Extrêmement prisés sur l'île et à l'export, les fruits de la passion ne sont pas simples à faire sortir de terre. La production locale a baissé lors des deux dernières années, notamment en raison de maladies répétées. Si des solutions pour produire plus et mieux ont déjà été trouvées, la filière reste confrontée à un certain nombre d'obstacles au développement. Les fruits sont encore piqués mais toujours pas coulés (Photo : www.imazpress.com)
22 hectares de plantation de fruits de la passion sont recensés sur l'île. En moyenne, chaque exploitant dispose de 300 m2 pour produire. Mais depuis deux ans, la production végète. Les argiculteurs sont passés de 200 à 160 kilos produits par an. Une baisse significative liée à plusieurs facteurs. À commencer par les coûts de production.
Il faut compter 25 000 euros de palissage pour un seul hectare implanté. Car le fruit de la passion est délicat. Les plants demandent beaucoup de travail et donc de main d'œuvre. Entre septembre et octobre, les fleurs sont fécondées une à une à la main. Les lianes, fragiles, doivent être taillées minutieusement pour ne pas trop laisser le fruit dans le feuillage. Si les feuilles sont trop nombreuses, le risque de maladie s'accroît.
En 2006, la culture a subi les attaques d’un champignon du sol, le phytophthora. Ce parasite tuait les plantes. Les deux années suivantes, un virus transmis par le puceron a affaibli fortement les plants. Actuellement, ce sont les punaises qui posent problème. Elles piquent le fruit et apportent des petits virus qui déprécient la liane.
En plus des acariens ou encore des mouches, les fourmis font aussi d'importants dégâts. De véritables fourmilières se forment autour des racines et abiment les plants. Un phénomène assez nouveau qui favorise de surcroît la présence de cochenilles. Que ce soit pour les punaises ou les fourmis, il n'existe aucun produit homologué permettant de traiter les plants.
- Des poubelles contre le champignon -
Un vrai problème pour les agriculteurs qui ont déjà dû redoubler d'ingéniosité pour lutter contre le champignon. C'est ainsi que des cultures hors sol mais en plein champ ont vu le jour.
Eric Lucas, le responsable diversification végétale au sein de la Chambre d'agriculture de La Réunion, explique le process : "Des poubelles de 90 litres ont été installées dans les parcelles. Les agriculteurs intègrent du terreau et plantent dans ses grands bacs ce qui permet d'être épargné par le champignon."
Cette technique évite d'user les parcelles. Les plants sont remplacés directement dans ces poubelles qui offrent la possibilité de placer des barrières physiques contre certains insectes. Eric Lucas considère qui faut désormais "planter plus" pour mieux répondre à la demande. Actuellement, 1 seul hectare sous serre est utilisé.
L'objectif est de réussir à retrouver les niveaux de production d'il y a deux ans afin de pouvoir exporter davantage. "Nous avions dépassé les 120 tonnes à l'export, nous sommes actuellement redescendus à 80 tonnes. Nous pourrions doubler la production", confie encore le spécialiste de la diversification végétale.
Une production en novembre-décembre puis en mars et avril qui subit la forte concurrence du Vietnam. Ce pays exporte des fruits de la passion en grande quantité, à des prix bas. À La Réunion, le kilo à l'export est vendu en moyenne à 9 euros. Il faut compter 6 euros le kilo sur le marché local. En hiver, les prix augmentent et peuvent grimper jusqu'à 14 euros et plus.
Cette année, Belal a fait de la casse même si la plupart des parcelles étaient en plantation en janvier ce qui a permis d'éviter le pire. Aujourd'hui, les exploitants s'en sortent mais restent très soumis aux aléas naturels. La qualité est là. Le potentiel aussi, notamment en matière de transformation. Sirop, jus, confitures… les fruits de la passion péi ont encore beaucoup à offrir.
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ils sont vraiment intéressants ces articles sur ou comment on produit la nourriture. Encore. Et s'il pouvaient répondre aux questions de produits phyto que bcp se posent ce serait top.