Chevaux en danger

Après Garance : activités à l'arrêt et écuries dévastées, la filière équine se sent abandonnée

  • Publié le 15 mars 2025 à 03:00
  • Actualisé le 15 mars 2025 à 16:13

Lors de son passage sur La Réunion le 28 février 2025, le cyclone a causé de nombreux dégâts à l'agriculture. Si des aides sont annoncées, une filière se sent particulièrement abandonnée : la filière équine dont les dégâts se chiffrent à 2,7 millions de perte dont 1,6 millions pour l’est. À la frontière entre l'élevage, le tourisme et le loisir, les professionnels ne peuvent compter pour l'heure que sur la solidarité et l'appui de la Chambre d'agriculture (Photos : rb/www.imazpress.com)

Aujourd’hui, le passage de Garance a laissé d’énormes séquelles. Quatre structures se retrouvent sans toit avec des chevaux sous la pluie et le soleil, et un accès difficile à l’eau.

Dans l'est de l'île, à Saint-André, commune particulièrement touchée et pourtant exclue de la catastrophe naturelle vents forts, Judex Therméa, propriétaire d'une écurie a presque tout perdu. Regardez.

- "Un cheval est mort" -

"Nous n'avons plus d'abri, de paddock, un cheval est mort, touché par une barre de fer, on a des chevaux qui boitent… C'est le travail d'une vie, de 20 ans qui est parti en deux heures", se désole-t-il.

De plus, avec deux silos de grains détruits, "on ne peut que compter sur des personnes qui amènent des sacs mais forcément pour nourrir 84 chevaux c'est complexe". Écoutez.

Dans l'écurie de Deux-Rives à Sainte-Suzanne, les toits des boxes se sont envolés et les paddocks tombés. "Nous avons dû trouver des solutions d'urgence mais heureusement les chevaux sont en sécurité", relativise Gilbert Martino.

Fort heureusement dans ces différentes écuries impactées, la solidarité des membres de la filière reste présente.

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- Une filière équine sans aides après le passage de Garance -

Heureusement qu'ils peuvent compter sur cette solidarité, car pour l'heure les aides, "on n'en a pas vu venir", lance Samuel Silotia, président du Comité régional d'équitation.

"Nous avons envoyé des courriers au préfet, à toutes les instances pour faire remonter les problèmes mais pas de retour pour le moment", dit-il.

Judex Therméa confie également : "je suis allé au Département pour une réunion pour parler des aides aux agriculteurs et l'équin n'était pas dedans".

"Nous sommes une filière oubliée. Nous ne sommes pas éligibles aux aides du Feader. On nous dit que cela va être revu mais en attendant on reste démuni", abonde Samuel Silota.

Et pourtant, il y a 20 ans, la loi Gaymard reconnaissait la filière équestre en tant qu'agricole. Sur "le papier oui, mais pourtant on a encore du mal à se faire reconnaitre", s'indigne Samuel Silotia.

"On se bat, on a des instances qui écoutent mais on attend." Écoutez.

- Pas de dispositif d'indemnisation pour les dégâts de Garance -

De son côté, Olivier Fontaine, président de la Chambre d'agriculture a indiqué que : "sur l'arrêt catastrophe naturelle on va remonter au ministère cette incohérence sur le classement des communes".

"Aujourd'hui il n'y a pas de dispositif en termes d'indemnisation pour cette filière et on va essayer de trouver avec les différents partenaires un accompagnement suite aux dégâts causés par Garance." Écoutez.

- La crainte de l'avenir pour les centres équestres -

Face à cette situation de crise, "on craint des fermetures de centres équestres si nous n'avons pas d'aides", s'inquiète le président du CRE. Écoutez.

S'il peut compter sur la solidarité des cavaliers et de bénévoles, il le sait, ce n'est pas demain que son activité va pouvoir reprendre. Entre cours et tourisme, "tout est à l'arrêt" confie Judex Therméa.

Un frein à son activité économique qui met à mal son écurie. "Financièrement je suis dans la réserve rouge", ajoute-t-il.

"Depuis la création de nos clubs on se débrouille comme on peut, par nos propres moyens. On aménage sans aides."

"Les seules aides ce sont les bénévoles et les ligues pour le côté compétition et animation mais sur le centre lui-même, rien", poursuit Samuel Silotia.

- La filière équine de La Réunion au plus mal -

Garance a dévasté les murs et a surtout mis à mal une filière déjà en difficulté. Difficulté de faire venir des chevaux et surtout absence d'un vétérinaire dans le nord et l'est de l'île depuis plus d'un an.

Et pourtant, la filière s'est entretenue à plusieurs reprises avec la Direction de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DAAF). "Nous avons proposé des solutions mais on nous répondu que ce n'est pas possible." Écoutez.

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Une vraie épine dans le pied dans cette filière qui compte 2.500 équidés et plus de 160 professionnels répartis sur 120 lieux de détention, d'autant qu'à compter du 1er janvier 2026, la vaccination sera obligatoire a annoncé la Fédération française d'équitation.

À cela s'ajoute l'absence d'aides à l'importation. "Les prix des billets sont passés de 5.000 à plus de 7.800 euros pour faire venir un cheval", explique le CRE.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Gilet jaune rouge vert et bleu
Gilet jaune rouge vert et bleu
2 mois

Après quand tu fais la politique et que tu critiques .....