Le marquage acoustique de raies pastenagues à tâches noires a été mis en place ces derniers mois à La Réunion. Une première mondiale pour cette espèce. Cinq spécimens ont été marqués sur des sites de plongée connus, en dehors de la Réserve Naturelle Marine de La Réunion (photo : Observatoire Marin de La Réunion)
Les cinq opérations se sont déroulées sur la côte Ouest entre Saint-Gilles-les-Bains et Le Port. La dernière d'entre elle s'est tenue le 15 novembre. D'autres tentatives ont également été réalisées sur Sainte-Rose et Saint-Leu sans succès en raison de l'absence de l'espèce sur les sites lorsque les scientifiques s'y sont rendus.
Concrètement, une petite balise d'environ 6 centimètres a été placée sur chaque animal. Cet émetteur envoie des ondes radio aux récepteurs qui ont été placés au fond de l'eau. Si l'un des individus marqué passe dans un rayon de 50 à 300 mètres, ils détecteront son "code barre" et sauront préciser de quelle espèce il s'agit, sa longueur, son poids ou encore la date à laquelle elle a été marqué.
Au total, dix nouveaux récepteurs ont été mis à l'eau à La Réunion par l'Observatoire Marin. Ils s'ajoutent à ceux déjà installés par le Centre sécurité requins dans le cadre de la lutte contre les attaques de requins. Leurs données sont accessibles aux deux organismes.
- Des données précieuses -
Au niveau mondial, les suivis de raies sont peu nombreux. Sur les raies pastenagues, "rien n'a encore été fait" précise Michaël Rard, président et responsable scientifique à l'Observatoire Marin de La Réunion.
"On sait qu'il y a quelques spécimens autour de l'île et on voulait en savoir un peu plus. Cela fait à peu près un an qu'on essaye d'exploiter les photos envoyées par les plongeurs pour savoir si on peut identifier les individus par photo-identification. Le but étant de savoir s'il y a une circulation de ces spécimens entre les sites de plongées et épaves, combien de temps ils y restent mais aussi combien ils sont" développe-t-il.
"On voulait également se faire une idée du risque potentiel de la présence humaine sur ces raies pastenagues notamment sur les sites de plongés" ajoute-t-il.
D'après les informations des plongeurs et les photos reçu par l'Observatoire Marin, les mêmes individus semblent régulièrement être observés sur les sites. "Si telle est la réalité, cela voudrait dire que l'animal ne circule pas tant que ça et qu'en cas de perturbation quelconque, il disparait tout simplement sans être remplacé par un autre congénère" évoque Michaël Rard.
Une hypothèse en partie confirmée par les premiers résultats du suivi acoustique. "Bien que les données récoltées soient encore en cours d’analyse. Les premiers résultats semblent indiquer que les raies étudiées adoptent plutôt un comportement de résidence autour des zones dans lesquelles elles ont été marquées" affirme le responsable scientifique.
Des premières observations qui pourraient renforcer l’idée de la sensibilité de cette espèce à la fréquentation des sites par l’Homme.
De plus, "peu de spécimens ont été observés, ce qui tend aussi à montrer une faible population sur le secteur étudié, et donc un besoin de préservation des ressources, de ces espèces qui s’en nourrissent et de leur milieu dans lequel elles se déplacent".
- Faire ses preuves -
Au départ, l'expérimentation devait être faite dans des zones appartenant à la réserve marine où sont la majeure partie des sites de plongés. Il a finalement d'abord été demandé aux équipes de l'Observatoire de prouver qu'elles savaient marquer les espèces sans causer leurs morts.
"Les premiers résultats montrent que la technique de marquage, adaptée spécialement pour les raies et encore jamais testée, marche très bien et n’engendre pas de mortalité chez les individus marqués" assure Michaël Rard.
Désormais, l'objectif est d'obtenir les autorisations pour marquer plus de raies cette fois-ci dans la réserve et sur des sites de plongés plus visités afin de confirmer les premiers résultats. "On peut tout aussi bien s'apercevoir que finalement les raies n'en ont rien à faire de la présence humaine".
À l'inverse, "si on arrive à déterminer de façon sure qu'il y a un effet négatif, il faudra d'abord voir dans quelle mesure cela se produit. Si c'est à une période donnée, la proposition pourrait être de laisser certains sites de plongée temporairement au calme par exemple durant la période de reproduction. Mais pour l'instant on ne peut pas dire quoi que ce soit, il faut qu'on puisse davantage étudier les données" conclut le scientifique.
Les six premiers mois d'analyses seront présentés à la Région courant janvier. Prochainement, l'Observatoire permettra également au grand public l'accès aux résultats.
Ce programme de marquage acoustique (MAETAG) est réalisé dans le cadre d'un projet européen. Dans ce même cadre, des requins gris de récifs ont été marqué à l'île Maurice, l'idée étant aussi de suivre la connectique éventuelle entre les îles pour commencer la mise en place d'un réseau de recensement acoustique plus large sur les Mascareignes.
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« ...prouver qu'elles savaient marquer les espèces sans causer leurs morts » Ah ah.
J'apprécie la science et le savoir qu'elle partage. Mais cette citation prouve que les scientifiques sont prêts à tout pour assouvir leurs ambitions de publications. Pourquoi ne pas accepter l'ignorance et laisser planer le doute sur ces animaux ? Ce doute laisserait ainsi place à l'imaginaire et même pour certains au sacré, des formes de l'esprit qui manquent de plus en plus à nos sociétés de statistiques, de classements et de contrôle.