Mais où sont donc passés les vétérinaires équins à La Réunion ? Depuis plusieurs semaines, mois et même années, le nord et l'est de l'île désespèrent de pouvoir soigner leurs chevaux correctement et dignement. Depuis la disparition de l'ancien vétérinaire apprécié de tous et malgré la venue d'une professionnelle une année, mais repartie en mars 2024, la situation est particulièrement fragile pour les clubs, éleveurs et propriétaires (Photo : rb/www.imazpress.com)
Cette année, plusieurs chevaux ont été sacrifiés par manque de soin en raison de l'absence de vétérinaires pour les secteurs nord et est de l'île. Une vétérinaire partie qu'Imaz Press a contacté, mais n'a pas souhaité évoquer son départ.
"Depuis fin mars 2024 les détenteurs d'équidés du nord-est vivent dans le stress", s'inquiète Gilbert Martino de l'association Réunionnaise de valorisation et d'élevage des équidés (ARV2E).
"Nos équidés du secteur nord et est de l'île sont sans soins vétérinaires. Dans le meilleur des cas nous les emmenons dans l'ouest lorsqu'ils sont mobilisables ou soignés par nos soins."
"Dans le pire des cas, ils meurent sans les soins nécessaires et dans des conditions de souffrance que nous ne pouvons plus voir de nos jours", alerte Samuel Silotia, le président du Comité régional d'équitation (CRE).
Dans le nord, le cheval d'une cavalière est décédé d'une colique (douleurs abdominales, première cause de mortalité chez l'équidé), faute de trouver un vétérinaire en urgence pour le soigner.
Dans l'est, Judex Therméa, gérant des écuries Therméa à Saint-André a lui aussi souffert de la perte de plusieurs de ses montures. En plus de cela, l'éleveur a fait une demande de carnet de saillie pour son étalon. Mais sans vétérinaire, "les tests pour l'obtenir sont impossible".
Il y a également "les vaccinations des cheptels à mettre à jour". Mais sans vétérinaire cela ne peut se faire.
Gilbert Martino est également propriétaire d'un club à Sainte-Suzanne. Il le dit : "des vétérinaires équins de l'île refusent d'intervenir sur les urgences et refusent de prendre la responsabilité de nos chevaux".
Autre inquiétude, "étant dans les organisations de manifestations équestres, si nos équidés ne sont pas vaccinés, comment allons-nous faire ? Nous risquons la non-participation aux manifestations, la propagation éventuelle d'un virus", ajoute-t-il.
"Cette situation dure depuis trop longtemps, à l’heure où nous parlons tous de bien-être animal, il n’est plus tolérable de subir cette situation", clame Samuel Silotia.
Plus de 15 clubs impactés et près de 30 professionnels et détenteurs dont les chevaux sont privés de soins, ajoute la CGPER.
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- Un manque d'appui financier pour installer des vétérinaires -
"Ce manque est dommageable et le Comité régional d'équitation de La Réunion souligne que le manque de vétérinaires sur l'île de la Réunion serait en grande partie dû au manque de moyens financiers pour aider les jeunes vétérinaires à s'installer", précise la Fédération française d'équitation.
Une problématique qui dure et que confirme Patrick Nedellec, représentant de l'ordre vétérinaire à La Réunion.
"Il y a effectivement un désert vétérinaire pour les chevaux dans le nord et l’est de La Réunion depuis le décès du Docteur Ziane il y a 5 à 6 ans. Ce problème a été résolu temporairement en 2023 par l’installation d’une vétérinaire équin à Sainte-Marie mais elle a cessé son activité en mars 2024".
Selon le professionnel, "la viabilité économique ainsi que les conditions d’exercice (gardes et astreintes seule 24/24 et 7/7 ) sont sans doute à l’origine de ces difficultés", sans pour autant avoir de certitudes sur les véritables raisons de cette absence de vétérinaire équin.
"Vétérinaire est une profession libérale indépendante non subventionnée donc il n’est possible d’obliger un professionnel à travailler à un endroit ou à y rester si il est déjà installé."
"Face à ces problèmes de désert vétérinaire qui existent également en métropole, certaines collectivités territoriales (en Isère par exemple) ont mis en place des aides à l’installation ou au maintien dans certaines zones rurales. Il s’agit la plupart du temps des conseils départementaux qui ont cette compétence pour les questions agricoles et la possibilité de faire ces politiques incitatives via la loi DDADUE (décret du 13 mai 2021)."
Pour le vétérinaire, cette voie "serait la seule pour retrouver un maillage vétérinaire sanitaire sans trous."
- De multiples alertes mais zéro réponses -
"La situation sanitaire devient très alarmante et handicapante pour notre filière équine", lance Judex Thermea.
D'autant que "malgré nos différents courriers aux instances, la situation n'évolue guère".
Car des courriers, plusieurs ont été envoyés aux services de l'État et à la DAAF (Direction de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt de La Réunion).
Le dernier en date, ce mardi 10 septembre 2024. Il y est écrit : "la filière équine réunionnaise est mise à mal".
"Malgré nos différentes interventions auprès des services de la DAAF et la réunion prévue en format élargi avec les représentants de la filière n’ayant jamais eu lieu, nous sommes sans réponse dans notre crise sanitaire et bientôt économique.
La situation de notre filière devient de plus en plus préoccupante", lance le président cu CRE.
De réunions en réunions, de mails en mails, de courriers en courriers… "Jusqu’à quand allons-nous attendre ?" " Devons-nous descendre dans la rue avec nos équidés pour nous faire entendre ?"
À ces multiples interpellations et à la sollicitation d'Imaz Press, les services de l'État n'ont eu pour l'heure qu'une seule réponse : "les services de l'État sont attentifs à ce sujet et sont en lien avec l'ordre des vétérinaires qui semble plus à même pour répondre à vos interrogations".
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
après les chevaux si on parlait des humains par manque de lits dans les hôpitaux les opérations sont repoussées avec les conséquences que l'on peut deviner un petit article pour nous dire ce qu'il en est