Tradition

Granmèr Kal i larg pa lo kor dovan Halloween

  • Publié le 31 octobre 2024 à 11:28
  • Actualisé le 31 octobre 2024 à 15:52

Longtemps marginale et diabolisée, la fête d'Halloween entre peu à peu dans les foyers réunionnais. Les jeunes générations sont attirées par cette fête commerciale aux origines celtiques. Granmèr Kal est contestée sur son territoire par les déguisements en tous genres et à la chasse aux sucreries sur le modèle américain, mé Granmer Kal i larg pa lo kor dovan Halloween (Photo : www.imazpress.com)

Dans l'Hexagone, la fête est d'abord importée par une française ayant vécu aux États-Unis. À la fin des années 90, les commerçants s'y intéressent sérieusement et impulsent un mouvement pour que cette fête soit célébrée chaque année en France.

Pour des raisons principalement religieuse, la mode ne prend pas à La Réunion. Halloween occupait jusqu'il y encore quelques années une place marginale. Elle était même diabolisée et considérée comme une fête impie, célébrant le diable.

Qu'on la considère comme une sorcière ou une esclave contrainte au suicide après l'assassinat de son bien aimé par des esclavagistes, Granmèr Kal avait par contre droit de cité dans toute La Réunion.

Les marmailles s'amusaient à avoir peur d'elle, mais les citrouilles et autres déguisement n'avaient pas leur place. Le déploiement d'internet et la place grandissante des réseaux sociaux, l'influence de la culture occidentale ont impose progressivement la mode d'Halloween dans les foyers réunionnais. Aujourd'hui, il devient de plus en plus courant de voir des enfants se déguiser et se lancer dans le porte à porte pour parfaire leur moisson de sucreries. 

- "In zafèr pou fé sort bébète" -

Et cela rapporte gros. Pour en attester, nous sommes allés à la rencontre de commerçants à Saint-Denis qui nous confirment qu'Halloween fait recette. Kumbo Assani, agent médiateur au centre commercial Maréchal center, explique que cette fête apporte "beaucoup de clients qui cherchent des déguisements". "Tous les commerçants et commerçantes sont contents de satisfaire les clients", poursuit-il.

Saïda, 19 ans, assure qu'elle ne fête pas cela en famille mais qu'elle va participer à une soirée organisée sur le thème d'Halloween. Une manière de "se détendre", lors d'une fête de plus en plus acceptée comme le prouve "le nombre de personnes dans les magasins."

Ainsi, Jessica, 39 ans, vendeuse, constate qu'Halloween est devenu un juteux business sur l'île, elle considère toujours qu'en tant que chrétienne, "il ne faut pas participer à ce type de fête, et respecter les traditions que nos parents nous ont transmises."

Un avis que partage Amandine, 32 ans. Selon elle, les traditions religieuses interdisent de fêter Halloween. "Sa sé in zafèr pou fé sort bébète, mi fèt pa sa moin" dit-elle.

A noter également que dans plusieurs commerces et mêmes établissements scolaires - le primaire en particulier -, les citrouilles, symboles d'Hallowen, côtoient les masques et des baba shifon à l'effigie de la sorcière / esclave préférée des Réunionnais.

Des nombreux enseignants profitent aussi de cette période pour explorer avec leurs élèves les contes et légendes de l'île toujours porteurs d'une réalité historique.

Granmèr Kal continue de faire de la résistance, et n'a visiblement aucune intention de céder la place sans combattre aux histoires venues d'Amérique.

Qui s'en plaidrait...

- Un peu d'histoire -

Même si Halloween n'est pas née avec l'oncle Sam, c'est en Amérique du Nord qu'elle devient la fête commerciale que nous connaissons aujourd'hui. Aux origines, il s'agissait de la fête celtique de Samhain, qui veut littéralement dire "la fin de l'été". En effet, il y a 2500 ans, les Celtes vivant sur le territoire actuel de l'Irlande et du Nord de la France, célébraient le début de l'hiver, une période souvent associée à la mort.

Avec l'expansion du christianisme, cette tradition païenne s'intègre dans les célébrations chrétiennes. L'Église catholique souhaitant faciliter la conversion des païens, elle conserve certains de leurs rites et coutumes, tout en les intégrant dans un contexte chrétien. C'est finalement au 8ème siècle que le Pape Grégoire III décide de déplacer la célébration de la Toussaint du mois de mai au 1er novembre.

C'est ainsi que la veille de la Toussaint, ou "all hallows' eve", deviendra Halloween. Au fil des années, avec l'introduction d'éléments de la religion chrétienne, de nouvelles traditions voient le jour. Les fidèles commencent à prier pour les âmes des défunts, en particulier celles censées être "en purgatoire", avant l'entrée au paradis.

Au 19ème siècle, Halloween est introduit aux Etats-Unis par les immigrants irlandais et écossais. Ils apportent avec eux leurs coutumes, leurs superstitions et leurs célébrations. C'est aux États-Unis que la fête prend la tournure commerciale que nous connaissons aujourd'hui. Inspirés par les légendes irlandaises, les Américains remplacent le navet sculpté par la citrouille, davantage cultivée outre-Atlantique.

Avec le temps, Halloween devient une fête centrée sur les enfants, les costumes, les bonbons et la décoration, bien éloignée de ses racines païennes.

pb/www.imazpress.com/[email protected]

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2 Commentaires
C974
C974
4 mois

Tarda va fèt Thanksgiving osi..la plupart demoune i fèt Halloween i koné menm pa lorijin halloween

francais
francais
4 mois

c'est juste une fête des commerçants !!!!