Remise en forme

Salles de sport, fitness, musculation ou l’art de (bien) peaufiner son corps

  • Publié le 5 août 2023 à 08:50
  • Actualisé le 5 août 2023 à 18:44

My Gym 360°, KeepCool, One fitness, Fitness one ou encore Easy Gym.. à chacun son appellation, et pourtant tous ont le même point commun : être une salle de sport fitness. Appréciés par les usagers, ces lieux consacrés à la pratique de différentes activités sportives fleurissent à grande vitesse dans l’Hexagone comme à La Réunion. Selon la chambre de commerce et de l’industrie de La Réunion, le territoire comptabilise actuellement 152 salles. Dans seule ville de Saint-Denis, 33 structures ont ouvert leurs portes 2020 et 2022. Qu’elles soient franchisées, indépendantes ou locales, les salles de sport cohabitent avec un marché tout aussi porteur, celui du fitness. Ainsi, la course vers le corps jugé parfait aura finalement eu la peau et le porte-monnaie des amatrices et amateurs de physique sculpté (Photo www.imazpress.com)

En quête de muscles, d’une expérience, par effet de mode ou tout simplement pour faire attention à sa santé, la liste des motivations des personnes fréquentant les salles équipées de machines est bien longue.

Chamima elle, a décidé de pousser pour le premier fois les portes de My Gym Le Port il y a trois ans. "Je préparais un concours pour entrer en école de gendarmerie. Je n'ai pas réussi le concours, mais je continue quotidiennement de me rendre à la salle", nous indique la jeune femme de 22 ans.

Par semaine, elle consacre entre 1h30 à 2 h de son temps, pour faire ses exercices. "Pendant les périodes scolaires, je m’y rends les samedis matin. Je commence par faire 10 à 15 minutes de rameur, j’enchaîne avec 10 à 15 minutes d’escaliers et je finis sur 20 à 30 minutes de tapis". Ce circuit bien millimétré, elle le répète à chaque fois qu’elle se rend à la salle où elle s’est abonnée en 2020. Car ce qui intéresse l’étudiante en économie et gestion, c’est le cardio. "Je ne cherche pas à me muscler, je cherche juste à me maintenir en forme" précise-t-elle.

La pratique sportive fait partie de l'ADN de Christophe. "Mon père est un ancien culturiste, j’ai donc hérité de ses gênes" sourit-il. : "sS je vais à la salle de sport c’est pour me maintenir en bonne condition physique et mentale"ajoute ce sportif confirmé, alternant salle de combat et salle de musculation-fitness.

Pratiquant le sambo (un sport de combat) depuis près de sept ans, il va à la salle de sport essentiellement "pour les machines qui stimulent sa musculature". Développé couché, barre guidée, et haltères, l’homme de 39 ans se limite à des charges "raisonnables" avait pour objectif de garder son corps sculpté.  

Devenue maman il y a peu, Sandy quant à elle, souhaite rester en bonne santé. Elle fréquente les salles de sport depuis six années dans le but de perdre du poids. "J’aime mon corps actuel, mais je me suis fixée des objectifs et je compte bien les atteindre. L’idéale pour moi serait d’atteindre les 70 kilos et donc de perdre 20 kilos", déclare la jeune maman.

Cette mordue de musculation a vu sa pratique sportive évoluer ces dernières années. Elle se considère parfois comme une "droguée du sport".  "Il m’arrive par moments d’abuser, de pousser la pratique à l'extrème. Le sport me procure de l’adrénaline" dit-elle.

Pour favoriser ce sentiment, les salles ne manquent pas de stratégies.

-Abonnements alléchants et machines i-tech -

Pour attirer et fidéliser leur clientèle, les salles de sport ne lésinent pas sur leurs moyens, à commencer par prix attractifs. En moyenne à la Réunion un abonnement classique coûte une trentaine d’euros.

Certaines structures misent sur des offres occasionnelles, par exemple une mensualité à 19.99 euros lors d’une première souscription, des abonnements sans engagement ou encore des frais d’inscription à tarif réduit.

D'autres salles favorisent leur expansion sur toute l’île. L’enseigne la plus répandue de l’île, compte dix établissements. "C’est vrai qu’avant on n’avait pas trop le choix, il y avait uniquement des salles de body-building avant qu’il y ait l’émergence de toutes ces salles de sport, ça n’était pas forcément immense, ouvert le dimanche ou ouvert à des horaires qui nous arrangeaient" nous dit un responsable de boutique de fitness aussi usager d’une salle de sport.

"Je finis à 18h le travail, je sais que la salle où j’allais avant n’était pas ouverte jusqu’à très tard. Aujourd’hui si je me remets dans le même contexte ça aurait été compliqué de m’entrainer, donc heureusement qu’il y ait ces salles, je n’aime pas trop le terme low-cost, mais ces salles accessibles à tout le monde et tous types de budgets" dit-il encore.

- Pratiquer une activité sportive oui, mais à quel prix ? -

Des salles de sport à foison, avec des tarifs variés mais qui finissent toujours par peser sur le budget des pratiquant.e.s. Un coût qui vaut le coup selon Chamima. Son abonnement s’élève à 29,99 euros par mois. Elle a déboursé 1.079 euros en trois ans. "Comme je paie cela me motive pour y aller" note-t-elle. "Si je ne payais pas, je sais que je ne ferais même un footing" reconnaît-elle.

