Dans un peu moins d'un an, auront lieu les 11èmes Jeux des Îles de l'Océan Indien. Un évènement sportif très attendu par les athlètes, qui sera organisé par Madagascar, après le retrait des Maldives. Un temps fort de l'année sportive qui va mettre en lèr nos talents péi. Mais un temps fort qui soulève aussi des questions d'ordre éthique. D'un côté ce pays promet de déployer une débauche de moyens pour ces jeux, de l'autre, une majorité de la population vivant dans la pauvreté et le dénuement. (Photo jeux des iles 2019 ,photo RB imazpress )
Ces jeux des îles qui auront lieu à Madagascar en 2023 sont un véritable rassemblement des sportifs de l’Océan Indien. Près de 3.000 athlètes de 24 disciplines différentes devraient être de la partie.
Un évènement sportif qui rassemble au-delà des frontières et qui est un véritable atout pour la jeunesse malgache particulier et celles de tous les autres pays en géneral.
En toute logique d'ailleurs. Le sport est vecteur d’intégration sociale. Citons pour exemple l'histoire de Marcélia et Marianna, deux joueuses malgaches de rugby que nous avions pu rencontrer lors d’un rassemblement à Saint-André. Grâce au sport, elles ont pu chacune s’émanciper et voyager. Autre exemple, celui de Rosa Rakotozafy, double championne d’Afrique sur 100 mètres haies qui a participé aux Jeux olympiques de Sydney en 200 et d’Athènes en 2004.
Le président Andry Rajoelina a d’ailleurs fait du sport sa priorité nationale. Une bonne chose certes, surtout pour la jeunesse, mais il y a le reste, tout le reste.
- Pendant que certains feront la fête, d'autres resteront dans l'ignorance -
Selon la Banque mondiale, Madagascar fait partie des pays les plus pauvres au monde avec près de 81 % de la population qui se trouve avec un revenu journalier inférieur à 8.600 ariary par jour, soit 2 euros par jour. La Banque mondiale précise également que "la crise de la covid-19 a effacé plus d’une décennie de gains en matière de revenu par habitant et a amené le taux de pauvreté à un nouveau record".
Une crise largement aggravée par des sécheresses historiques dans le pays, une insécurité alimentaire et des aléas climatiques. Alors organiser les jeux c’est tout bien tout beau, mais que penser de ces millions d’habitants impactés par la sécheresse, face à des piscines olympiques toutes neuves construites exprès pour les jeux des îles ? Que penser de ces millions de malgaches qui meurent de faim chaque jour, face aux grands buffets qui seront certainement organisés en marge de ces jeux lors de soirées où seuls l’ensemble des nations, La Réunion comprise, seront conviées. Que penser de ces millions de gens qui n’ont plus le moindre lopin de terre suite aux passages de cyclones comme Batsirai, pendant que des millions d'euros seront déboursés pour rénover des infrastructures.
Que penser de ces jeux dont les compétitions se déroulent à des endroits différents du pays ? Que penser de ces multiples trajets en avion qui devront être effectués par les athlètes, à leur où justement la polémique autour des jets privés et de leur facture carbone fait polémique. Dans un pays où la sécheresse domine, accentuer encore plus le réchauffement climatique, cela n'est pas une très bonne idée.
Lire aussi - Madagascar : inondations, habitations détruites, la crainte d'une catastrophe humanitaire
Lire aussi - Madagascar : la famine ravage toujours le sud de la Grande Île
Lire aussi - Famine à Madagascar : 1,14 million de personnes en insécurité alimentaire
- Débourser, construire... pour délaisser -
Les infrastructures justement, parlons-en… Depuis près de deux années, Madagascar a multiplié son budget dédié au sport par treize, passant de 8 milliards d'ariary l'an dernier à près de 140 milliards. L’objectif, était en 2020, de construire 61 stades de football, deux piscines olympiques et 18 gymnases. Le président ne lésine absolument pas sur les moyens pour doter le pays de ressources conséquentes, à la mesure des ambitions fixées. Pour exemple, le stade Barea Mahamasina est désormais équipé d’une pelouse hybride et est capable d’accueillir 40.000 spectateurs. Ce même stade accueillera d’ailleurs les cérémonies d’ouverture et de clôture des 11ème Jeux des Îles de l’Océan Indien.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports a affirmé pour sa part que d’autres districts bénéficieront de ces fonds en 2023. Alors oui, développer le sport est vraiment un plus pour la jeunesse malgache, nous ne dirons pas le contraire, mais cela est-il vraiment une priorité ?
- Les nations de l'Océan Indien doivent se mobiliser -
Pour éviter que ces infrastructures ne tombent en ruine comme celles érigées en 2007 pour les précédents Jeux et afin d’éviter une nouvelle débauche d’argent pour tout reconstruire, La Réunion et les nations participantes ne pourraient-elles pas aider ?
Pour ce qui est de la coopération régionale dans l’Océan Indien post Jeux des îles, Nicolas Vouillon, représentant de la Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (Drajes) se veut rassurant.
"La coopération régionale a un outil qui s’appelle la commission jeunesse sport Océan indien", dit-il. "Une instance inter-étatique qui réunit les états de cette zone". Dans le champ du sport, "cela se traduit par des actions de formations, un véritable levier pour faire monter les compétences". Nicolas Vouillon explique, "grâce aux opérateurs du Creps qui ont une expertise poussée, cela permettra d’apporter une plus-value pour les autres États de la zone", et donc Madagascar.
Il conclut en disant que "l’idée est de pouvoir pérenniser la politique de coopération".
Alors, espérons que ces jeux des îles, événement très attendu par l'ensemble des sportifs et athlètes, ne fera pas oublier la crise sanitaire et humanitaire qui touche la grande majorité des habitants de la Grande île. Car gagner c’est bien, mais participer… c’est mieux.
ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com
Où MADAGASCAR trouve les fonds nécessaires pour réaliser ces jeux malgré la misère qui règne tous les jours dans ce pays.Au sud du pays on crève de faim et où la famine règne, et que viennent faire les jeux des Îles de l'Océan Indien dans cette Île aussi pauvre.Je ne comprends pas l'existence de ces jeux dans ce grand pays pauvre et qui se trouve dans un gouffre financier depuis son indépendance.Du grand n'importe quoi.
Boycotte des Jeux-Olympiques comme des Jeux des Îles de l'Océan Indien ; la possibilité de vie sur la planète s'effondre et certains trouvent à s'amuser à coup de milliards ' Du pain et des jeux, ou comment les bourgeois le deviennent en capitalisant sur la misère ; cela dit, nous sommes à l'époque de payer la facture, et ils vont tomber de plus haut que quiconque qui est déjà au plus bas !
'Il conclut en disant que "l'idée est de pouvoir pérenniser la politique de coopération". Depuis 40 ans on entend la même rengaine.En 1998 : https://www.humanite.fr/la-reunion-les-jeux-sont-faits-mais-rien-ne-va-plus-189280