L'île à sec

Sécheresse persistante : La Réunion manque d'eau

  • Publié le 26 novembre 2022 à 12:19
  • Actualisé le 26 novembre 2022 à 12:55

Depuis plusieurs mois, La Réunion est confrontée à une sécheresse sans fin. Une absence de pluie qui impacte fortement les habitants de l’île, confrontés pour certains à de nombreuses coupures d’eau. Malheureusement, les prévisions n’annoncent guère d’améliorations dans les prochaines semaines, puisque nous devrions entrer assez tardivement dans la saison des pluies. (Photo : www.imazpress.com)

Vous l’avez certainement vu, les cascades et les cours d’eau de notre belle île sont asséchés, à l’image de la cascade Niagara à Sainte-Suzanne. La raison : il n’y a plus d’eau. Et cela dure depuis plusieurs mois.

Selon Météo France Réunion, « on peut parler de sécheresse ». « C’est une condition qui dure et qui a commencé depuis le mois de mai », déclare François Bonnardot, responsable service études et climatologie. « On peut même dire que l’on est sur un déficit global assez fort à La Réunion. »

Précipitations sur La Réunion

Un déficit évalué à hauteur de 30% par rapport aux normales.  « C’est d’ailleurs la troisième saison sèche la plus déficitaire en 51 ans », souligne François Bonnardot. « Si l’on regarde l’ensemble de l’île, dans certains secteurs on est même à 50 % de déficit », ajoute-t-il.

La dernière fois qu’un événement aussi sec a eu lieu, à la même période, c’était en 2010.

- Une sécheresse amenée à durer -

Cette période sèche exceptionnelle depuis plus de 10 ans n’est pas près de se terminer. « Sur nos prévisions de deux à trois semaines, il n’y aura pas de déblocage de la situation », explique François Bonnardot.

Ce régime d’alizé sec devrait dominer jusqu’à début voire mi-décembre. « Toutefois, même si on a quelques espoirs d’avoir un peu de pluie, cela ne sera pas suffisant pour établir une situation en termes de ressource », note le responsable du service études et climatologie. « Pour améliorer la situation des nappes souterraines il faudrait un système dépressionnaire pour combler le déficit, avec une quantité importante de pluie », ajoute-t-il.

- Des cours d'eau à sec -

Un déficit d’eau pour les rivières et nappes souterraines qui impacte La Réunion. « En octobre, les cours d’eau sont passés en dessous des valeurs normales de saison », explique Julien Bonnier de l’Office de l’eau.

Les secteurs les plus touchés étant l’Est, le Nord et quelques zones Sud. « Sur les trois premières semaines de novembre, on note une poursuite de la baisse des débits et un déficit plus marqué sur Bras-Noir (Plaine des Palmistes) et la rivière des Roches (Saint-Benoît)."

Du côté de Sainte-Marie, du Port et de la Saline, on note aussi des déficits sur les ressources en eaux souterraines.

À titre d’exemple, pour le Bras des Lianes (Bras-Panon), « nous sommes à 240 litres de débit médian contre 330 en temps normal ». « À la rivière des Roches, nous sommes à 700 litres de débit médian contre 1.000 litre d’habitude », ajoute-t-il.

Sur la rivière des Marsouins (Saint-Benoît), comme à la rivière Saint-Jean (Saint-André), les valeurs sont conformes aux normales de saison.

À l’inverse, dans le Sud, au niveau de la rivière Langevin à Saint-Joseph, le niveau est particulièrement excédentaire.

Le problème qui se pose face à ces déficits, « c’est que quand on a plusieurs options on mix les ressources, mais quand l’alimentation en eau est tributaire d’une seule ressource c’est plus délicat », indique Julien Bonnier, chef de l’observatoire de la ressource en eau et de la biodiversité aquatique. « Souvent, les secteurs hauts sont les plus sensibles car alimentés par de petites sources d’eau », ajoute-t-il.

