[VIDÉO] Construites sur la barrière de corail

Des îles artificielles aux Maldives : quand l'industrie touristique dévaste les récifs coralliens

  • Publié le 14 mai 2024 à 15:29

Lagon bleu, eau turquoise, des fonds marins majestueux… et pourtant cet archipel paradisiaque est menacé par la montée des eaux en raison du réchauffement climatique. Perçu comme un paradis terrestre, le pays le plus bas du monde ne cesse d'agrandir son territoire en multipliant les îles artificielles. Pour attirer davantage de touristes, certainement. Pour sauver sa population, peut-être. Mais cette soif de développement endommage les récifs coralliens. Une aberration pour une île qui attire pour son sable blanc, son lagon et son corail. Ce lundi 13 mai 2024, une émission diffusée sur France 5 a montré l'étendue des dégâts (Photo d'illustration)

Derrière les hôtels luxueux, les plages de sable blanc, les palmiers… se joue un véritable ballet de pelleteuses.

Alors que les touristes penseront se rendre sur une île paradisiaque, tout ne sera qu'une vaste fumisterie puisque tout est artificiel, du moins, cela le devient de plus en plus.

"Le remblayage est devenu la norme en l’espace d’une décennie. Les deux tiers des îles habitées ont été agrandies, et des dizaines d’îles artificielles ont été créées', alerte Ibrahim Mohamed, expert en enjeux climatiques.

Ces grands travaux sont présentés par le gouvernement comme l’unique option en matière de développement et d’adaptation face à la montée du niveau de la mer.

L'archipel, qui se compose de 1 192 îlots coralliens disséminés sur quelque 800 kilomètres dans l'océan Indien, est un haut lieu du tourisme de luxe et une destination de choix pour les célébrités et riches personnalités du monde entier.
Le tourisme représente près d'un tiers de l'économie des Maldives, selon la Banque mondiale.

- Une île artificielle crée en quatre jours -

Ce lundi 13 mai 2024, dans une émission diffusée sur France 5, le journaliste Hugo Clément s'est fait le porte-parole de ces changements.

"Ils sont en train de créer une île artificielle", dit-il dans ce reportage. Avec 80.000 mètres carrés constructibles. "L'île est construite spécifiquement pour le tourisme."

Des navires remplis affluent pour décharger le sable sur l'océan, créant alors ce nouveau territoire de huit hectares en à peine quatre jours.

Interrogé par le journaliste, le directeur de projet – qui est Français – explique qu'il y aura là des villas sur l'eau, des bungalows sur pilotis, des palmiers, des plages…

- Les coraux, premières victimes de cette envie de développement -

Mais alors que le sable est censé être retenu par des boudins pour délimiter le territoire, des grains s'échappent dans le lagon bleu turquoise de l'île. Questionné, le chef de projet apparaît gêné, sans répondre aux questions d'Hugo Clément.

Dans ce reportage, le lanceur d'alerte montre les conséquences de la création de cette île artificielle sur le lagon et le corail. "Les coraux meurent les uns après les autres."

"Avec le sable bloqué dessus, cela bloque la photosynthèse", alerte-t-il devant la caméra.

De plus, le dragage, une opération qui consiste à extraire le sable du centre des lagons pour le redistribuer sur l’île en construction, endommage les récifs coralliens.

Et ce, alors que les meilleures défenses, autant pour les atolls de faible altitude comme ceux des Maldives sont les barrières côtières naturelles que constituent les récifs coralliens.

- De nouvelles îles pour résister à la montée des eaux -

Cette île artificielle présentée par Hugo Clément, ne devrait pas être la seule.   

Pour contrer la menace de l’élévation du niveau de la mer qui risque de submerger les Maldives, le gouvernement a décidé la création d’une "ville de l’espoir" sur une nouvelle île artificielle baptisée "Hulhumalé".

80 % des 1.200 îles de l’archipel tropical ne dépassent pas un mètre au-dessus du niveau de la mer. Ainsi, la montée des océans menacerait l’existence même des Maldives, qui pourrait être entièrement submergées d’ici 2100. « Nous sommes l’un des pays les plus vulnérables de la planète, nous devons donc nous adapter », a déclaré le vice-président du pays, Mohammed Waheed Hassan.

"Si nous avons besoin d'augmenter la surface habitable pour vivre ou pour des activités économiques, nous pouvons le faire", déclare M. Muizzu à l'AFP, dans l'île-capitale Malé, protégée par des digues en béton. "Nous sommes auto-suffisants et à même de nous prendre en main", fait-il valoir.

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