À 34 ans, Gaël Rivière est international de cécifoot, le football pour les déficients visuels. Il est en lice pour participer aux Jeux Paralympiques de Paris (28 août-8 septembre). En attendant, il exerce la profession d’avocat à Paris. Né aveugle, le Réunionnais est un exemple de résilience.
Son parcours d’athlète est exemplaire, son parcours d’homme l’est encore plus. A trente-quatre ans, Gaël Rivière mène de front deux carrières qui forcent le respect. Il est d’abord membre de l’équipe de France de cécifoot, le football réservé aux déficients visuels. A ce titre, il est en course pour participer aux Jeux olympiques de Paris en juillet prochain.
Mais il est aussi un brillant avocat d’affaires, diplômé depuis 2015, à Paris. "Je concilie ces deux passions même si ce n’est pas toujours facile", dit-il. Le cabinet qui m’emploie me permet de m’entraîner en aménageant mon temps de travail."
Né aveugle, Gaël a grandi à La Réunion jusqu’à ses 15 ans. C’est à Saint-Anne, le berceau familial, qu’il fait connaissance avec le football. "Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours joué au foot avec des amis voyants, quand j’habitais chez mes parents, confie-t-il. Je ne savais pas encore à l’époque que le cécifoot existait. Donc, je me débrouillais avec les moyens du bord. Pour entendre le bruit du ballon, on l’enveloppait dans un sac plastique et la partie endiablée avec mes dalons commençait."
Désirant connaître d’autres non-voyants qui vivaient des situations comparables à la sienne, Gaël décide bientôt de rejoindre Paris et d’y poursuivre ses études.
En parallèle, il se rapproche de l’institut national des jeunes aveugles à Paris, qui a pour vocation d’être, pour les jeunes déficients visuels, une porte d’entrée dans le monde des voyants, de faciliter l’accès au savoir, à la communication avec les autres et de développer l’autonomie et l’inclusion sociale. Il y découvre le cécifoot et ses règles adaptées aux non- voyants : un terrain aux dimensions du handball, un ballon sonore, cinq joueurs non-voyants et un gardien de but voyant.
Il s’amourache de l’activité, développe des prédispositions certaines et rejoint l’équipe de France où son intelligence tactique lui permet de rapidement déployer un jeu tout en finesse.
L’une des premières lignes de son palmarès est sans doute la plus belle. En 2012, il use de ses qualités pour aller décrocher une médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres. Il est également sacré trois fois champion d’Europe tout en aimant, en bon passionné de foot qu’il est à , écouter les soirées de la Ligue des Champions à la radio.
- "Je suis seul avec le tribunal" -
En parallèle, il exerce son métier d’avocat. "Je suis spécialisé en droit des affaires, explique-t-il. Je conseille des entreprises qui vont acheter d’autres entreprises en rédigeant des contrats d’acquisition." Il le fait, en trouvant des parades par rapport à son handicap.
"En fait, c’est relativement simple, prolonge-t-il. Nous avons à disposition des solutions technologiques qui nous permettent aujourd’hui de lire aisément des documents numériques. Comme tout le monde bosse de manière informatisée, ça facilite mon travail." Et quand il lui arrive de plaider, là encore, il s’adapte à la situation. "Je suis seul avec moi-même, seul avec le tribunal, témoigne-t-il. Je connais mes dossiers par cœur. Je les ai préparés pendant des heures. Il me suffit alors de restituer ce que j’ai en tête, en étant très rigoureux sur le plan, dans ma plaidoirie."
Une concentration de tous les instants, qui mobilise ses sens. Comme en football, où il est devenu un pilier de l’équipe de France, dont il espère faire partie aux Jeux Paralympiques qui se dérouleront à Paris du 28 août au 8 septembre prochains.
"Les Jeux, c’est un moment à part pour nous, dit-il. C’est une expédition sans comparaison aucune avec les autres compétitions type championnat d’Europe ou championnat du monde. L’environnement médiatique s’intéresse beaucoup plus à nous que d’habitude à cette occasion. Les Jeux ont une dimension incomparable et ceux de Paris en particulier, qui se dérouleront à domicile, revêtent pour moi un caractère spécial car ce seront mes derniers si j’y participe. J’espère en être. Je suis en course pour la sélection. Réponse en juillet."
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Bravo Gaël ! J espère que tu feras partie de l équipe de cecifoot lors des prochains JP Jeux paralympiques