Beaucoup de critères établis par l'EFS

Don du sang et contre-indications : on vous explique tout

  • Publié le 4 mai 2019 à 11:03

Attendre 4 mois après un tatouage, 24h après un passage chez le dentiste, ne pas être allé dans certains pays, faire plus de 50 kilos... Quand on se rend sur une collecte de sang, la liste des contre-indications est longue. Beaucoup de délais à respecter et parfois des interdictions à vie : pourquoi tous ces critères ? Prudence pour le donneur ou le receveur, on vous détaille tout ça.

L'âge et le poids, premiers critères de taille

Pour pouvoir donner son sang, il faut déjà peser plus de 50 kilos. Pourquoi ? Tout simplement parce que le volume sanguin dépend directement du poids. "Pour connaître son volume sanguin, il faut diviser son poids par 13" explique le docteur Hervé Renard, directeur de l'EFS Réunion-Océan indien. "Or on prélève minimum 450 ml par donneur, on ne peut pas faire moins en raison du calibrage des poches". Le volume étant donc important, le don serait trop dangereux pour quelqu'un pesant moins de 50 kilos.

Quant à l'âge requis, il va de 18 à 70 ans. 18 ans, car le don est une action volontaire et bénévole : il est donc nécessaire d'être majeur. "On avait envisagé d'autoriser le don pour les jeunes de 17 ans. Mais cela aurait nécessité une autorisation parentale, et ça aurait été vite compliqué", explique le médecin. A 70 ans, on ne peut plus donner son sang. "Chez les seniors, le risque de faire un infarctus ou un AVC est plus important", explique Hervé Renard. "Le don peut être éprouvant pour eux". Il y a une quinzaine d’années, la limite s'arrêtait à 60 ans.

Les femmes donnent moins que les hommes : elles peuvent aller jusqu’à 4 dons par an, pour les hommes c’est 6. "C’est tout simplement à cause de leurs règles", explique le docteur, "les femmes perdent déjà du sang et donc du fer tous les mois". Mais il ne s’agit pas d’une contre-indication, on peut donner son sang pendant une période de règles, il s’agit simplement de vérifier que l’on est suffisamment en forme pour faire un don.

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Homme comme femme la règle en tout cas est la même : entre deux dons, il faut attendre 8 semaines. "C’est le temps de recharge des globules rouges et du fer." Notre orrganisme est intelligent : dès le don, il réalise que le sang s’en va, et commence à re-fabriquer des globules. Mais par sécurité, il faut lui laisser deux mois le temps que le sang se regénère totalement.

Médicaments : ce qu'il faut savoir

Lorsque l’on prend des antibiotiques, on doit attendre deux semaines avant de faire un don. La raison est simple : "ce n’est pas à cause des médicaments eux-mêmes, c’est à cause de la maladie ou de l’infection qui pousse quelqu’un à prendre des antibios", nous explique Hervé Renard. Or une infection peut reprendre en quelques jours même si on pense qu’elle est terminée : "on attend donc deux semaines complètes par prudence".

Certains médicaments en l’occurrence peuvent avoir un impact sur le receveur, ils sont donc interdits lors d’une collecte et peuvent demander d’attendre un certain délai, variable en fonction du médicament. "Même une petite dose peut entraîner de graves problèmes chez le receveur. Exemple avec des médicaments forts pour traiter les problèmes de peau : ils peuvent causer des lésions chromosomiques importantes".

Dépistage de la dengue automatique

Lorsque l’on est malade, on ne donne pas évidemment. Mais même une simple fièvre nécessite d’attendre deux semaines pour pouvoir retourner en collecte. Le risque ici est surtout pour le donneur : s’il est encore faible, même plusieurs jours après sa fièvre, il pourrait faire un malaise durant le don.

