Le nombre de loyers impayés en hausse

4 Réunionnais sur 10 impactés par la crise du logement à La Réunion

  • Publié le 10 mai 2023 à 12:48
  • Actualisé le 10 mai 2023 à 18:49

Ce mercredi 10 mai 2023, à la veille de l'arrivée sur notre île de cinq ministres, dont celui du logement, la Fondation Abbé Pierre de l'île de La Réunion et de l'Océan indien a tenu à rappeler ce fléau qui touche de nombreux Réunionnais, à savoir le mal-logement. Quatre Réunionnais sur dix sont impactés par la crise du logement. Un accent particulier a également été mis cette année sur la situation des femmes mal-logées.

"On estime qu'il y a quatre Réunionnais sur dix qui sont impactés par la crise du logement dont 140.000 mal-logés, dépourvus de logement ou qui vivent dans des conditions d'habitat très difficiles", déclare Matthieu Hoarau, président de la Fondation Abbé Pierre Réunion et Océan indien.

Sur ces 140.000, 30.000 sont dépourvus de logement personnel, dont environ 1.000 personnes à la rue. 75.000 vivent dans des conditions de logement très difficiles du point de vue confort (sans eau, sans toilettes).

Parmi ces personnes ayant des difficultés, nombreuses sont celles qui n'arrivent plus à financer leur logement. "On le rappelle, la principale dépense dans le budget des ménages c'est le logement. On rencontre des familles qui consacrent 50 à 80 % de leur budget au paiement des loyers", dit-il. "En l'espace de cinq ans, le prix des loyers a pris 21% d'augmentation et 6% l'année dernière. Une situation dramatique."

À La Réunion, le nombre d'impayés concerne 6.000 ménages (soit près de 13.000 personnes). "Un chiffre qui a augmenté de 47% en un an." Ce qui a provoqué 1.600 assignations au tribunal. Mais également, 471 demandes d'expulsion, dont 174 validées par le préfet et 57 mises en œuvre. Cependant, pour Matthieu Hoarau, "ce chiffre est à prendre avec des pincettes car nombreux sont ceux qui, par peur ou par pression du propriétaire ont quitté leur logement et se retrouvent sans rien". 

"Il y a un vrai sujet sur la prévention des expulsions locatives et un vrai sujet sur comment on travaille sur le coût du logement."

Le nombre de personnes qui fréquentent les accueils de jour du réseau de la Fondation Abbé Pierre, a également doublé (991 personnes en 2019 contre 1.845 en 2022).

Une crise immobilière de ces publics précaires qui s'explique également par la baisse de 38% de la production des logements sociaux en un an avec 1.361 logements livrés en 2022, ce qui représente le plus faible niveau des cinq dernières années. Une chute de production qui inquiète la Fondation et qui risque de ne pas s'améliorer avec la hausse des prix.

- Les femmes davantage exposées aux difficultés de logement -

À La Réunion, les femmes sont particulièrement victimes du mal logement. "Un an de galère et de calvaire", témoigne une femme de 50 ans. Une femme obligée de vivre cachée, sur le front de mer de Saint-Pierre." Quand on est dans la rue on a toujours des problèmes, on survit", dit-elle. Mais grâce à la maison relai, elle a pu trouver un toit. "Quand j'ai ouvert la porte, une fois, deux fois, trois fois… je me suis dit c'est ma porte."

"Lorsque l'on est une femme on est plus vulnérable sur les questions de précarité et de mal-logement", souligne Matthieu Hoarau.

Dans notre département, dans des familles monoparentales, 98% d'entre elles sont des femmes. "Elles se retrouvent souvent dans des situations d'impayés de loyers suite à une séparation ou la perte d'un conjoint", précise le président de la Fondation à La Réunion. "Le risque de se trouver à la rue ou en hébergement d'urgence est encore plus important pour les femmes."

61% des femmes cheffes de famille vivent sous le seuil de pauvreté, contre 44% des hommes en familles monoparentales. une demande d’hébergement d’urgence sur 3 faites au 115 concerne des femmes seules avec enfants et 54% des ménages pris en charge à l’hôtel en 2021 sont des femmes victimes de violences conjugales.

"On a des femmes que l'on rencontre dans la rue, mais la plupart sont invisibles car elles se cachent, parce que la rue est violente et parce que les lieux que l'on a ne sont pas forcément adaptés pour se sentir en sécurité."

Une situation majeure qui nécessite que cela soit une priorité politique portée localement et au niveau national.

- Le logement, une priorité -

Pour Matthieu Hoarau, président de la Fondation Abbé Pierre à La Réunion, la visite de la Première ministre et d'Olivier Klein, ministre du logement, est une visite très attendue. "Nous espérons que le logement sera une des priorités de ce déplacement", a-t-il déclaré.

"On espère que la question du logement d'abord va pouvoir être véritablement pilotée parce qu'on a une montée du nombre de personnes qui fréquentent nos accueils de jours." Et surtout, "de nombreuses personnes n'ont pas de réponse du 115".

Matthieu Hoarau ajoute, "il y a un vrai enjeu à redynamiser la production des logements très sociaux et un plan de lutte contre l'habitat indigne".

Autre enjeu, "travailler sur la régulation des prix du marché". "On souhaite que l'encadrement des loyers puisse être déployé dans les Outre-mer".

"Ce que l'on demande, c'est une réelle politique de mise en œuvre et une réponse à l'hébergement sur le territoire. Aujourd'hui, il y a une vraie défaillance pour répondre aux besoins des Réunionnais impactés par la crise économique", ajoute Matthieu Hoarau.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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