Comme le précise le chef de l’observatoire à l’Office de l’eau, « il va faire de plus en plus chaud et donc on aura besoin de plus en plus besoin des ressources ». C’est pour cela que dans certaines communes, il peut y avoir des coupures et des restrictions d’eau.

- Des restrictions et coupures à répétition -

C’est d’ailleurs afin de préserver notre alimentation en eau, que la Cise procède actuellement à des restrictions et des coupures dans certains secteurs.

« La situation évolue par rapport à deux facteurs, l’évolution des ressources au sens large et la consommation des abonnés », explique Alexandre Le Ster, directeur général de la Cise. « Ce que nous faisons, c’est de nous adapter au peu d’eau que la nature nous restitue de la façon la plus équitable possible », ajoute-t-il.

Malheureusement, comme le précise le directeur, « cette phase est en extension et le dernier comité sécheresse ne laisse pas présager beaucoup de pluviométrie dans les jours qui viennent ».

C’est pour cela que plusieurs communes comme la Plaine des Palmistes, Saint-André, Sainte-Marie ou encore les Avirons font l’objet de restrictions. « À Saint-André, il y a près de 17.000 abonnés qui subissent les coupures », dit-il. « Du côté de Salazie il y a également des coupures, notamment sur le secteur de Mare à Vieille Place », précise Alexandre Le Ster. Sur Sainte-Marie, c’est le secteur de l’Espérance qui est impacté. « 270 personnes sont concernées par ces coupures nocturnes car le captage d’alimentation ne donne plus rien. »

Deux autres secteurs en tension vont également connaître de nouvelles coupures d’eau, les Avirons et le Tévelave.  

En ce qui concerne les agriculteurs, fortement impactés par la sécheresse, pour l’heure pas de coupures, informe la Saphir (société d’Aménagement des périmètres hydroagricoles de La Réunion). « Nous traversons en effet une situation de sécheresse, mais actuellement les débits d’eau des ressources que nous exploitations, nous permettent d’assurer l’alimentation des réseaux d’irrigation des agriculteurs », déclare Frédéric Mirand, directeur technique. « Nous n’envisageons d’ailleurs pas de restrictions sur les quatre semaines à venir sur les périmètres de l’Ouest et du Sud, de la possession à Saint-Joseph », ajoute-t-il.

« Nous restons cependant vigilants sur le secteur de Saint André (Périmètre de Champ Borne) où la situation est plus tendue du fait de l’augmentation des besoins. Un point de la situation sera réalisé en début de semaine prochaine et mettre en place, si nécessaire, des restrictions d’eau si la situation se dégrade », conclut le directeur technique de la Saphir.

Vous pouvez-vous rendre sur le site de la Cise pour vous tenir informé de toutes les restrictions d'eau en direct dans votre commune.

Du côté de la Casud, les restrictions sont également présentes. La chaleur amène à constater une augmentation forte de la consommation en eau sur certains secteurs comme actuellement Piton Dugain, Notre Dame de la Paix, Grand-Tampon,.... Cela peut entraîner, de la part de Sudéau, des coupures de nuit afin de permettre aux réservoirs de se remplir pour que l'eau soit disponible en journée pour toutes et tous. 

- Soyons tous vigilants -

Ces coupures impactent fortement les habitant concernés. C’est pourquoi les autorités en appellent au civisme de tout à chacun.

Il est recommandé aux habitants de :

• limiter l’arrosage des jardins et espaces verts

• limiter les lavages à grande eau

• limiter le lavage des voitures

• limiter les vidanges et remplissages des piscines privées

Ces mesures vont de pair avec les consignes habituelles pour réduire sa consommation en eau:

• faire fonctionner les appareils de lavage à plein

• privilégier les douches

• ne pas prélaver la vaisselle

• utiliser un verre pour le brossage des dents

Pour ce qui est des coupures, il est rappelé aux Réunionnais de ne pas consommer l’eau du robinet.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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