Certaines maladies ne se voient pas tout de suite : c’est d’ailleurs le cas de la dengue. Contrairement à la maladie de Lyme, dont les symptômes se manifestent très rapidement, la dengue met du temps à se "voir" sur le patient. "Depuis le début de l’épidémie, nous faisons systématiquement un dépistage de la dengue sur les donneurs", explique Hervé Renard. "Ça nous arrive d’appeler quelqu'un parce qu’on a trouvé le virus dans son sang après le don". Eh oui, chose importante : toutes les poches de sang sont bien évidemment re-vérifiées après chaque collecte.

Autre contre-indication : lorsque l’on se rend dans un pays touché par le paludisme, il faut ensuite attendre 4 mois avant de pouvoir donner. Pourquoi autant de temps ? "Cela dépend de la période d’incubation de la maladie", explique le médecin. Si le donneur a des antécédents de paludisme, c’est différent : il faut dans ce cas attendre 3 ans. Une période beaucoup longue, tout simplement car la maladie peut rester logée dans le foie sans se manifester durant tout ce temps.

Attention aux saignements

Dès que l’on saigne, le don peut être empêché. C’est le cas quand on va chez le dentiste. "Dans la bouche, nous avons des milliards de bactéries", souligne Hervé Renard. "Or quand le dentiste intervient dans notre bouche, cela a été prouvé : il fait passer des bactéries dans le sang". En effet, le moindre petit détartrage peut faire saigner les gencives. Les bactéries buccales étant peu dangereuses, il suffit d’attendre en général 24h. En cas d’arrachage de dent, le délai passe à une semaine, car les saignements sont plus importants.

Dentiste ou non, toute intervention chirurgicale demande d’attendre 4 mois : "il en va de la santé du donneur", explique le directeur de l’EFS. Le délai est long, "c’est ce que l'on appelle de l’hyper prudence".

Idem du côté des aiguilles. Qu’il s’agisse d’un tatouage, d’un piercing ou d’une séance d’acuponcture, le délai à respecter est de 4 mois avant de redonner son sang. "C’est le temps d’incubation d’une maladie comme le VIH ou l’hépatite".

Relations sexuelles : prudence maximale

Comme le délai d’incubation pour les infections sexuellement transmissibles est de 4 mois, il est nécessaire d’attendre tout ce temps lorsque l’on a eu une relation sexuelle avec plusieurs personnes différentes au cours des 4 mois, ou que l’on a eu un rapport avec quelqu’un ayant eu plusieurs partenaires. Même protégé ? "Même protégé", nous répond le docteur. "Tout simplement parce que la protection peut se casser, cela arrive". Prudence, donc. Dans tous les cas, il est bien sûr essentiel de se protéger physiquement lors d'un rapport, la contraception ne permettant absolument pas de bloquer les infections sexuellement transmissibles.

Depuis juillet 2016, les hommes homosexuels peuvent donner leur sang. Cela dit le critère change drastiquement : il ne faut pas avoir eu de relation sexuelle (du tout) pendant une année complète. Un critère extrêmement critiqué puisque le délai d’attente semble ici quasi irréalisable. "On se rend bien compte que c’est énorme", reconnaît Hervé Renard. "C’est hélas purement statistique puisque la population homosexuelle, hommes uniquement, montre des chiffres plus élevés que les hétérosexuels en terme de transmission du virus".

Mais tout cela pourrait être amené à changer d'ici peu. "Nous sommes encore dans une phase expérimentale, mais lorsque le ministère de la Santé l’aura décidé, la communauté homosexuelle sera soumise aux mêmes délais que les autres". Oui car les médecins s’en rendent bien compte : alors que les appels aux dons se multiplient, la communauté homosexuelle représente un nombre de donneurs potentiels important, pourtant freinée à cause des statistiques.

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Selon les chiffres de l’EFS, 15% des personnes passant l’interrogatoire pré-don sont refusés lors d'une collecte. Les règles seront-elles amenées à être plus souples ? Sur certains critères, probablement, comme les voyages dans plusieurs pays, la question de la transfusion ou le don homosexuel. Pour peut-être trouver de nouveaux donneurs réguliers.

mm/www.ipreunion.com

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