Dans son dernier point épidémiologique, Santé publique France fait le bilan sur les cas de coqueluche en 2024. Il en ressort que le nombre de signalements notifié à l’ARS La Réunion a connu une hausse substantielle avec 64 signalements. A titre de comparaison en 2023, seulement 4 signalements avaient été enregistrés. Les enfants et les nourrissons sont les plus touchés par cette hausse significative. Nous publions le communiqué ci-dessous. (Photo : www.imazpress.com)
D’un point de vue de la temporalité, 55% des signalements (n = 35) ont été enregistrés au dernier trimestre 2024 avec un pic en décembre avec la déclaration de 14 cas.
L’âge médian des cas signalés est de 15 ans [min : 4 semaines - max : 91 ans]. En considérant la répartition par classe d’âge : 53% des signalements ont concernés des personnes de 15 ans plus, 27% des nourrissons (enfant de moins de 1 an) et, 20% pour la classe d’âge 1-14 ans.
À l’hôpital
En 2024, les données biologiques hospitalières ont indiqué une augmentation du nombre de tests PCR positifs de coqueluche avec un total de 37 par rapport aux années précédentes, confirmant la résurgence et la circulation de la maladie à La Réunion même si, le nombre de cas reste faible.
Depuis le 1er janvier 2024, Les données biologiques rapportent un total de 37 PCR positives de recherche de Bordella Pertussis avec un taux de positivité qui demeure très faible (1,2%) mais, en progression depuis le début de l’année 2024.
Au dernier trimestre 2024, 22 PCR positives pour coqueluche ont été identifiés soit, un taux de positivité de 2,4%.
En médecine de ville
En 2024, les données du réseau 3Labos ont montré une augmentation du nombre de tests PCR coqueluche au 2nd semestre 2024 illustrant une circulation active de la maladie. De juillet à décembre 2024, 95 PCR positifs ont été enregistrés avec un taux de positivité annuel de 9,2%.
Le mois d’aout 2024 s’est caractérisé par le taux de positivité maximum à 11,6% avec 24 PCR positifs.
La distribution des PCR par classe d’âge en 2024 a montré que les jeunes enfants de 6 à 10 ans ont été le plus touchés (28,6%) suivis des adolescents et des jeunes adultes âgés de 11 à 24 ans (22,7%).
Lire aussi - Les cas de coqueluche augmentent à La Réunion
- Recrudescence des passages aux urgences -
L’année 2024 a également été marquée par une recrudesence des passages aux urgences pour un motif de coqueluche avec un total de 25 dont 8 ont fait l’objet d’une hospitalisation.
Cette augmentation des passages aux urgences et la plus importante depuis 10 ans traduisant une circulation active de la coqueluche sur le territoire réunionnais.
D’un point de vue de la temporalité, les passages aux urgences ont concernés uniquement le 2nd semestre 2024 dont 68% (n=17) au dernier trimestre 2024.
Concernant, la distribution par classe d’âge des passages aux urgences, les enfants de moins de 1 ans constituent en 2024 la population à risque avec 48% (n=12/25) des passages aux urgences.
Sur la période de 2013 à 2024 les enfants de moins de 1 an ont représentés près de 5 passages aux urgences sur 10.
- Les mesures de prévention face à la coqueluche -
"Il s'agit d'une maladie infectieuse très contagieuse, qui se transmet de personne à personne, au cours de la toux ou d’éternuements", explique l'ARS.
L’expression clinique de cette maladie est variable selon les personnes et leur âge. "Chez le nourrisson de moins de trois mois, elle peut se présenter sous forme de coqueluche maligne (détresse respiratoire, défaillance polyviscérale)" note l'ARS.
"La coqueluche peut être grave, voire mortelle chez les nourrissons qui ne sont pas encore protégés par le vaccin (la vaccination doit avoir lieu à 2 mois et à 4 mois et doit être suivie de rappels ultérieurs dont un à l’âge adulte)", indique l'Agence régionale de santé.
