[PHOTOS/VIDÉOS] Échanges tendus entre la Semader et les locataires

Sainte-Marie : à peine sortie de terre, la résidence Karavel en péril

  • Publié le 16 février 2024 à 17:40

Livrée en octobre 2023 – soit depuis seulement quelque mois – la résidence pour personne âgées peine déjà à tenir debout. Victime du passage du cyclone Belal le 15 janvier dernier, l'immeuble a vu son toit s'envoler, des logements détériorés et surtout des résidents traumatisés. Raison pour laquelle la Confédération nationale du logement a demandé ce vendredi 16 février que soit pris un arrêté de péril imminent ou péril ordinaire. Une échange a d'ailleurs eu lieu ce jour entre locataires et bailleurs, dans une ambiance particulièrement tendue (Photos : sly/www.imazpress.com)

Pour Erick Fontaine, c'était un échange "nécessaire". "Mais l'on a bien vu au bout de quelques minutes que la Semader se désengage de tout et ils sont simplement gestionnaires. Ils ont une calculette à la place du cœur."

Il le dit, "il y a une rupture incroyable entre les locataires Réunionnais et ces bailleurs sociaux qui refusent d'écouter et de trouver des solutions".

"Je ne tolère pas que l'on loue un logement démontable, jetable. Des gens ont failli perdre la vie", lance Erick Fontaine de la CNL.

"Les locataires de la résidence de personnes âgées à Duparc Sainte-Marie sont encore traumatisés par cet événement qui aurait pu être tragique", lance-t-il. Écoutez :

Les locataires dénoncent eux "une forme de mépris de la part du bailleur".

"On n'a pas de réponses, nous sommes très en colère car il n'y a eu aucun geste de leur part après le cyclone", déplore Chantal dont le toit de l'appartement s'est envolé. Écoutez son témoignage :

La Semader dit "avoir entendu la colère de nos locataires", indique Frédéric Souverain, le directeur de la gestion locative. "On va tout mettre en œuvre pour que la situation se règle au plus vite et qu'on retrouve des locataires la prochaine fois que je reviens, serein et contents d'être dans leurs logements."

Désormais "on va voir ce que l'expert va nous dire puisque c'est surprenant qu'avec des vents à 150km/h des toitures se soient envolées".

- Un arrêté de péril pourrait être pris -

En tout, six personnes ont été relogées car leurs logements étaient devenus inhabitables.

"Il y a des bris de verres qui volent dans les coursives, dans les appartements et en bas il y a une crèche", s'indigne Jean-Baptiste De Pieretti, porte-parole des locataires.

"On est dans une insécurité permanente", clame-t-il. Écoutez :

Les locataires de cette résidence sont choqués et estiment ne pas avoir été entendus par le directeur de la Semader. "Les enfants ne sont pas contents et moi je suis traumatisée", lance une habitante de 62 ans. 

Sur place, Céline Sitouze, élue de Sainte-Marie et vice-présidente de Région. "Dans cette résidence il y a un bon nombre de personnes qui étaient isolés et pensaient débuter une nouvelle vie. Et là ils sont traumatisés et vivent dans l'angoisse."

À la demande de la mairie de Sainte-Marie et de la CNL, une demande de péril a été pris auprès du tribunal administratif.

"Nous avons fait une requête auprès du tribunal pour désigner un expert qui viendra constater les dégâts pour mettre en œuvre l'arrêté de péril ordinaire ou imminent", ajoute l'élu et son avocat, Maître Laurent Benoiton.

- Des logements neufs... qui ne tiennent pas -

De son côté, la Semader explique que le 16 janvier, lors de la levée de l'alerte rouge, "une équipe est venue constater les dégâts", précise le directeur de la gestion locative, Frédéric Souverain.

"Nous avons ensuite lancé la procédure de déclaration de sinistre en lien avec le promoteur", souligne-t-il.

Le bailleur confirmant que sur Sainte-Marie, la résidence Karavel "est la seule où la toiture est partie".

Un expert désigné passera d'ailleurs la semaine prochaine, expertiser le bâtiment et "dire ce qui s'est passé, les causes et les conséquences ainsi que les travaux à mettre en œuvre dans le cadre de cette assurance", poursuit le directeur de la Semader.

Le bailleur a précisé que les locataires ne payeront pas le loyer du logement sinistré, mais celui du logement où ils sont actuellement.

Ce à quoi les résidents ont répondu qu'ils souhaitaient payer le même prix que leur ancien logement, pas plus. Frédéric Souverain a déclaré, "nous étudierons au cas par cas".

Mais pourquoi un tel logement, si récent, voit son toit s'envoler ? "Il n'est pas normal que l'on néglige la qualité", s'insurge le député Frédéric Maillot.

La question qui se pose c'est : "comment moi qui ait vécu dans un logement construit au début des années 60, le bâtiment est très solide et là rien qu'en ayant vu les logements j'ai vu des malfaçons criantes".

"Qui contrôle la sécurité et surtout la qualité ?" demande-t-il au bailleur. "La qualité est exigée par la maître d'ouvrage et pour cela il est entouré de bureaux de contrôle, de maître d'œuvres qui confient ces travaux à des entreprises", explique la Semader. "Après l'architecte vient contrôler."

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
HULK
HULK
8 mois

Des scandales à répétition tout à fait habituels. C'est normal puisque l'on choisit le moins cher et le moins fiable.Mais qui s'enrichit? Certainement pas les locataires. Alors cherchez et vous trouverez.

Romuald
Romuald
8 mois

Petit rajout :

Cette résidence a été construite par le groupe Opale.

On peut lire sur son site :
« Bâtir durablement l'avenir », « Concevoir la ville et les projets immobiliers respectueux de l'environnement et adaptés aux habitants, tel est l'ADN d'Opale ! ».

et

"L'alliance des trois dimensions de mixité – fonctionnelle, sociale et intergénérationnelle – fait de la Résidence Karavel et du quartier Concorde des espaces uniques où la diversité est célébrée. Cette vision novatrice renforce la cohésion sociale, encourage l'inclusion et créé un environnement de qualité pour tous les résidents".

Confronté à la réalité que valent ces déclarations auto élogieuses ?

Romuald
Romuald
8 mois

Mépris de classe : dans les immeubles "sociaux" résident les pauvres, les travailleurs et les retraités pauvres.
A l'exploitation patronale, ces société immobilières rajoutent les économies criminelles sur les matériaux de construction avec les résultats qu'on constate aujourd'hui dans ces HLM.
"Construire" une société plus juste nécessite de démolir la société capitaliste !
Car on ne peut pas la réformer.
On ne peut pas demander aux capitalistes de faire un trait sur leurs bénefs !