La "boutik ti-Joseph", dans un passé récent et encore aujourd’hui n'a pas été seulement le commerçant Chong-Si-Tsaon au rôle économique primordial, mais a également joué un rôle social essentiel pour la population du Portail, pareillement aux quartiers limitrophes. Un fonctionnement qui tend à perdurer. Forcément, les souvenirs nous reviennent en mémoire. (Photo photo RB imazpress)
Les faits sont indéniables, nombreux sont ces commerçants chinois, qui ont grandement contribué au développement de la Réunion. Et au Portail St-Leu, la famille Chong-Si-Tsaon a été la première a jeté les jalons d'un développement économique de l'époque. Alors qu'aujourd'hui, "la p'tite boutik" est devenue un espace spécialités indiennes, en vente d'épices, vêtements, décorations et des nombreux accessoires festifs, jouxtée à une grande quincaillerie.
Pour des nombreuses familles, la "boutik ti-Joseph " reste et restera à jamais gravée dans nos mémoires. Malgré que durant ces dernières années, la modernité a pris le pas. Et que ce nom "ti-Joseph" ô combien familier, tend à disparaître de notre vie quotidienne.
Je me souviens étant enfant puis adulte, que la "boutik ti-Joseph" de l’époque située au centre du Portail, n'a pas été simplement un magasin d'alimentation vendant des produits de base (riz, safran, gros sel, morue, snook, sardines robert, maïs, sosso, grains secs, sucre, l’huile, allumettes, l’eau de cologne, savon....). On y trouvait aussi bonbon miel, bonbon sec, colodent, bonbon millet, bonbons chemin de fer, bonbon l’arrow-root (la rouroute) loriots et plein d’autres choses.
Tandis que de l’autre partie de la boutique faisait office de mercerie, avec des rouleaux de toile vendus au mètre, installés sur des étagères, tissus d’ameublement, les accessoires pour la couture, rideaux, savates, chapeaux, chaussures, ceintures...etc. Juste à côté, une petite buvette était réservée que pour les adultes (po boir’ in’ p’tit kou sèk). La famille Chong-Si-Tsaon vendait aussi des matériaux de construction (Ciment, planche, madrier, fer....etc.).
- Les valeurs solidarité, entraide et confiance au cœur de la communauté chinoise -
Cependant, la boutique chinoise a surtout joué un rôle social important, puisque beaucoup de familles vivaient à crédit. Le carnet de crédit a joué un rôle primordial. Les marchandises achetées étaient inscrites à intérieur de deux carnets. Un carnet était chez le commerçant, l'autre du côté des clients.
D'ailleurs pour certains, le paiement de leur dette se faisait qu’après la campagne sucrière (les agriculteurs), d’autres à la fin de chaque mois, dès lors que leur paie acquise. Le concept de la famille Chong-Si-Tsaon a été le système micro crédit avant l’heure, et qui fonctionnait remarquablement bien. Parce que chacun faisait confiance à l’autre.
C'est ainsi que les habitants de ce lieu et quartiers avoisinants, Stella, Maduran, Bois-Nèfles, Piton... venaient s'approvisionner en marchandises diverses.
Il y a toujours eu ces valeurs de l'entraide et de solidarité, portée par cette communauté chinoise, qui se manifestent toujours, dont lors des périodes cycloniques où les sinistrés avaient besoins d'aide ou encore à l'occasion d'un décès et bien d’autres occasions.
Bref, aujourd’hui encore, on ne peut qu’affirmer que le fil rouge tissé par la famille Chong-Si-Tsaon, que ce soient Roger, André et les autres, à travers leurs supérettes, quincaillerie... ont toujours été alimentées par ces deux approches complémentaires, économique et sociale. C’est ainsi, que les associations caritatives de St-Leu trouvent régulièrement soutiens financiers et denrées alimentaires, auprès de ces commerçants renommés de la place.
Mais, au moment où les "boutik sinois" semblent vouer à disparaître lentement. L'occasion est venue de saluer le rôle crucial, que la communauté chinoise a joué et qui continue encore de jouer dans le développement socio-économique de la Réunion. Pour que l'oubli ne l'emporte pas.
Jean-Claude Comorassamy
Bonne fête de la lumière à vous tous ou bon Dipavali. Une manière de sortir du ténèbres......
60 ans environ en arrière, je revois Jean Claude habitant à Stella qui remontait le CD à pied pour rejoindre la boutique ti-Joseph pour acheter des "commissions " comme on l'appelait à l'époque. Son description est d'une exactitude incroyable, rien n'a été oublié....Malgré son jeune âge. Roger et famille doivent accueillir agréablement ce merveilleux compliment que bcp pensaient sans rien dire. Jean Claude a mis sur la place cette reconnaissance....qui aurait pu adresser ce message mieux que lui ?
La modernité grandissante ne doit pas nous faire oublier le passé. La boutique "ti-Joseph " est le modèle d'un savoir vivre ensemble et de solidarité....la culture de bonne humeur et du bon accueil fait partie de la famille Chong-Si-Tsaon dont Roger et André. Le Portail a toujours eu de la reconnaissance envers eux. L'article qui arrive à point en témoignage. Merci.