Longtemps réservée aux milieux les plus aisés, la consommation de cocaïne est de plus en plus répandue dans les milieux populaires. À La Réunion, plus de 200 personnes ont été prises en charge dans les services d'addictologie pour une dépendance à la cocaïne en 2024. Ils sont commerçants, cadres, ouvriers, étudiants, sans emploi… de tout corps de métier et de milieux différents. Deux d'entre eux ont accepté de témoigner. En cette période de fêtes, "pouvant être propice aux consommations à risque", il est important de sensibiliser. (Photo : www.imazpress.com)
Derrière l'image faussement festive du "rail de coke", se cache une tout autre réalité. Des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes qui ont sombré dans l'addiction pour avoir pris de la cocaïne en pensant échapper aux tracas quotidiens.
Si la consommation augmente, l'arrivée de ces produits à La Réunion - notamment par le biais de mules - pose aussi question. Les chiffres indiquent une hausse à la fois des saisies de produits stupéfiants et des infractions à la législation sur les stupéfiants depuis quelques années et en particulier pour la cocaïne.
- L'euphorie et la dépression, le cycle infernal de la cocaïne -
Pierre* est lui un ancien consommateur de crack. C'est lors de rassemblements avec ses amis pour se reposer, que le trentenaire a commencé à en prendre. "On était ultra somnolent", dit-il, expliquant que les effets du crack (cocaïne basée, composée de poudre additionnée d'un produit basique, chauffé pour être inhalé).
La "cocaïne c'était plus récréatif. On achetait un gramme et en une journée tout y passait". Avec sa dose, Pierre "se sentait hyperpuissant".
Mais il confie, "la descente est compliquée et ça nous met en état de dépression". Un climat addictif qui s'est développé quand les choses n'allaient pas bien dans sa vie.
Un jour, "je me suis retrouvé dans un squat, en descente de crack avec deux côtes cassés", confie Pierre. "Le fait d'être dans une déchéance de moi-même a déclenché quelque chose", indique le jeune homme. Une situation qui l'a poussé à arrêter le crack et à diminuer sa consommation de cocaïne.
Désormais, Pierre est suivi plusieurs fois dans l'année par des professionnels du service d'addictologie du CHU, à la fois pour des problèmes de drogues mais également de consommation d'alcool.
S'il n'a pas totalement arrêté d'en prendre, il avoue "des fois je dis oui mais je ne vais pas péter une crise si je n'en ai pas".
*son prénom a été modifié
- "La cocaïne me détruit" -
Jonathan a 36 ans. Actuellement hospitalisé au service addictologie du CHU Nord, c'est il y a six ans que le Réunionnais plonge dans la cocaïne.
"Au début j'ai commencé en soirée. Moi je ne prenais pas cela mais mes amis qui en prenaient m'ont dit vas-y. J'ai pris une trace et là ça a commencé," témoigne-t-il à Imaz Press.
Si au début sa consommation était occasionnelle – une fois par mois – après une rupture il y a trois ans, "je suis tombé dedans presque tous les jours, seul dans ma chambre". "Je prenais environ 3 à 5 grammes, couplé à des litres d'alcool", confie-t-il.
"Ça m'arrivant souvent de prendre deux bouteilles de vodka, la cocaïne, faire nuit blanche et aller au travail le lendemain", indique Jonathan. "La coke efface tout effet notoire des autres substances que l'on peut prendre."
Avec cette drogue, Jonathan se sentait "en pleine forme".
Mais derrière cette sensation d'apaisement, "c'est une descente aux enfers. On se retrouve sans rien, on se coupe de tout, on vend ce que l'on a, on fait des crédits". "La cocaïne me détruit."
Hospitalisé depuis, c'est grâce à son patron et à sa volonté qu'il se retrouve là. "C'est lorsque je me suis embrouillé avec lui que je lui ai expliqué ma situation. Il m'a aidé et du coup j'ai demandé à être suivi", explique l'homme de 36 ans.
Mais se sevrer n'est pas chose simple. "Quand je suis arrivé le jeudi et comme j'avais consommé le mercredi je ne sentais pas le manque mais lundi j'ai commencé à ressentir et à être nerveux", dit-il.
"Heureusement on est bien suivi, on a des médicaments, les personnels sont à l'écoute." Toutefois, la peur de replonger n'est jamais loin.
"Je veux sortir de cette démarche, tirer un trait là-dessus et changer de vie", lance Jonathan.
