Électrique, télécoms...

Vulnérabilité des réseaux : l’enfouissement généralisé, une solution durable mais pas infaillible

  • Publié le 11 avril 2025 à 10:27
  • Actualisé le 11 avril 2025 à 12:47

Le passage du cyclone Garance à La Réunion et l'absence de réseau chez certains abonnés a (re)mis en évidence la fragilité des réseaux électriques et télécoms. Avec des phénomènes météorologiques qui vont s'accentuer au fil des années, impactant à chaque fois de nombreux foyers durant plusieurs jours voire semaines, la question de l'enfouissement des réseaux se pose. Mais dans une île volcanique, le relief et le climat de La Réunion posent certaines limites au tout enfouissement (Photo : www.imazpress.com)

Après le passage du cyclone, de nombreux réunionnais et élus ont demandé pourquoi l'ensemble des réseaux ne sont pas sous terre.

Au plus fort de la crise, près de 200.000 foyers étaient privés d'électricité, plus de 100.000 personnes sans accès à la téléphonie fixe et près de 40.000 privés d'internet.

La sénatrice Audrey Bélim la première, avait déclaré : "déjà après Belal, j'alertais sur la nécessité d'amplifier l'enfouissement du réseau électrique".

"Il faut que les 25% du réseau basse et moyenne tension encore aérienne fassent l'objet d'une réflexion si l'enfouissement n'est pas possible".

De même que Joé Bédier, maire de Saint-André, ville la plus touchée en termes de coupures d'électricité, a demandé en conférence à ce que les réseaux, notamment téléphoniques et internet, puissent être enfouis. "Cette pollution visuelle que l'on peut voir partout dans Saint-André c'est incroyable. Le tout ce n'est pas de vendre mais d'avoir la conscience écologique."

Et "cela contribue à la casse", a-t-il dit. "À Saint-André on a mené un enfouissement de nos réseaux et les opérateurs ne sont pas venus baisser leurs poteaux", déplore l'édile. Écoutez.

- L'enfouissement des réseaux, une solution pas 100% faisable -

Interrogés par Imaz Press, les représentants des réseaux (électrique, téléphonie…) ont rappelé que "l'enfouissement n'est pas la réponse à tout".

À La Réunion, 55% des réseaux électriques sont souterrains, d'après les données EDF. 75% du réseau de moyenne tension est souterrain, tandis que moins de 50% du réseau basse tension est enfoui.

"C'est sûr qu'avec le réseau souterrain on aurait moins de dégâts mais s'il y a de l'aérien c'est qu'il y a une raison", note Dominique Charzat, directeur régional d'EDF.

"Il y a les limites techniques et les choses que l'on ne sait pas faire, notamment avec le 75.000 volts", ajoute-t-il. "Concernant les lignes HTP (haute tension), c'est extrêmement technique. On ne sait pas le faire sur de longues distances", explique le directeur régional. Écoutez.

- La difficulté d'enterrer sur une île tropicale -

De plus, à La Réunion, île volcanique, "il y a des zones géographiques qui ne permettent pas de le faire sur la basse tension".

"Le relief de La Réunion pose des limites, que ce soit pour les lignes HTB ou lignes BT (basse tension), notamment en raison des ravines", précise EDF.

Les fortes pluies sont également un frein à l'enfouissement. "Les pluies peuvent endommager les lignes souterraines et là ça devient plus compliqué pour réparer les pannes", ajoute Dominique Charzat.

Orange Réunion rappelle par ailleurs que "l'enfouissement n'est pas une solution universelle". "Si les câbles aériens sont vulnérables aux vents violents, les infrastructures souterraines peuvent aussi être endommagées par les fortes pluies et les inondations", précise Géraldine Drula, déléguée régionale et directrice communication.

"La décision d'enfouir les réseaux doit être prise au cas par cas, en fonction des spécificités du terrain et des risques naturels locaux", ajoute-t-elle.

- La majorité des nouvelles lignes sont enterrées -

"L'enfouissement est la solution pour limiter les impacts d'un cyclone sur le réseau électrique mais c'est un travail qui nécessite des investissements conséquents", souligne Dominique Charzat.

"Majoritairement, tout ce qui est neuf est souterrain," ajoute-t-il. De plus, "bonne nouvelle avec Garance, les réseaux basse tension gravement détruits vont être définitivement reconstruits en souterrain quand c'est possible".

Un effort déjà fait par le Sidélec – compétent en termes d'extension et de renforcement en zone rurale du réseau - depuis un an. "Dès lors que l'on dépose un permis, nous réalisons systématiquement un enfouissement, sauf exception", explique Yves Gigant, directeur général des services du Sidélec.

Le Sidélec finance le programme d'enfouissement à hauteur de 40% et EDF à hauteur de 60%.

Sur l'enfouissement, "l’idéal serait d’enterrer les câbles dès que possible, mais cela représente un coût élevé et nécessite une coordination avec les services publics car on ne peut pas creuser des tranchées comme ça", abonde Yves Gauvin, directeur général adjoint de SFR. "C'est un travail à faire avec l'ensemble des opérateurs et le sujet est à l'ordre du jour", dit-il.

Si EDF compte enfouir de plus en plus ses réseaux, du côté de Zeop, "on répare en priorité les infrastructures existantes en s'appuyant sur les poteaux d'EDF et des opérateurs télécoms", indique Caroline Brillant, chargée de communication.

Toutefois, "une réflexion plus large sur la modernisation et la résilience du réseau sera menée". Il y a "des travaux qui sont faits mais il faudrait faire plus", reconnait-elle.

À l'avenir, "on ne va pas reconstruire de la même façon", conclut le direction régional d'EDF. Impossible cependant de chiffrer le coût de ces travaux, l'étendue du chantier n'étant pas connue.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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