La gauche condamne, la droite et l’extrême droite applaudissent

Gérald Darmanin annonce la fin à venir du droit du sol à Mayotte

  • Publié le 12 février 2024 à 11:10
  • Actualisé le 12 février 2024 à 15:11

Gérald Darmanin a annoncé dimanche à Mayotte une révision constitutionnelle déjà controversée destinée à supprimer le droit du sol sur l'île de l'océan Indien, confrontée à une grave crise migratoire et à une situation sociale et sécuritaire explosive. Malgré les mesures présentées par le ministre de l’Intérieur, les manifestants n’avaient pas levé les barrages, dimanche soir, sur l’archipel, où le chaos règne depuis trois semaines.

Le 101e département français, que visite le ministre de l'Intérieur avec la nouvelle ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux, est paralysé depuis le 22 janvier par des blocages et des barrages routiers installés par des "collectifs citoyens" qui protestent contre l'insécurité et l' immigration incontrôlée.

"Nous allons prendre une décision radicale, qui est l'inscription de la fin du droit du sol à Mayotte dans une révision constitutionnelle que choisira le président de la République", a déclaré M. Darmanin à la presse dès sa descente d'avion.

"Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a-t-il ajouté, assurant que cette mesure "extrêmement forte, nette, radicale" et censée couper "littéralement l'attractivité" de l'archipel, sera "évidemment circonscrite à l'archipel de Mayotte".

Département français le plus pauvre de France, Mayotte est peuplé de 310.000 habitants, selon l'Insee - probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes - dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique.

La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 km. Beaucoup vivent dans des "bangas" (cases) insalubres organisés en bidonville.

En 2022, selon le ministère de l'Intérieur, 44% des enfants nés à Mayotte avaient deux parents étrangers et 38% au moins un parent français.

- "Mayotte en colère" -

Selon M. Darmanin, la fin du droit du sol à Mayotte permettra notamment de supprimer les titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone et dont les collectifs d'habitants en colère demandent la suppression.

La suppression de ce dispositif sera actée dans un projet de loi Mayotte bientôt déposé à l'Assemblée nationale, a-t-il précisé.

"Il faut que nous allions très vite", a commenté pour sa part Eric Dupond-Moretti, assurant ne pas avoir de calendrier.

Le nombre de titres de séjours émis à Mayotte diminuera de 90% avec ces nouvelles mesures et le durcissement du regroupement familial permis par la récente loi immigration, a précisé à l'AFP l'entourage de Gérald Darmanin.

Quelques centaines de Mahorais, notamment membres des collectifs bloquant l'île, attendaient à Mamoudzou l'arrivée des ministres, accueillis par des huées et aux cris de "Mayotte en colère".

Leur cortège s'est aussitôt rendu à une rencontre avec des élus et des habitants, et des échauffourées ont brièvement éclaté entre des manifestants qui tentaient de les suivre et les forces de l'ordre.

"Maintenant, on attend du concret (...) On n'a pas d'échéancier. La fin du visa territorialisé, c'est quand ? La loi Mayotte, elle s'applique quand ? Si ça se fait dans l'immédiat, on lèvera les barrages mais on ne veut pas que des mots", a réagi auprès de l'AFP Zafira Ahmed, syndicaliste Force ouvrière et membre des "Forces vives".
- "Wuambushu 2" -

"Les annonces sont très encourageantes mais on attend de voir les actes. Tout ça va prendre du temps et pour le moment, ça ne changera pas notre quotidien", a estimé une manifestante, Eirini Arvanitopoulou.

Saluant des "annonces fortes", le député LR de Mayotte Mansour Kamardine a demandé que la suppression du droit du sol à Mayotte soit inscrite dans le projet de loi constitutionnelle sur la Nouvelle-Calédonie, dont l'examen débutera en mars au Parlement.

La gauche s'est elle indignée de l'annonce de la fin du droit du sol, le PS annonçant qu'il s'opposerait à cette révision de la Constitution. "Après avoir brisé le tabou de la préférence nationale, la Macronie attaque la conception même de la nationalité, fondement de la République", a déploré l'eurodéputée LFI Manon Aubry.