Chez l’adulte, elle peut se présenter sous forme de coqueluche atypique (toux sans cause évidente, persistante ou s'aggravant au-delà d'une semaine) ou prendre la forme d’une simple rhinopharyngite.
La période d'incubation peut aller de sept jours à trois semaines. La coqueluche se traduit par une faible fièvre avant de se manifester par une toux caractéristique. Si la toux est modérée au début, elle évolue vers de violentes quintes. Comme le souligne Ameli Santé, les accès de toux peuvent provoquer des spasmes et la respiration se complique.
Les patients peuvent avoir un visage bouffi, rouge ou bleuté. Certains patients souffrent également de vomissements conséquents à la toux. Dans certains cas, la toux peut aussi causer l'éclatement des petits vaisseaux autour des yeux.
"En fin de quinte de toux, le malade reprend sa respiration par une grande et longue inspiration, accompagnée de l'émission d'un son aigu (appelé chant du coq). Il émet avec difficulté un crachat clair et épais", illustre le site institutionnel.
- La vaccination, seul moyen de protection -
Afin de limiter la propagation de la maladie sur l’île, le meilleur moyen de se protéger reste la vaccination.
La vaccination présente un triple intérêt. Elle permet d’éviter d’attraper cette maladie très contagieuse.
Cette vaccination des femmes enceintes qui est recommandée à partir du deuxième trimestre de grossesse et au plus tard un mois avant l’accouchement, recommandée depuis 2022 en France, est la mesure la plus efficace pour protéger le nourrisson dès la naissance grâce au transfert transplacentaire des anticorps maternels.
La Haute Autorité de Santé a recommandé le 22 juillet 2024 que toute personne en contact proche avec un nouveau-né et/ou nourrisson de moins de 6 mois dans un cadre familial reçoive un rappel, si son dernier vaccin contre la coqueluche date de plus de 5 ans.
La vaccination contre la coqueluche est obligatoire chez tous les nourrissons, nés à partir du 1er janvier 2018, à partir de 2 mois. C’est la gravité potentielle de la coqueluche chez le nourrisson qui justifie de commencer les vaccinations dès l’âge de 2 mois.
Les rappels doivent se faire à 11 mois, 6 ans, et entre 11 ans et 13 ans.
La vaccination est recommandée pour les mères pendant la grossesse et à chaque grossesse de préférence entre la 20ème et la 36ème semaine après les dernières règles.
Elle doit être envisagée pour les personnes non vaccinées au cours des dix dernières années, et en particulier pour :
- les membres de l’entourage familial (frères et sœurs, conjoint, grands-parents, baby-sitters…) d’une femme enceinte, si celle-ci ne s’est pas faite vacciner pendant la grossesse ou si elle s’est faite vacciner moins d’un mois avant l’accouchement ;
- la mère venant d’accoucher si elle n’a pas été vaccinée pendant la grossesse, même si elle allaite son enfant.
Chez l'adulte, le rappel se fait à 25 ans : une dose de vaccin combiné contenant le vaccin contre la coqueluche (sauf en cas de vaccination contre la coqueluche qui date de moins de 5 ans). Si ce rappel n’a pas été effectué à 25 ans, il peut être fait n’importe quand entre 26 et 39 ans.
Certaines professions doivent effectuer des rappels de vaccination contre la coqueluche comme :
- les personnels soignants, y compris dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Les personnels soignants en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois
(travaillant dans des maternités, des services de néonatologie et de pédiatrie) sont concernés en priorité ;
- les personnels de la petite enfance dont les assistantes maternelles et les personnes effectuant régulièrement du baby-sitting ;
- les étudiants des filières médicales et paramédicales.
Santé publique rappelle l’importance des recommandations de vaccination pour la femme enceinte.
Dans le cadre l’épidémie de coqueluche qui a sévit cette année 2024 et pour protéger les nourrissons les plus jeunes pour lesquels la maladie est particulièrement grave, la vaccination contre la coqueluche des jeunes mères reste primordiale et la meilleur protection possible.
Lire aussi - Vaccination à La Réunion : la population se vaccine plus mais pas encore suffisamment
www.imazpress.com/[email protected]