Musique

Joy Dary signe "À l’aube" en collaboration avec Sskyron

  • Publié le 18 avril 2024 à 02:58

Le nouveau single de Joy Dary "À l’aube" est une ode tropicale qui fait la part belle à la richesse du métissage. D’origine réunionnaise par sa mère, celle qui a déjà deux Sakifo à son actif, mène son petit bout de chemin de l’autre côté de la mer depuis 32 ans, de manière totalement autodidacte. Une rencontre des plus passionnantes, annonciatrice d’un EP intitulé "Fragments" à paraître le 26 avril (Photo DR).

- Tu évolues depuis quelques années loin de ton île d’origine… Quel est ton parcours ? -

Je suis née en métropole et j’ai en effet des origines réunionnaises par ma mère qui était native de Saint-Louis et j’ai découvert l’île sur le tard suite à son décès en 2016 pour me rapprocher un peu d’elle et rencontrer les membres de ma famille que je ne connaissais pas. Côté musique, si on remonte un peu plus le temps, j’ai commencé à l’âge de 11 ans par la guitare, de manière autodidacte, et la composition de chansons est venue naturellement dans la foulée. À l’adolescence, j’ai intégré des groupes de musique dans lesquels on faisait majoritairement du rock, puis jeune adulte, je me suis lancée dans l’intermittence, et là, j’ai pas mal tourné en Bretagne à travers plusieurs projets afin de mûrir tant personnellement que musicalement. Avec le projet Joy Dary, j’ai pu composer en solo de A à Z, selon mes envies, sans faire de compromis comme c’est souvent le cas au sein d’une groupe.

- En 2014, tu intègres justement le groupe de reggae The Sunvizors et le succès immédiat t’a propulsée sur les routes des plus grands festivals français et européens…

J’ai tourné avec le groupe grâce auquel j’ai découvert le reggae, durant cinq années intenses partout en métropole et un peu à l’étranger. Pourtant à la base, je ne connaissais pas grand-chose à ce genre musical que j’ai appris à apprécier, et ce n’était pas ce vers quoi je tendais personnellement. Après The Sunvizors, il y a eu la crise-Covid durant laquelle je me suis beaucoup remise en question avec l’idée de plus en plus prégnante de monter mon propre projet d’abord appelé Joy D, puis Joy Dary à présent.

Quid du Sakifo… Signe que tu reviens plus souvent sous nos latitudes ?

Exact, en 2022 avec le projet Joy D ! J’ai rencontré l’équipe sur Paris lors du MaMA Festival qui regroupe plein de professionnels de la musique et qui fait figure de tremplin pour les artistes émergeants. J’ai par la suite signé en édition avec Sakifo Talents. Et ils m’ont programmée à nouveau aussi l’an dernier. J’ai également joué au Bisik et à chaque fois j’ai eu un accueil hyper chaleureux c’est toujours un réel plaisir de venir chanter à La Réunion et j’espère y retourner très bientôt.

- Après deux albums et plus de 300 concerts à ton actif, tu décides donc de te lancer en solo. Était-ce important de voler de tes propres ailes ?

Tout à fait, je fais de la musique depuis pas mal d’années, j’ai toujours travaillé en équipe avec des groupes où on décide et compose tous ensemble mais musicalement, je souhaitais passer un autre message, voir de quoi j’étais capable après tout ce temps. Je me rends compte aujourd’hui de mes capacités en la matière. Et rechanter en français c’était aussi important pour que les gens me comprennent parce que The Sunvizors était un projet entièrement en anglais tout comme le projet Joy D d’ailleurs. Mais finalement j’ai décidé de mettre mon nom complet, de chanter en français et de m’adresser vraiment au public, car c’est important pour moi de pouvoir communiquer avec les gens. D’ailleurs à la fin des concerts, j’apprécie toujours ces moments d’échanges concernant tel ou tel morceau, c’est quelque chose qui me manquait beaucoup auparavant.

- Tes influences éclectiques se ressentent dans des chansons à l’esprit soul et pop. S’agissant de ton single « À l’aube » sorti fin février, il est le fruit d’une collaboration avec Sskyron. Peux-tu nous raconter cette rencontre et était-ce selon toi essentiel de revenir aux sources ?

Cette rencontre a eu lieu grâce à l’équipe de Sakifo Talents. Je suis donc venue à La Réunion début 2023 en compagnie de mon arrangeur et bras droit Loïc avec pour objectif de composer des morceaux de l’EP. On est donc allé voir Sskyron dans son studio à Saint-Benoît avec le titre « À l’aube » dans sa version binaire. On s’est dit pourquoi pas le mettre en ternaire sur un rythme maloya, et du coup on a complètement déconstruit le morceau pour le reconstruire. Sskyron est très bon dans tout ce qui rythmique et on a énormément appris auprès de lui durant ces quatre jours passés ensemble. Par la suite, on a continué à travailler en studio à la Cité des arts. Ce qui est rigolo, c’est que ce titre a été composé à la base en Bretagne et terminé à La Réunion durant un laps de temps où il a plu énormément comme en clin d’œil au temps breton. Sur un plan plus personnel, ayant découvert l’île tardivement j’ai désormais cette sensation d’être enfin complète, comme s’il m’avait manqué un bout pendant toutes ces années…

- Tes textes en français portent des sujets abordés sans détour, dans lesquels tu dévoiles ton histoire avec finesse et poésie. Peut-on envisager un jour des textes en créole ?

Carrément. J’ai même en réalité dans ma besace déjà un morceau en créole que j’espère intégrer à un prochain album.

- Cet extrait est annonciateur d’un EP composé et écrit en solo… Un condensé de ton parcours ?

Tout à fait, cet EP intitulé « Fragment », composé de 6 titres sera disponible le 26 avril sur les plateformes de téléchargements mais aussi en vinyles qui ont d’ailleurs été pressés à La Réunion. J’y aborde des thèmes autour des voyages, de la mixité, du métissage ou encore du racisme, notamment dans le titre à paraître « Les pinceaux », ou encore de rébellion dans « Pas la même », ou des aléas de la vie dans « Juste un peu d’eau ». S’agissant de l’album, j’espère pouvoir le sortir l’année prochaine, certains morceaux nécessitant encore d’être travaillés et arrangés.

vw/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

Lien d’écoute vers "À l’aube" :

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