SOS Racisme a fustigé une "remise en cause particulièrement spectaculaire du principe d’égalité".

La droite et l'extrême droite ont à l'inverse applaudit l'annonce de M. Darmanin. "Enfin !", a salué Eric Ciotti (LR). "Je dis bravo", a renchéri Marion Maréchal (Reconquête), qui a demandé l'extension de la mesure "à l'ensemble du territoire français".

Avant son arrivée, le ministère de l'Intérieur a annoncé la préparation d'une "nouvelle opération d'ampleur contre la délinquance et l'immigration illégale" et évoqué un "rideau de fer" maritime pour empêcher l'arrivée des clandestins. Il s'agirait de nouveaux outils technologiques et un engagement plus important des moyens maritimes, selon son entourage.

AFP

guest
5 Commentaires
parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mo
parce que vous Êtes gouvernés par Les Ratés En Mo
5 mois

Moussa darmanin est un menteur patenté :

Mayotte, la situation devient totalement hors de contrôle à cause d’une immigration folle, d’une véritable colonisation de ce qui est un bout de France.

Les oligarques du Conseil Constitutionnel casseront, aisément, la fin du droit du sol à Mayotte.

La vérité, on l’a compris, est que vient d’être installé de Mayotte vers l'Hexagone le même itinéraire de délestage que dans le sens villes-campagne. C’est la technique de Bison futé, mais celle de l’autruche butée et de l’âne bâté.

Pourquoi Moussa darmanin, macroniste, ne le fait-il pas pour la France Hexagonale, la fin du droit du sol

Moine
Moine
5 mois

Dis bien à nos chers politiciens de gauche, dans son discours pour le visa territorialisé li la parle de l hexagone. Nous, la reunion les portes sont ouvertes. Bientôt, tout ce beau monde sera chez nous. Déjà n'a point de logement, travail... pour nous, donc à nous les futurs barrages

JPA
JPA
5 mois

Qu'auriez vous fait face à une volonté manifeste du dictateur comorien de déstabiliser le contexte social de Mayotte en encourageant une émigration massive de ses ressortissants vers un territoire dont il n'a de cesse de revendiquer la propriété?
Tant que cette question migratoire n'aura pas été stabilisée, toutes les solutions de redressement envisagées jusqu'à lors n'auront aucun effet. La plupart des Mahorais dénonce cette immigration incontrôlée et nos belles âmes persistent à stigmatiser toute tentative d'agir encore plus efficacement contre cette problématique.
L'idéologie n'a jamais apporté aucune solution viable à aucune crise, faire preuve de lucidité et de pragmatisme ne signifie pas être raciste ou xénophobe. C'est pathétique d'avoir encore ces clivages vains qui vont encourager encore une fois les gens à voter pour une extrême droite dont personne ne connaît les réelles intentions et qui c'est sûr conduira le pays à sa perte!

Romuald
Romuald
5 mois

Remarquons que depuis l'arrivée de Macron à la tête de l'Etat, et malgré les coups de gueule de son ministre de l'Intérieur, les problèmes sociaux à Mayotte n'ont pas été réglés, qu'au contraire ils empirent de jour en jour.
Remarquons aussi que les relations de l'état français "démocratique" entretient en fait, d'excellentes relations avec le dictateur comorien.
Et enfin remarquons que la violence quotidienne à Mayotte n'empêche pas les passeurs de continuer à préserver leur dîme sur leurs compatriotes et coreligionnaires, que les propriétaires mahorais profitent sans complexe du dénuement des immigrés comoriens et autres africains fuyant guerres et misères et que les commerçants mahorais se font du fric comme jamais sur le dos de la population.
Crise ou pas crise, ce sont toujours les mêmes vautours qui se gavent... pendant que les plus pauvres se mènent une guerre fratricide où ils épuisent leurs forces.

Phil
Phil
5 mois

Quelle honte ... On voit bien qui applaudit ! Macronie = extrême droite ! De plus il ne s'agit que de mots , amis Mahorais ne soyez pas dupes !! Ce ne sera jamais voté , jamais appliqué !!!! Ce gouvernement est lamentable et arrive encore à nous surprendre ...