- La dépendance à la cocaïne : un phénomène sous-estimé -
La cocaïne exerce une emprise psychologique plus forte sur l’individu que les autres drogues. L’occasion devenue addiction entraîne de graves troubles psychologiques et des risques physiques accrus.
La consommation de cocaïne peut entraîner de nombreuses complications sévères pouvant aller jusqu'au décès : troubles neurologiques (AVC), cardiologiques ou vasculaires (infarctus), détresse respiratoire majeure, décompensation psychiatrique .... Les effets somatiques associés à la prise de cocaïne peuvent apparaître dès la première prise ou pour un usage même occasionnel.
Les modes de consommation de la cocaïne vont également favoriser la propagation de maladies infectieuses. En effet, les usagers vont souvent partager le matériel pour "sniffer" la cocaïne (billet de banque, carte bancaire, paille ...) avec un risque important de transmission de certaines maladies : VIH, hépatites ...
Toutefois, "il n'existe pas de traitement de substitution pour les personnes dépendantes", explique le Docteur David Mété, chef du service addictologie au CHU Nord.
Un sevrage et un travail thérapeutique de longue durée sont les clés préventives d’une rechute.
- Les addictions ne sont pas une fatalité -
Dans l'île, plus de 200 personnes ont été prises en charge dans les services d'addictologie (hospitaliers ou CSAPA) pour une dépendance à la cocaïne en 2024 (+20% en 3 ans) ;
En moyenne, 5% des personnes accompagnées par les services d'addictologie, le sont pour une consommation de cocaïne (motif d'accompagnement principal ou consommation secondaire)
Plus de 30 patients suivis pour une consommation de crack en 2024 (0 en 2022).
Toute personne peut être un jour confrontée à une perte de contrôle d'une consommation de stupéfiants. L'addiction à la cocaïne n'est pas une fatalité. À La Réunion, des professionnels de santé, des structures ou des associations proposent un accompagnement spécifique à chaque situation.
Les interlocuteurs privilégiés :
• son médecin ou un autre professionnel de santé de confiance ; ce professionnel saura donner les premières clés et pourra orienter vers des spécialistes des addictions.
• les spécialistes en addictologie (hospitalier et centres de soin) :
- Services d'addictologie du CHU à Saint-Denis et Saint-Louis,
- Consultation d'addictologie du CHOR à Saint-Paul,
- Service d'addictologie du GHER à Saint-Benoît,
- Les CSAPAs à Saint-André, Saint-Denis, Le Port, Saint-Paul, Saint-Pierre (portés par Addictions France) et à Saint-Paul (porté par Kaz Oté)
• L'association d'entraide : Les Maillons de l'espoir
Retrouvez toutes les coordonnées à La Réunion sur le site de Masante.re (ARS)
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Cela fait plusieurs fois que j entends.parler de cette histoire.. Pourriez vous indiquer le lieu du mariage svp?
RÉFLEXION
L’argent de l’héroïne, de la cocaïne et autres poisons jouent un rôle essentiel dans le déroulement de conflits où s’interpénètrent intérêts financiers et politiques locaux et extérieurs.
L’argent de la drogue a sauvé les banques pendant la crise mondiale dès 2009 que 352 milliards de dollars de recettes criminelles ont été efficacement blanchis par des institutions financières.
La drogue à aussi un pouvoir régulateur de la population mondial et un des meilleur moyen d’asservissement et l'expédient non négligeables des cacocraties.
bravo ,bel article ,bon pour la prevention et pour faire comprendre les dangers et la realités aux consommateurs! vivez la vie evitez la coke!
Récemment, une dame, ayant servi dans un mariage de la côte Ouest, me disait:
Vers la fin du repas, on été déversés des pochons de poudre blanche dans les récipients à punch...
Je ne sais pas ce que c'était, mais les invités ont tous changé de tête, et d'attitude, dans les cinq minutes qui suivirent. Ils n'étaient pas beaux à voir...
Hier soir, plage de Boucan, en faisant ma marche quotidienne, j'ai croisé un chauffeur d'une grosse et puissante berline allemande, au volant, sur la route amenant vers l'hôtel, qui sniffait en conduisant...
Suivi de près par deux jeunes en gros scooter, qui se frottaient frénétiquement le nez, les deux!!!
Y'en a partout....
Dans tous les milieux, et chez les gens aisés, c'est légion...
On dit Le Réseau Oté!. La Kaz Oté! 'avec un point d'exclamation) est le lieu d'accueil avec un CARRUD et un CSAPA, un service prévention