Après trois ans d’absence, la convention de tatouage de La Réunion revient à la Cité des Arts à Saint-Denis, de vendredi 28 à dimanche 30 octobre 2022. 75 artistes seront présents pour vous faire découvrir l’art du tatouage…et bien sûr vous tatouer. (Photo rb/www.imazpress.com)
Pour cette quatrième édition, une soixantaine d'artistes réunionnais, mais aussi d'autres venus de l’Hexagone, de Thaïlande ou encore d’Angleterre seront présents.
Pour se faire tatouer, deux solutions sont offertes aux intéressé.es : il était tout d’abord possible de prendre rendez-vous avec l’artiste de son choix pour un projet en particulier (chose qui n’est évidemment plus possible de faire en ce vendredi). Ou alors, il fallait simplement patienter et se rendre à la convention pour peut-être trouver chaussure à son pied pendant la convention. Ecoutez Pierrot, tatoueur professionnel et porteur du projet de la convention :
Les visiteurs pourront se balader entre les différents stands qui accueilleront les artistes, venus seuls, ou en équipe. Du minimalisme à l'ultra-réalisme, en passant par le old-school, il devait y en avoir pour tous les goûts.
« Pour l’organisation c’est assez rigolo vu que nous sommes beaucoup, avec nos personnalités et nos styles différents. On va devoir s’accorder en étant sur un seul stand. Le but reste de s’éclater et rencontrer des gens » explique Lou, gérante du salon Maison bleue à Saint-Denis, dont cinq des tatoueurs sont présents sur place.
Seul bémol lorsque l’on veut se faire tatouer un flash (un dessin déjà préparé et prêt à être tatoué ; ndlr) : le principe du premier arrivé, premier servi s’applique généralement.
En parallèle des tatouages, des concerts sont organisés les trois soirs, avec en tête d'affiche le groupe de métal français Mass Hysteria. Mauvaise nouvelle pour les fans de métal cependant : le concert est déjà complet. Des shows et animations tous publics rythmeront aussi le week-end.
Au total, plus de 1.000 personnes sont attendues pour ces trois jours de convention.
- Un art qui s’est démocratisé -
Si pendant longtemps, le tatouage a eu mauvaise réputation en Occident - celui-ci faisant cependant part intégrante de nombreuses cultures à travers le monde - il s’est largement démocratisé pendant les deux dernières décennies.
La Réunion n’est d’ailleurs pas épargnée par ce phénomène. « C’est assez impressionnant, on voit de tout : nos clients vont de 18 à 90 ans, sont de tous les corps de métier, de tous les genres. Il y a un énorme gap entre le tatouage à La Réunion il y a cinq ans et maintenant » détaille Lou, regardez :
Au fil des ans, c’est tout l’imaginaire autour du tatouage qui a évolué. « Avant on ne voyait jamais de nana dans une boutique de tatouage, alors que maintenant que ça s’est démocratisé, la moitié de nos clients si ce n’est plus sont des femmes » observe Pierrot.
Même constat du côté des artistes. « On a cette légitimité qu’on essaie d’atteindre en tant que femme, dans un métier qui était à la base quasi-exclusivement réservé aux hommes, qui est toujours là. Mais ça se passe plutôt bien, et peut-être que le fait qu’il y a plus de femmes tatoueuses fait qu’il y a plus de femmes tatouées » avance Lou.
Fut un temps où seuls prisonniers, militaires, ou circassiens - si l’on doit remonter jusqu’au 19ème siècle - osaient arborer des tatouages en Europe. Désormais, un Français sur 5 est tatoué, soit 20% de la population. Un chiffre qui a doublé en 10 ans. 16% des Françaises ont d’ailleurs au moins un tatouage : un chiffre plus élevé que chez les hommes, qui sont environ 10% à être tatoué, chose impensable il y a encore 20 ans.
« Au fil du temps, les techniques et les machines ont évolué, et on est capable de créer des choses éternelles et délicates, qui parlent peut-être un peu plus à la gente féminine » estime Lou.
- Une nouvelle réglementation qui plombe le tatouage -
Alors que le tatouage continue de se démocratiser, l’Union européenne a mis un coup de frein à sa phénoménale expansion : en 2021, certaines encres ont été interdites. En cause : un rapport affirmant que certains pigments présents dans les encres pourraient être cancérigènes. Malgré une forte mobilisation, notamment via une pétition qui a recueilli plus d’un million de signatures, elles ont été interdites à la vente dès 2022.
"Ils ont fait ça en se basant sur une étude publiée dans les années 70, qui disait qu'ils avaient un soupçon de toxicité sur des pigments qui se trouvaient à l'époque dans les colorations pour cheveux. Au lieu de faire une étude et d'écouter les professionnels ils ont passé cette loi" explique la gérante de Maison bleue :
"Résultat certains bossent dans l'illégalité parce qu'ils continuent de bosser avec les anciens pigments, parce que ces pigments on les connait contrairement aux nouveaux" explique Pierrot. "Dans 20, 30 ans on ne sait pas ce que ça va donner."
De nouvelles encres ont en effet été mises sur le marché pour remplacer celles qui ont été interdites. Si une tolérance a été accordée concernant ces dernières pour permettre aux professionnels d'écouler leurs stocks, les tatoueurs devront bientôt se contenter des nouvelles encres. Le problème, d'après eux, est que les nouvelles compositions sont inconnues, et que leurs effets à long terme le sont aussi.
Les tatoueurs voient par ailleurs le prix de l'encre s'envoler, ce qui aura, à termes, un impact direct sur le prix à payer pour un tatouage. Une bonne raison d'aller se faire tatouer rapidement, tant qu'il est encore temps.
Informations pratiques :
Vendredi (1/2 journée, de 14h à 19h/20h) : tarif unique de 8€
Samedi (de 10h à 19h/20h)* : 15€ le jour J / 12€ prévente
Dimanche (de 10h à 19h/20h) : 15€ le jour J / 12€ prévente
Pass 2 jours et demi : 24€. Disponible en prévente uniquement.
La Convention Tattoo est gratuite pour les moins de 14 ans. Le billet pour la journée du samedi ne donne pas accès au concert de Mass Hysteria. Les billets sont disponibles sur internet.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com