Une cinquantaine d'emplois créée, une croissance qui s'essouffle

Ce qu'il faut retenir de l'étude sur l'impact économique de la nouvelle route du littoral

  • Publié le 16 décembre 2016 à 05:00

Stéphane Foucault, Directeur de l'Agence française de développement (AFD) à La Réunion, Thierry Beltrand, Directeur de l'Institut d'émission des DOM (IEDOM) à La Réunion, et Valérie Roux, Directrice régionale de l'Insee La Réunion-Mayotte, présentaient, ce jeudi 15 décembre 2016, les conclusions d'une étude menée dans le cadre du partenariat Cerom (Comptes économiques rapides pour l'outre-mer) sur les retombées économiques du chantier de la route du littoral. Quatre pages de synthèses et 20 pages de diapositives où se succèdent chiffres, graphiques et observations. Mais, plus on avance dans la lecture du document, plus le nombre d'emplois directs créés diminue...On passe de 3000 à 250 entre 2011 et 2014, pour arriver.... à 50 en 2015. Ce chiffre figure au milieu de la page 3: "le chantier de la NRL a généré au final très peu de créations nettes d'emplois directs en 2015 : une cinquantaine environ".

Les retombées de ce chantier, qui "représente un investissement conséquent d’1,7 milliard d'euros, s'échelonnant de 2011 à 2019", sont les suivantes, selon la publication Cerom :

Une cinquantaine d'emplois "nets" et "directs"créés en 2015

Concrètement, l'étude détaille que si des emplois sont liées au chantier, les créations d'emploi, elles sont peu nombreuses. En bref, oui, des gens travaillent sur ce chantier, mais il n'a pas généré une vague de recrutements supplémentaires.

Entre 2011 et 2013, l'étude estime que "la phase de préparation technique et administrative mobilise peu les entreprises réunionnaises: moins de 250 salariés sont concernés". Pour expliquer ces chiffres, la publication précise que "plus d’un tiers des dépenses ont concerné des études commandées en métropole".

Puis, en 2014 et 2015, "le chantier et ses retombées économiques représentent environ 3000 emplois directs, indirects et induits par an. Toutefois, les créations nettes d’emplois sont limitées: moins de 250 emplois au total en 2014 et 2015".

Dans le détail, l'étude précise qu'en 2014, sur le 900 salariés qui travaillent directement sur le chantier, "la majeure partie d’entre eux travaillaient déjà dans ces mêmes entreprises, avant d’être redéployés sur le chantier de la NRL. Ainsi, seulement 200 personnes supplémentaires ont été recrutées en 2014 pour les besoins du chantier".

À ces 900 salariés directs, s’ajoutent 1800 emplois indirects et induits. Au final, pour un emploi direct, le chantier de la NRL génère deux emplois indirects ou induits. Les emplois indirects concernent notamment le secteur du transport, dont l'acheminement des roches. De leur côté, les emplois induits sont liés aux dépenses de consommation des ménages.

En 2015, les travaux mobilisent 3 100 salariés directs, indirects ou induits. "Pour un emploi direct, deux emplois indirects ou induits sont comptabilisés, comme en 2014, précise l'étude.  Le chantier de la NRL a généré au final très peu de créations nettes d’emplois directs en 2015 : une cinquantaine environ. Toutefois, le chantier de la NRL a pu permettre de sauvegarder des emplois présents dans les entreprises avant le démarrage des travaux, sans que l’étude ne puisse les chiffrer précisément".

Chaque année, entre 2016 et 2019, "le chantier représenterait 3600 emplois directs, indirects ou induits, dont 1 100 mobilisés directement sur le chantier". Et à partir de 2019, ce seront plutôt des emplois moins qualifiés.

 

L'impact positif sur la croissance se fait sentir en 2014, puis s'essoufle

Entre 2011 et 2013, la contribution à la croissance "est proche de zéro". "En 2014, le chantier démarre et les retombées économiques sont immédiates. D’après une modélisation de l’économie réunionnaise, il est à l'origine d’un tiers de la croissance cette année-là". En 2014, la croissance réunionnaise est de 3,1%, contre 0.7% en 2013.

Pourtant, "l'effet chantier" retombe dès 2015,  où "sa contribution à la croissance est moindre", soit 0,2 point en 2015 sur une croissance estimée à 2,8 %, du fait d'un ralentissement des investissements.

En 2016, les 147 millions d’euros supplémentaires d’investissement en 2016 par rapport à 2015 constituent un acquis de croissance de 0,7 point de PIB pour cette année là. En revanche, à partir de 2018, les investissements pour le chantier de la NRL diminueront et sa contribution à la croissance deviendra négative.

