Dans quelques jours, s’ouvrent à La Réunion plusieurs sessions de formation à la culture du chanvre CBD. Objectif, faire en sorte que notre île devienne une nouvelle terre de culture pour ce produit particulièrement plébiscité pour ses vertus bénéfiques pour la santé. Un vrai challenge pour les futurs planteurs. Un vrai plus pour l’économie locale (Photo www.imazpress.com)
À La Réunion pour l’heure, il existe très peu de cultures chanvre CBD. L’une d’elle, appartient à l’entreprise LKL, qui ne veut pas dévoiler le lieu de son implantation Depuis quelques mois, et après autorisations de la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DAAF), de la Chambre d’agriculture et de la gendarmerie, le gérant de la petite entreprise, agriculteur certifié bio, cultive le chanvre.
"C’est assez compliqué et assez technique", nous explique-t-il. "Il y a des procédés à mettre en place par rapport au photopériodisme (la durée entre le jour et la nuit - ndlr)." "À La Réunion on a plusieurs problématiques avec l’humidité et l’ensoleillement", ajoute le planteur. Mais à force d’ingéniosité il y est arrivé. Il ne dira pas comment.
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Une fois semées, les plantes mettent environ six mois pour atteindre leur maturité. Une fois la culture prête, l'agriculteur cultive la fleur et procède à sa manucure. Une étape de traitement du cannabis qui a pour but de se débarrasser des feuilles et des branches excédentaires.
C’est là que se pose la question du taux de THC (tétrahydrocannabinol). En France, le seuil est fixé à 0,3%. Au-delà, le produit à base de CBD est considéré comme un stupéfiant. "Nous avons fait des tests en laboratoires. Les scientifiques nous disent si le taux entre dans le cadre légal", explique le gérant de LKL. Il commercialisera sa production de chanvre CBD tout prochainement dans une enseigne de Saint-Pierre.
Vedran Kapetanovic, le gérant de La Kaz CBD, compte mettre en vente les fleurs brutes, mais pas seulement. Avec le reste des fleurs, l'entrepreneur a créé une bière locale à base de CBD, brassée à l'Entre-Deux.
Concernant les prix, ils sont certes un peu plus cher, "mais on s'y retrouve", nous dit-il. "L'avantage d'un produit local c'est qu'il n'a pas pris l'avion et qu'il n'y a pas de frais de douanes à payer."
- La filière chanvre vue d'un très bon oeil -
D'ici quelques mois, et si les formations prodiguées par la Chambre d'agriculture aboutissent, d'autres agriculteurs pourraient eux aussi commercialiser leurs cultures de CBD dans les enseignes locales. Un futur partenariat avec les commerces de CBD de l'île, qui ravit les entrepreneurs.
Pour Loïc, gérant de Ti Flèr Bonèr à Saint-Louis, "c'est une bonne chose pour plusieurs raisons. Chez nous, le but est d'être en mesure de proposer un maximum de produits à base de CBD conçus à La Réunion, afin de favoriser le développement d'une filière chanvre locale de qualité et donc de proposer les meilleurs tarifs à nos clients, qui, pour le moment, subissent les octrois de mer, créant une réelle différence de prix avec la métropole".
Pour David Meyer du Coin Bourbon Détente, "nous nous fournissons déjà exclusivement chez des agriculteurs français, pour la qualité de leurs produits et pour soutenir la filière du chanvre français. Donc ce sera naturellement que nous nous fournirons au plus proche, chez des agriculteurs réunionnais, avec qui nous sommes d'ailleurs déjà en contat".
"Il est très intéressant d'avoir des produits locaux et le maximum", souligne Jérôme Dalloz, gérant de iZi CBD. "Cela permet de développer les circuits courts, favoriser l'emploi et réduire nos émissions de CO2 en faisant moins de fret aérien", ajoute-t-il.
Martial Albet, gérant de Kannaboutik à Saint-Pierre, voit également d’un très bon œil l’implantation de culture de cannabis à fleur à La Réunion. "C’est une bonne chose parce que cela peut faire une filière supplémentaire", dit-il.
Le vendeur du Sud, qui a déjà fait l’expérience de production de fleurs et de graines de CBD en Espagne et au Portugal le sait, le challenge sera grand pour les producteurs péi. "La concurrence est dure, notamment avec les Suisse et les Italiens qui ont énormément d’avance sur nous et pour lesquels les prix sont très attractifs."
Toutefois, les commerces se posent une question, celle de savoir si le sol réunionnais sera suffisamment fertile pour les cultures. "Le chanvre a une grosse tolérance à différents facteurs comme les températures, mais c’est une plante qui n’aime ni l’acidité, ni être gorgée d’eau."
Pour Lionel Stutzmann, gérant de CB D'eau à Saint-Denis, la formation est une bonne chose car "il faut que la filière se développe". Il se demande tout de même si cela va fonctionner. "Je ne sais pas si les variétés du catalogue européen prennent en compte les contraintes du climat local."
