Habitat

Hausse des loyers, peu de logements sociaux, insalubrité : la CNL alerte (encore) sur la situation

  • Publié le 21 janvier 2024 à 15:50
  • Actualisé le 22 janvier 2024 à 07:25

Lors de leur conférence de presse du dimanche 21 janvier 2024, la confédération nationale du logement (CNL) déplore une année 2023 très difficile pour les locataires, soulignant la persistance des difficultés des années précédentes. Une année marquée par une augmentation des logements insalubres, une hausse de 2,5% des loyers, une insuffisance dans la livraison de nouveaux logements, ainsi que le classement de neuf communes de l'île en zone tendue (Photo d'illustration lc/www.imazpress.com)

Depuis le 25 août dernier, Saint-Denis, Sainte-Marie, La Possession, Le Port, Saint-Paul, Saint-Louis, l'Entre-Deux, Saint-Pierre, Le Tampon sont en effet en zone tendue. Concrètement, les résidents de ces zones, confrontés à une forte pression immobilière et à des loyers élevés, ont désormais la possibilité de quitter leur logement privé avec un préavis réduit d'un mois, par opposition aux trois mois requis précédemment. Il ne sera également plus possible pour le propriétaire d'augmenter le loyer entre deux locataires, sauf exception.

Malgré cette avancée, poussée par les parlementaires lors de la visite de l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne, l’année 2024 ne s’annonce guère meilleure pour les locataires, avec "une nouvelle augmentation des loyers de 2,5%, soit 5% en deux ans, des prix de loyers qui dépassent les capacités financières des locataires, la persistance des logements insalubres, et une pénurie du parc immobilier" fustige Erick Fontaine, administrateur de la CNL à La Réunion.

- Une pénurie des logement sociaux -

La CNL a par ailleurs enregistré au cours des six dernières années, une augmentation de 53% des demandes de logement social, atteignant 44 000 demandeurs en 2023. En revanche, le nombre de livraisons a chuté de 55%, totalisant 1 613 livraisons.

"A titre comparatif en 2017, on comptabilisait 2 909 livraisons", détaille Erick Fontaine. Cette situation, qualifiée de catastrophique par Erick Fontaine, engendre des situations inédites, "nous avons de plus en plus de demandeurs de logements sociaux qui occupent illégalement des logements sociaux vacants, une réalité qui n'existait pas il y a quelques années" souligne-t-il.

"Sur les 24 communes que compte La Réunion, seulement huit respectent l’obligation de construire des logements sociaux", assure Erick Fontaine. En effet depuis décembre 2000, la loi SRU (Solidarité et renouvellement urbain), impose aux villes de plus de 3 500 habitants de disposer d'au moins 20% de logements sociaux, voire 25% dans certains cas. 

"Les communes ne respectant pas la loi préfèrent payer une amende, provoquant ainsi une perte de 10 000 logements pour les Réunionnais" estime l'administrateur.

La CNL pointe également des signes d’insalubrités dans 146 immeubles neufs de moins de 10 ans, affectant un ou plusieurs logements ainsi que les parties communes.

Erick Fontaine souligne par ailleurs que le mal-logement ou le manque de logements affectent également les salariés. Pour avoir accès à un logement social, le bénéficiaire ne doit pas dépasser un certain seuil de ressources fixés chaque année par décret. Or, les salariés, voient leur salaire jugé soit trop élevé pour avoir accès à des logements locatifs très sociaux (LLTS), soit trop faible pour accéder aux logements locatifs sociaux (LLS).

"Certains sont obligés de dormir dans leur voiture, parfois avec leurs enfants et certains se retrouvent à la rue" déplore Erick Fontaine. Les travailleurs se retrouvent ainsi exclus du système de l’attribution des logements sociaux.

- Des pistes à explorer -

Parmi les solutions avancées par la CNL, elle souhaite promouvoir l’échange de logement. Ce dispositif permet l'échange de logements entre locataires, sur leur demande, sous trois conditions : les deux logements doivent appartenir au même propriétaire et se situer dans le même immeuble, l'un des foyers doit avoir au moins trois enfants, et l'échange doit permettre à la famille la plus nombreuse d'obtenir une surface plus importante.

Erick Fontaine souligne : "à notre connaissance, un seul échange de logement a eu lieu à ce jour à La Réunion. Cette option demeure méconnue, bien que les bailleurs ne puissent la refuser". Marie Paule Babas a été la première et la seule à bénéficier du dispositif. Elle nous explique la démarche. Ecoutez :

Certaines personnes se retrouvent elles avec des logements sous-occupés, c'est-à-dire offrant une surface trop importante par rapport à leurs besoins. La loi stipule qu’en cas de sous-occupation le bailleur peut proposer au locataire un nouveau logement correspondant à ses besoins, avec un loyer moins élevé et une aide à la mobilité prise en charge par le bailleur. 

Pourtant, "l'aide à la mobilité n'a jamais été financée par un bailleur social à La Réunion, parfois ils ne connaissent même pas cette aide", déplore Erick Fontaine.

Cela fait deux ans que cette habitante de La Réunion, Marie-Estelle Thiancourt, demande un logement avec une surface plus petite, habitant actuellement dans un T5. Elle craint aujourd'hui de se retrouver endettée. Ecoutez :

Entre inflation et stagnation des salaires, de plus en plus de personnes pourraient avoir besoin d'un logement social. Mais La Réunion étant en retard sur la question depuis de nombreuses années déjà, la CNL appelle aujourd'hui toutes les communes à s'impliquer.

lc/www.imazpress.com /redac@ipreunion.com

 

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