 

Une création de richesse globalement minée par les importations

"Les entreprises œuvrant sur le chantier et l’activité induite dans toutes les branches de l’économie réunionnaise produisent 164 millions d'euros de valeur ajoutée en 2014", soit une somme "inférieure aux 209 millions d’euros investis au total en 2014, car les entreprises doivent importer des matières premières (roches, acier, clinker...), des machines (grues, bigues, pelles mécaniques, etc.) et des véhicules utilitaires nécessaires au chantier. Ces importations représentent ainsi 82 millions d’euros en 2014, soit 1,7 % des importations réunionnaises cette année-là", souligne l'étude.

Néanmoins, le chantier permet de verser 91 millions d'euros de salaires, soit 1 % des rémunérations versées sur l'île en 2014. Par effet d’entraînement, ces salaires profitent au reste de l’économie, avec des dépenses de consommation associées s’élevant à 58 millions d’euros. En 2015, on parle de 104 millions d’euros de rémunérations, distribués aux ménages... soit 42 euros de salaires pour 100 euros investis.  Néanmoins, l'étude précise que les salariés travaillant sur le chantier perçoivent en moyenne un salaire nettement supérieur à celui du secteur du BTP à La Réunion, probablement en lien avec la forte spécialisation de certains métiers (scaphandriers, spécialistes des forages en mer, etc.) et du travail de nuit et du weekend.

Le pic d'activité est programmé en 2016 et 2017, et c'est donc à ce moment là que les retombées économiques pourraient être les plus importantes. Entre 2016 et 2019, 291 millions d’euros seraient ainsi investis en moyenne chaque année pour poursuivre les travaux de la NRL. La valeur ajoutée induite par le chantier s’élèverait en moyenne à 217 millions d’euros par an. Un peu plus de la moitié de cette richesse serait reversée sous forme de rémunérations et stimulerait ainsi la consommation des ménages à hauteur de 75 millions d’euros par an...Mais ces sommes seraient encore une fois utilisée pour les importations : 118 millions d'euros par an sur la période 2016-2019, selon le Cerom. "Au final, le chantier impacterait le niveau du PIB de 980 millions d’euros, soit en moyenne 245 millions d’euros par an".

Néanmoins, l'étude estime, pour conclure, que si le chantier coûte plus cher que prévu, cela aura un impact positif sur la création de richesse. "Dans un rapport publié en janvier 2014, la Cour des comptes envisage l'hypothèse d’un dépassement du budget initialement prévu pour le chantier".Ainsi, s'il est de 300 millions d’euros, cela porterait l’investissement total à 2 milliards d’euros. "En incluant ce dépassement, entre 2016 et 2019, le PIB en valeur augmenterait en moyenne de 310 millions d’euros par an au lieu de 245 millions d’euros"

 

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guest
8 Commentaires
CHABAN
CHABAN
7 ans

Et cela étonne !?
A la fin du chantier (si on arrive au bout)..... Rebelotte..... On va bétonner où ? Piton des neiges ? Plaine des sables ?

On nous prend pour des imbéciles !

Ps les secrétaires du secrétariat de la pyramide sont de retour ?

pffffff
pffffff
7 ans

Enfin les vérités sur l'imposture de ce président et de son entourage il suffit d'écouter son discour sur Fillon il y a 2 mois et celui de maintenant

Nelson
Nelson
7 ans

Il demander des comptes aux principales entreprises qui ont eu les gros et juteux marchés! La responsabilité leur incombe! Sans compter les fermetures, et périodes de suspension du secteur! Clairement, ils nous prennent pour des cons!

Jeff
Jeff
7 ans

Et bien oui à la réunion nous avons une école maritime qui forme des jeunes marins et la route du littoral embauche des letoniens et estoniens comme marin logique non ?

Ludovic
Ludovic
7 ans

Il demander des comptes aux principales entreprises qui ont eu les gros et jeuteux marchés! La responsabilité leur incombe! Sans compter les fermetures, et périodes de suspension du secteur! Clairement, ils nous prennent pour des cons!

Vive Didier Robert
Vive Didier Robert
7 ans

Très beau chantier, les rétombées économiques se verront également une fois la route livrée où à ce moment là il n'y aura plus de coupures .... de bascullements ....

Grand merci à Didier Robert et toute son équipe pour avoir eut l'audace de lancer un tel chantier.

Kate
Kate
7 ans

il faut reconnaître que sans ce chantier il y aurait 2000 chômeurs supplémentaires.

Sacré Thierry !!!
Sacré Thierry !!!
7 ans

Merci Thierry Robert, grâce à toi il y a encore plus de chômeurs .... Si les carrières déjà ouvertes il y aurait moins de chômeurs...
Sacré Thierry, tu me feras toujours autant rire, par contre les chômeurs devraient s'inquiéter de ton acharnement à les empêcher de travailler..