Reconnaissable entre mille, le son de Sabouk n'a pas pris une ride. Et ça fait 35 ans que ça dure avec toujours la promesse d’une plongée tête la première dans la fusion du jazz et du maloya. Un grand moment à vivre vendredi soir 24 mai 2024 sous les étoiles de Saint-Gilles (Photo : vw/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com)
C’est un nom qui claque dans nos mémoires depuis plus d’une trentaine d’années… Le mythique groupe, né à la fin des années 80 des cendres du tout aussi mythique Carrousel, i bouz ankor ! Sabouk a eu, a, et aura, souhaitons-le plusieurs vies matérialisées par trois albums que sont "Rassin’" (évoquant la création du groupe) ; "Sézon" (relatant la continuité, la préservation musicale, l’évolution, les rencontres, le cycle de la vie) ; et enfin le dernier "Vision gramoun" (signifiant la fin de ce cycle avec le chaos, la destruction et surtout restructuration).
"Il y aura bien une suite puisque j’ai commencé à (re)travailler des textes. Je pars du principe que tant qu’on est bien, on continue d’avancer dans cette vision de la musique qui est la nôtre et en nous entourant à chaque fois de nouveaux musiciens", indique Kiki Mariapin, fidèle au "statut" du groupe à savoir ce laboratoire musical en recherche constante de sons, de rythmiques et d’ambiances.
Toujours emmené par les trois piliers de la première heure : Gérard Brancard (chant), Kiki Mariapin (basse) et Gilbert Mariapin (percussions), Sabouk perpétue avec le même panache la tradition d'un jazz rock péi dont il est le fer de lance depuis le début des années 90 et son cultissime "Rassin'". La formation à géométrie variable s'est désormais adjoint les services d'une nouvelle génération d'instrumentistes de talent à savoir Arjuna Mariapin en digne fils de Kiki himself (batterie), Jérôme Vaccari (claviers), Christophe Zoogonès (flûte traversière et saxophone ewi) et Rodolphe Céleste (guitare).
Pour la soirée qui nous occupe ce samedi, Sabouk fera feu de sa science du métissage maloya/jazz fusion, sur fond d’expo photos de personnes ayant contribué à la renommée du groupe - et ils sont nombreux ! - et la présence d’invités de marque ayant eux aussi participé à l’histoire de Sabouk dont le succès n’est plus à démontrer.
À la question de savoir ce qui explique une telle longévité, Kiki Mariapin de répondre en toute modestie : "De croire tant en la musique qu’au public transgénérationnel qui soit sensible à nos textes. En règle générale, je me réfère à la société dans laquelle nous vivons en essayant de faire peser le pour et le contre, en traitant de tout dans l’optique d’éveiller les consciences de tout un chacun. D’ailleurs, on ne réveille pas quelqu’un qui fait semblant de dormir", sourit-il.
À l’heure où la musique ne s’écoute plus vraiment mais se regarde, et se conçoit dans la facilité avec l’intelligence artificielle, Kiki pourrait faire figure d’ovni en souhaitant rester fidèle à son style, à l’identité de son groupe, balayant d’un revers de main tout aspect commercial au profit de la culture locale, car c’est selon lui par cette dernière qu’on reconnaît la grandeur et la hauteur d’un peuple.
Et de regretter toutefois que les radios ne jouent pas davantage le jeu pour met’ en lèr nout’ savoir-faire péi, le format musical ne correspondant pas aux standards radiophoniques.
De même s’agissant des festivals qui mettent un peu trop en avant ce côté individualiste véhiculé par la société : "L’artiste devient un produit or Sabouk c’est un ensemble de musiciens sur scène. On m’a déjà proposé de faire le IOMMa mais je ne suis pas un nom, un artiste, je suis un groupe. Heureusement qu’en contrepartie, il existe des scènes à l’image des Téats aujourd’hui ou du Palaxa à l’époque qui nous permettent de jouer.
Et surtout ce public qui nous est resté fidèle et qu’on l’espère au rendez-vous en fin de semaine et à qui on réserve quelques surprises qui ponctueront la soirée. Il y aura donc à boire et à manger".
Samedi soir justement, en ouverture du bal Sabouk qui renoue avec les étoiles de Saint-Gilles après 14 ans d’absence, Dalonaz assurera la première partie. Le groupe de maloya évolutif navigue entre deux courants très similaires, prenant pourtant leur source à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, se rencontrent et vibrent au sein de leur musique : le blues américain et le maloya. Deux cultures profondément enracinées qui puisent leur force dans une histoire commune.
Côté actu, le TPA constitue la 2e étape d’une mini-tournée locale de Sabouk, qui a démarré par le Bisik en février dernier, et qui se poursuit par Lucet Langenier fin mai, le quartier pêcheurs à la Saline-les-bains début juin, le théâtre Luc Donat en octobre, pour se conclure par un retour aux sources au Palaxa, courant novembre…
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Ils ont dit…
Thierry Boyer, directeur des Téats départementaux
Des personnes comme Kiki Mariapin, Teddy Baptiste, Luc Joly, Nicolas Moucazambo, Philippe Macé, Christophe Bidois, Olivier Ker Ourio et j’en passe, sont des défricheurs et sont toujours là, ils n’ont pas largué. Il y a donc cet aspect à la fois mémoriel qu’il faut préserver et le volet transmission qui participent à donner ce côté vivant à la musique et j’estime qu’il faut savoir dire stop à l’uniformisation et au formatage. Au-delà, il y a également matière à programmer nos groupes dans des festivals de jazz à l’image de celui de Cap-Town en Afrique du Sud ou du Mama Jazz à Maurice puisqu’on est dans une logique d’ouverture et de mutualisation.
Arjuna Mariapin, fils de…
J’essaie autant que possible de garder le flambeau mais pas de le reprendre, pour moi c’est important de pouvoir apporter une touche de ma génération. J’ai grandi avec ce groupe et ma mission entre guillemets est de rallier ces deux univers tout en préservant l’identité de Sabouk, c’est fondamental.
Sabouk au TPA, ce vendredi 24 mai, 20 heures
vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com
Non non il s’agit bien de vendredi 24.
Bel article en tout cas !
Vendredi 24 ou samedi 25 ???
Pardon "Nat". Il s'agit bien du 25. Désolé pour cette méprise.