14 cétacés tracés par satellite

Des balises sur les baleines pour suivre et comprendre leur cycle migratoire

  • Publié le 22 août 2022 à 02:59
  • Actualisé le 22 août 2022 à 08:04

À la fin de ce mois d'août, quatorze baleines vont être équipées de balises satellites dans le cadre du programme MIROMEN II (Migration Routes of Megaptera novaeangliae). L'objectif de cette mission, suivre le trajet des baleines à bosse depuis l'Océan Indien jusqu'à leurs sites de nourrissage en Antarctique. Un programme financé par l'Europe, l'État et la Région Réunion. Mais attention, équiper les baleines de balises argos ne se fait pas à la légère. L'opération s'avère délicate.

Pour ce programme, quatorze baleines adultes seront équipées. La quinzième balise Argos ayant déjà été posée sur une baleine en 2019. Ces balises "seront équipées de profondimètres permettant de mieux caractériser les changements de comportements, notamment les profils de plongée afin d’identifier les sites d’alimentation", explique Globice. "Ces balises vont permettre de transmettre la position quasiment en temps réel de la baleine", explique Adrian Fajeau, chargé d’étude scientifique chez Globice.

- Une opération délicate –

Contactées, les équipes de Globice nous expliquaient que le fait de poser des balises sur quatorze baleines n’est pas chose facile et demande une certaine logistique. "Fin août, une experte du Canada, Amy Kennedy (biologiste du National Marine Mammals Laboratory de la NOAA) va venir à La Réunion pour la pose des balises", explique Adrian Fajeau, chargé d’études scientifiques chez Globice. "Elle va venir poser les balises car c’est une manipulation très encadrée", explique-t-il, avant d’ajouter, "le principe c’est que l’on s’approche en bateau le plus calmement possible de la baleine, et avec le fusil à air, on va injecter la balise dans le cétacé".

Globice tient à rassurer, "la baleine va le sentir sur le moment mais cela n’aura pas d’effet néfaste sur la durée, il faut savoir qu’une baleine a 20 à 30 centimètres de lard et donc cela fera la sensation d’une grosse épine plantée", précise Adrian Fajeau. Comme l’explique Globice, le système d’attache est disposé juste en-dessous de la nageoire dorsale.

"La balise émet ensuite sa position à chaque remontée en surface de la baleine", précise l’association dédiée à l’étude et la conservation des cétacés. La balise, posée sur la baleine, le restera pendant environ trois à six mois, jusqu’à ce que la baleine rejette l’équipement, "à la manière dont nous pouvons rejeter des corps étrangers", souligne l’ONG.

Des suivis des individus équipés sont d’ailleurs réalisés par la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) pour améliorer en continu le matériel et réduire autant que possible l’impact sur les animaux.

Globice disposant d’une dérogation de la part du Ministère de la transition écologique et d’une autorisation du ministérielle pour ce type d’opération et notamment la validation du comité d’éthique animale.

- Suivre le cycle migratoire des baleines –

L’objectif du programme Miromen II est "d’obtenir une vision globale des mouvements des baleines à bosse sur l’ensemble de leur cycle migratoire", explique Globice. "Un enjeu primordial pour protéger l’espèce et mieux comprendre les facteurs pouvant expliquer les variations inter-annuelles de fréquentation des baleines à La Réunion", ajoute l’association. À savoir que, comme nous l’a expliqué Adrian Fajeau, "grâce à la photo-identification, seulement 2 à 3% des baleines reviennent chaque année à La Réunion. Mais la plupart du temps elles vont en Afrique ou en Australie".

Globice explique, "on attend la fin de la saison pour voir le trajet retour vers les lieux de nourrissage, qu'on pense être en Antarctique", souligne Adrian Fajeau. "Parce que leur proie privilégiée, le krill, se trouve en Antarctique", ajoute Jean-Marc Gancille de Globice.

Cette campagne est la suite logique de celle menée par les équipes de Globice en 2013. Elle s’inscrit dans le cadre d’un programme d’action du Pôle Mer de La Réunion visant l’amélioration des connaissances du milieu marin.

En 2013 déjà, ce projet avait permis des découvertes majeures grâce au suivi des baleines, notamment l’identification d’un haut niveau de connexion entre La Réunion et Madagascar.

- L’enjeu, mieux protéger cette espèce –

En plus de la pose de balises, le programme prévoit des prélèvements cutanés sur les cétacés, afin de déterminer le sexe de l’animal et procéder à son identification génétique. "Par la comparaison de ces échantillons génétiques à d’autres échantillons prélevés ailleurs dans l’Océan Indien, il sera possible de mieux comprendre de quelle manière les différentes populations de baleines à bosse échangent entre elles", explique l’association Globice.

À compter du marquage du premier individu, les Réunionnais pourront suivre en temps réel les déplacements des baleines sur le site de Globice.

Au-delà de ces objectifs, "les résultats serviront à la sensibilisation de la population réunionnaise".

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
obs, depuis son mobile
obs, depuis son mobile
2 ans

Laissez ces baleines en paix. Arrêtez de vouloir tout régir. Celà vous avance à quoi de les suivre.