (c’est tout l’intérêt d’être un industriel local)", précise Patrick Barjonet.

- Les collectivités avaient anticipé les pénuries -

Moins d'eau plate, de riz… une situation qui n'impacte pas les collectivités.

"Des dispositions ont été prises au niveau du Département, suite à la décision du Préfet de mobiliser un container de bouteilles d'eau en transit à La Réunion. Ainsi 30.000 litres d'eau en bouteille vont être distribués dans 28 collèges afin de subvenir aux besoins et constituer des stocks en vue de futurs possibles aléas climatiques", précise le Conseil départemental.

"Ces 28 collèges ont été choisis dans les secteurs les plus exposés aux coupures d'eau et les plus isolés. A savoir essentiellement : l'est, le sud et les Hauts. Cela représente donc en moyenne 700 bouteilles de 1.5 litre par collège."

La distribution a commencé cette semaine sur deux sites de la collectivité dans le sud et dans l'est.

Au Tampon, ville fortement impactée par les coupures et les fortes pluies, "la cellule "Restauration scolaire" de la Direction des écoles ne rencontre pas de difficulté quant à l'approvisionnement en eau embouteillée". "Nous sommes attentifs aux communiqués de Sudéau tant pour les coupures d'eau ou à la mauvaise qualité de l'eau au robinet."

Dans ce cas, le protocole de distribution d'eau embouteillée est appliqué tout au long de la journée d'école (récréation, pause méridienne) pour la consommation des élèves et parfois même en unités de production pour la préparation des repas.

"Nous avons en stock une quantité suffisante de palettes d'eau pour faire face aux imprévus et sommes, pour le moment, régulièrement livrés par notre fournisseur", ajoute la commune.

"En interne, nos chauffeurs font le point quotidiennement avec les responsables de réfectoire des 41 écoles du territoire communal pour s'assurer des quantités restantes sur chaque site et les réapprovisionner autant que besoin", poursuit la mairie du Tampon.

À La Possession, pour les écoles, "nous avions anticipé la commande de bouteilles dès la levée de l'alerte rouge. De plus, nous avons pu récupérer quelques palettes arrivées en même temps que le Ministre de l'Intérieur".

Ainsi "nous avons pu fournir en eau les écoles de Mafate et de Dos d'Ane sans difficulté".

- Attention à votre consommation d'eau -

Pour les personnes qui n'ont plus de réserve en stock, reste donc l'eau du robinet. En ce sens, l'Agence régionale de santé rappelle les recommandations.

Lorsque l’eau revient au robinet après une coupure, elle peut ne pas être potable durant plusieurs heures. Les coupures et remises en eau successives peuvent en effet engendrer une dégradation de la qualité de l’eau avec un risque pour la santé des consommateurs.

Aussi, l’ARS La Réunion recommande à la population, notamment aux personnes fragiles (personnes âgées, enfants…) de faire attention durant la première demi-journée suivant la remise en eau :

- ne pas utiliser l’eau pour la boisson, la préparation des aliments/repas et des glaçons, le lavage des dents,
- préférer la consommation d’eau embouteillée,
- utiliser l’eau du robinet uniquement pour les usages non-alimentaires (ménage),
- concernant le stockage d’eau pour un usage alimentaire : utiliser des récipients propres, fermés et équipés d’un robinet pour préserver la qualité de l’eau. L’eau conservée en dehors d’un réfrigérateur doit être renouvelée quotidiennement pour éviter qu’elle ne s’altère, compte tenu de la disparition du chlore.

Il est demandé aux habitants des secteurs concernés d’être vigilants aux messages et informations qui sont diffusés.

Recommandations suite aux fortes pluies

Lors de fortes pluies, la qualité de l’eau peut se dégrader. Il convient de rester attentif aux messages et informations diffusés par le distributeur de votre réseau d’eau.

En fonction de la vulnérabilité de votre réseau de distribution d’eau, il est recommandé de :
- boire de l’eau embouteillée,
- ou porter l’eau du robinet à ébullition pendant au moins 3 minutes avant consommation.

L'eau du robinet peut toutefois être utilisée pour tous les autres usages sanitaires (toilette, wc, lavage...).

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
0 Commentaires