Une maladie potentiellement mortelle

Coqueluche : le virus de retour à La Réunion, appel à la vigilance et à la vaccination des nourrissons

  • Publié le 24 mai 2024 à 18:40

La coqueluche fait son retour à La Réunion. Depuis le début de l'année, sept cas ont été enregistrés contre seulement 4 cas sur toute l'année 2022 et 2023. Il faut savoir qu'une personne malade peut en contaminer jusqu'à 17. À Nice, dans le sud de l'Hexagone, un nourrisson de trois semaines est décédé de cette maladie. Une reprise de la circulation du virus contre lequel l'Agence régionale de santé de La Réunion recommande la vaccination, notamment chez les tout petits (Photo : www.imazpress.com)

L'une de nos internautes – qui nous a alerté sur la reprise de cette maladie par son médecin – a d'ailleurs attrapé la coqueluche. "Comme symptôme j'ai eu une toux assez espacée, sans rien d'autre pendant les cinq premiers jours."

"Après j'ai eu une toux asphyxiante avec réflexe vomitif pendant sept jours et puis une toux qui n'était plus asphyxiante mais beaucoup plus fréquente avec toujours des vomissements et le nez bouché", explique-t-elle.

"À La Réunion, 7 cas ont déjà été signalés depuis le début de l’année contre 4 pour toute l’année 2023 et pour 2022", précise l'Agence régionale de santé (ARS).

"Même si le nombre de cas est en hausse comparé aux années précédentes, nous ne pouvons pas encore parler à ce stade, de recrudescence des cas de coqueluche", ajoute l'agence de santé.

- Une maladie très contagieuse -

"Il s'agit d'une maladie infectieuse très contagieuse, qui se transmet de personne à personne, au cours de la toux ou d’éternuements", explique l'ARS.

L’expression clinique de cette maladie est variable selon les personnes et leur âge. "Chez le nourrisson de moins de trois mois, elle peut se présenter sous forme de coqueluche maligne (détresse respiratoire, défaillance polyviscérale)" note l'ARS.

"La coqueluche peut être grave, voire mortelle chez les nourrissons qui ne sont pas encore protégés par le vaccin (la vaccination doit avoir lieu à 2 mois et à 4 mois et doit être suivie de rappels ultérieurs dont un à l’âge adulte)", indique l'Agence régionale de santé.

Chez l’adulte, elle peut se présenter sous forme de coqueluche atypique (toux sans cause évidente, persistante ou s'aggravant au-delà d'une semaine) ou prendre la forme d’une simple rhinopharyngite. 

La période d'incubation peut aller de sept jours à trois semaines. La coqueluche se traduit par une faible fièvre avant de se manifester par une toux caractéristique. Si la toux est modérée au début, elle évolue vers de violentes quintes. Comme le souligne Ameli Santé, les accès de toux peuvent provoquer des spasmes et la respiration se complique.

Les patients peuvent avoir un visage bouffi, rouge ou bleuté. Certains patients souffrent également de vomissements conséquents à la toux. Dans certains cas, la toux peut aussi causer l'éclatement des petits vaisseaux autour des yeux.

"En fin de quinte de toux, le malade reprend sa respiration par une grande et longue inspiration, accompagnée de l'émission d'un son aigu (appelé chant du coq). Il émet avec difficulté un crachat clair et épais", illustre le site institutionnel.

- La vaccination, seul moyen de protection -

Il existe un traitement par antibiotiques (macrolides") à prendre dans les trois premières semaines de l'évolution de la maladie. Ce dernier "permet de réduire rapidement la contagiosité et d'autoriser le retour en collectivité après cinq jours de traitement (ou trois jours si le malade est traité avec l’azithromycine)", précise l'Agence régionale de santé.

Afin de limiter la propagation de la maladie sur l’île, le meilleur moyen de se protéger reste la vaccination.

La vaccination présente un triple intérêt.  Elle permet d’éviter d’attraper cette maladie très contagieuse.

Elle permet aux mères vaccinées pendant la grossesse de transmettre des anticorps et de protéger ainsi leurs nourrissons de moins de six mois, à un âge où ils ne sont pas protégés ou incomplètement protégés par leur propre vaccination.

Elle permet à l’entourage des nouveau-nés de diminuer le risque de transmission de la coqueluche aux nourrissons de moins de six mois, quand leurs mères n'ont pas été vaccinées pendant la grossesse (cocooning).

"La maladie n’étant pas immunisante, on peut attraper plusieurs fois la coqueluche, d’où l’utilité de faire, au cours de la vie, les rappels recommandés", souligne l'ARS.

La vaccination contre la coqueluche est obligatoire chez tous les nourrissons, nés à partir du 1er janvier 2018, à partir de 2 mois. C’est la gravité potentielle de la coqueluche chez le nourrisson qui justifie de commencer les vaccinations dès l’âge de 2 mois.

Les rappels doivent se faire à 11 mois, 6 ans, et entre 11 ans et 13 ans.

La vaccination est recommandée pour les mères pendant la grossesse et à chaque grossesse de préférence entre la 20ème et la 36ème semaine après les dernières règles.

Elle doit être envisagée pour les personnes non vaccinées au cours des dix dernières années, et en particulier pour :

- les membres de l’entourage familial (frères et sœurs, conjoint, grands-parents, baby-sitters…) d’une femme enceinte, si celle-ci ne s’est pas faite vacciner pendant la grossesse ou si elle s’est faite vacciner moins d’un mois avant l’accouchement ;

- la mère venant d’accoucher si elle n’a pas été vaccinée pendant la grossesse, même si elle allaite son enfant.

Chez l'adulte, le rappel se fait à 25 ans : une dose de vaccin combiné contenant le vaccin contre la coqueluche (sauf en cas de vaccination contre la coqueluche qui date de moins de 5 ans). Si ce rappel n’a pas été effectué à 25 ans, il peut être fait n’importe quand entre 26 et 39 ans.

Certaines professions doivent effectuer des rappels de vaccination contre la coqueluche comme :

- les personnels soignants, y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les personnels soignants en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois
(travaillant dans des maternités, des services de néonatologie et de pédiatrie) sont concernés en priorité ;

- les personnels de la petite enfance dont les assistantes maternelles et les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting ;

- les étudiants des filières médicales et paramédicales.

- Appel à la vigilance -

En dehors de nos frontières, l'Europe connaît actuellement une recrudescence de cas de coqueluche avec des épidémies importantes en Croatie, au Danemark ou au Royaume-Uni et des hausses significatives en Belgique, Espagne et Allemagne.

Le centre de surveillance européen ECDC a publié le 8 mai dernier un bilan des cas de coqueluche : 25.000 cas en 2023, et déjà 32.000 cas entre janvier et mars 2024.

En France, depuis le début de l’année 2024, une vingtaine de cas groupés (ou clusters) ont été rapportés à Santé publique France dans huit régions hexagonales versus deux cas groupés dans une seule et même région (Ile-de-France) pour l’ensemble de l’année 2023.

La coqueluche n’est pas une maladie à déclaration obligatoire mais les cas sont à signaler à l'Agence régionale de santé dans deux situations spécifiques : dans le cadre du signalement des infections nosocomiales ou lors de la survenue de cas groupés (à partir de deux cas) qu’ils soient intrafamiliaux ou en collectivités.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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