Ce qu'il craint, est que les prix ne soient pas compétitifs. "À l'heure actuelle il y a des leaders comme l'Italie et la Suisse qui sont très pointus dans le domaine et pour lesquels la main-d'œuvre coûte moins cher."
Reste donc à savoir si les agriculteurs cultiveront leurs plants en pot, sous serre ou dans la terre.
Autre problèm soulevé par Martial Albet, gérant de Kannaboutik, "les plants de zamal sauvages". "Le soucis d'obligation de cultures hermétiques par rapport au zamal est la pollenisation et donc la formation de graines dans les fleurs qui le rendrait non commercialisable", dit-il.
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Toutefois, commercialiser du CBD ne se fait pas à la légère. Certes on peut en retrouver dans les stations-service, les tabacs et les commerces, mais il y a une règlementation à respecter.
Les extraits de chanvre, ainsi que les produits qui les intègrent, doivent avoir une teneur en THC qui n’est pas supérieure à 0,3%. A défaut, ils relèvent de la politique pénale de lutte contre les stupéfiants.
Le CBD (cannabidiol), qui est un cannabinoïde non psychoactif, est donc considéré comme légal s’il est utilisé à des fins non médicinales et que son taux de THC est inférieur à 0,3 %.
Les produits qui contiennent du CBD tels que les huiles, les bonbons, les tisanes, les crèmes ou encore les e-liquides peuvent être vendus sur le sol français, dès lors qu’ils respectent la teneur en THC en vigueur.
Un taux qui sidère les enseignes qui vendent du CBD. "En France la règlementation est trop restrictive et obsolète. Dans les autres pays le taux est fixé à 1% de THC", note Lionel Stutzmann, gérant de CB D'eau.
Pour le gérant, "il faudrait que tout le monde s'uniformise, ce qui laissera plus de possibilités aux chanvriers pour faire quelque chose de qualitatif". 0,3% pour le gérant de CB D'eau, "c'est dommage parce qu'au niveau olfactif et au niveau thérapeutique c'est fade".
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Depuis l’autorisation définitive par le Conseil d’État le 29 décembre 2022 de la vente de fleurs et de feuilles de chanvre cannabidiol, la culture de chanvre CBD pourrait représenter une opportunité de diversification intéressante pour les agriculteurs et notamment à la Réunion.
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En effet, « la vente de fleurs, tisanes, cosmétiques ou huiles de CBD est un marché en expansion », indique la Chambre d’agriculture de La Réunion. « L’Association Française des Producteurs de Chanvre estime que plus de 85 % du CBD vendu en France est importé. Cela représente un marché de plusieurs dizaines de millions d’euros à conquérir pour les agriculteurs français et réunionnais. »
Pour répondre à la demande sur cette filière de production innovante, la Chambre d’agriculture Réunion en partenariat avec l’association Chanvre Réunion organise la dernière semaine d’avril une formation « Se diversifier avec la culture de chanvre CBD ».
"Le but de ces formations est de s’approprier la règlementation et de connaître les principales semences pour cette culture", précise Benjamin Coudriet, président de l’association Chanvre Réunion. «"Il faut savoir suivre les directives techniques précises au niveau de la récolte car c’est tout un process. Il y a la manucure, le séchage et la transformation de la fleur brute"
Pour ce faire, un conseiller technique de la Chambre d’agriculture sera présent pour accompagner les agriculteurs.
Dates et lieu des formations :
- mercredi 26 avril à Saint-Pierre
- jeudi 27 avril à Saint-Denis
- vendredi 28 avril à Saint-Benoît
Contact : 02 62 94 25 94 – formation@reunion.chambagri.fr
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Il aurait été plus judicieux de faire de la culture pour nourrir la population quand on sait le nombre de tonnes de fruits qui entre a la Réunion. Avoir plus de vergé, planter du manioc patate douce est plus intelligente que le zamal. Au lieu de sa plantez du chanvre pou sa vibre puis ouvrez un usine pour tisser le textile. Moins coûteux et plus écologique que le coton. Et plus de travail perin pour ceux qui voudront s'y mettre.
Vendu légalement dans ttes les stations services. Néanmoins c'est un délit de conduire en ayant consommé du cbd. Les tests sont positifs même après deux jours sans en avoir consommé. Ce sont toujours les mêmes qui se font contrôler et toujours les mêmes qui passent à travers les goûtes.
Précison et correction.
La nécessité de faire une culture dans un site hermétique est d'éviter la pollenisation par des pollens extérieurs qui formerait des graines dans des fleurs qui seraient alors non commercialisables à l'état brut.
Petite correction imaz press, le soucis d'obligation de cultures hermétiques par rapport au zamal est la pollenisation et donc la formation de graines dans les fleurs qui le rendrait non commercialisable.
déjà pour une culture normale de fruits et légumes, les spécialistes sont là pour aider la nuit les agriculteurs à récolter............alors là l'aide sera grande, très grande.
Ça va dans le bon sens !