C’est une bonne nouvelle qui est tombée ce mardi : l’Union européenne a voté pour l’interdiction de l’importation de produits issus de la déforestation. Une victoire que s’est empressé de saluer Emmanuel Macron, sans manquer de se l’approprier légèrement au passage. Problème : parallèlement à ses déclarations, le média Streetpress révélait les liens entre le Président de la République et un dirigeant de l’entreprise Meridiam qui a…rasé une partie d’une forêt vivrière traditionnelle des Amérindiens de Guyane. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ? Un moto respecté à lettre depuis plus de cinq ans maintenant. (Photo Photo d'illustration RB imazpress )
Loin de nous l’idée de critiquer l’accord signé par l’UE ce mardi, alors que les forêts à travers le monde sont saccagées au profit de l’exploitation de la terre. Mais il est tout de même plutôt ironique de voir certains se féliciter de cette avancée majeure, alors qu’ils ne respectent pas les terres de leur propre pays.
L’Amazonie, surnommée le poumon de la Terre, est en partie française, vestige du passé colonial de la France dont elle refuse de se séparer. C’est là que plusieurs peuples autochtones vivent, et là qu’une partie de la forêt a été rasée pour laisser place à 140 hectares de panneaux photo-voltaïques, comme le relatent nos confrères de l’Hexagone. Si les bienfaits des énergies renouvelables sont connus, et que la Guyane est en souffrance face au manque d'électricité, on peut tout de même se poser la question de la nécessité d'installer une centrale électrique dans un lieu où une partie de la population puise ses ressources.
Pour se faire, le chantier aurait par ailleurs directement impacté la faune et la flore endémique. Une plainte pour « destruction de nids et d’œufs d’espèces protégées, de perturbation intentionnelle d’espèces protégées, d’altération de l’habitat d’une espèce protégée, de pollution du milieu aquatique, d’atteinte à la faune aquatique et de réalisation de travaux soumis à autorisation sans satisfaire aux prescriptions fixées par l’autorité administrative ayant provoqué une dégradation substantielle de la faune et de la qualité de l’eau » a d'ailleurs été déposé le 17 novembre par l’association nationale pour la biodiversité, toujours selon Streetpress.
Difficile de concevoir dans ce contexte que la France se préoccupe réellement de l’avenir des forêts à travers le monde, quand le projet a été approuvé par la justice - et que le dirigeant de l'entreprise aux manettes et le Président sont de vieilles connaissances.
Si l’on sait depuis longtemps que les territoires ultra-marins sont considérés comme des terres de seconde zone aux yeux du gouvernement, il est toujours surprenant de constater le mépris que ce dernier peut avoir vis-à-vis de la population. Le cynisme atteint son paroxysme quand on se targue d’être pionnier en matière de protection des forêts, tout en s’attelant à piétiner les ressources de ses terres colonisées.
C’est bien beau de vouloir protéger la planète - tout en pénalisant des populations déjà appauvries. C’est encore mieux quand on commence à balayer devant sa porte.
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