Si pour certains débourser une somme, parfois colossale, encourage à aller se dépenser, pour d’autre des réflexions se posent. "Si je calcule sur six années, en ayant changé six fois de salles de sport, payé des frais de d’inscription, parfois des options, j’aurais pu investir dans ma propre salle. Mais pour moi on est pas obligé de s’inscrire à la salle pour avoir des résultats sur sa transformation physique" estime Sandy.

Depuis quelque temps elle nous avoue avoir un peu délaissé la salle et privilégié le home gym (gym à la maison). "Je reste convaincue qu’on peut perdre du poids, faire du sport, se muscler à la maison. Avant je pensais le contraire mais maintenant on voit que dans certaines enseignes il est possible d'acheter à moindre coût des équipements comme les élastiquse, kettlebell, barres, poids" souligne la jeune femme.

Cette opinion est partagée par le gérant d’une boutique dionysienne de fitness. "Depuis le covid il y a eu un boom par rapport au home gym. Lorsqu'elles investissent une maison, de plus en plus de personnes se disent qu'il y a forcément une pièce qui sera dédiée au sport. Avant c'était le souvent dans le garage que l'on pratiqué" commente notre interlocuteur.

Spécialisée dans le fitness, l’enseigne qu’il représente est bien connue sur l’île. Elle équipe aussi bien les professionnels que les particuliers.

"Avec la fermeture des salles de sport pendant la crise sanitaire, les usagers ont eu un autre modèle de consommation, donc forcément ils se sont adaptés. Certains ne vont plus à la salle de sport, ils font leur sport à la maison, ils ont très vite compris que l'on pouvait faire sans les salles. Pour nous c’est du pain béni, le covid nous a clairement permis d’exploser nos ventes" se réjouit le responsable de l'enseigne.

Plusieurs communes ont aussi compris ce nouveau besoin de leurs administrés. Certaines municipalités investissent des budgets très importants pour l'aménagement d'équipements en plein air. Objectif : développer le sport santé pour tous. "La santé en faisant du sport c’est possible pour tout le monde, y compris ceux qui n'ont pas les moyens de payer des salles de sport" a indiqué Ericka Bareigts maire de Saint-Denis, lors de l’inauguration de deux aires de fitness à Primat et au Chaudron en 2022.

Les habitants voient en ces agrès à ciel ouvert, une aubaine pour "peaufiner leur entraînement".

Lire aussi : Saint-Denis : inauguration de deux aires de fitness à Primat et au Chaudron

Et qui dit efforts sportifs dit aussi bonne maîtrise de la fourchette. Car maintenir une bonne pratique sportive passe aussi par une bonne alimentation.

- Les compléments alimentaires : créateurs de leurre -

Si certains ont lâché du lest sur les régimes drastiques et optent dorénavant pour un rééquilibrage alimentaire, d’autre se retranchent vers des produits de substitution pour tenter obtenir des résultats.

"J’oriente les clients vers des compléments alimentaires qui peuvent leur convenir s’ils le souhaitent mais ça reste facultatif" nous indique Sylvain coach sportif dans une salle de sport à Saint-Paul. Et les sportifs ont le choix entre une large gamme :  protéine, créatine, bruleur de graisse, hyper-gaineurs, et toute une panoplie d’autres produits.

"Pour la prise de masse, il faut presque un kilo de viande pour avoir un gramme de créatine, je me vois mal manger un kilo de viande pour avoir mon quota de créatine.  Avec trois gélules j’ai trois grammes de créatine" certifie le responsable d’une boutique spécialisée dans le fitness.

"En 30 minutes on a tout assimilé. C’est un gain de temps énorme " reprend-il.  Le gain de temps, un argument vendeur puisqu’un shakeur se prépare en deux temps, trois mouvements : verser de l’eau ou d'une boisson végétale, ajouter la dose protéinée par-dessus, fermer le shaker, secouer et la boisson est fin prête.

"On peut tomber sur des substituts de repas très peu caloriques qui peuvent créer un leurre dans le cerveau et nous dire que nous avons beaucoup mangé alors que nous n’avons pris qu’un shaker, mais il faut quand même garder une base solide, il n’y a rien qui remplace de l’alimentation solide" finira par souligner le responsable fitness.

Véritable marché parallèle, le coût de ces cures peut dépasser la centaine d’euros. Les utilisateurs sont des sportifs confirmés ou amateurs en quête de performance. Et cela n'est pas sans risque

Firdor Funtheu nutritionniste avertit : "utilisés à long terme ces compléments alimentaires peuvent exposer à une situation de surconsommation dangereuse pour la santé et favoriser l’apparition de certaines pathologies. Il faut s’engager dans une démarche raisonnable et si possible avec les conseils d’un professionnel".

Il poursuit "si on a un régime alimentaire adapté aux efforts que l’on fournit on a pas besoin de complément alimentaire" termine le nutritionniste.

la/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

 

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