Les tractations n'en finissent plus au Nouveau Front Populaire. Et plus le temps passe, plus les tensions abîment ce que les partis de gauche ont réussi à construire en l'espace de seulement quelques jours. Au risque de décevoir leurs électeurs, qui s'impatientent toujours plus. Les coups d'éclats et les clashs des différents dirigeants, dans la presse et sur les réseaux sociaux, n'aident pas à calmer les choses (Photo AFP)
Pas toujours facile d'être de gauche. Après le soulagement du 9 juillet, où le NFP a fait mentir les sondages et est arrivé en tête aux législatives anticipées, les aspirations des différents partis de l'union semblent parasiter la composition du gouvernement.
Si lle NFP s'est mis d'accord sur un nom pour la présidence de l'Assemblée nationale, en présentant la candidature du député communiste André Chassaigne, ils n'ont toujours pas trouvé leur candidat.e pour Matignon.
Les sentiments sont partagés chez les député.es de gauche à La Réunion. Entre impatience et compréhension, les parlementaires oscillent entre "il faut proposer un nom" et "un gouvernement ne se monte pas en dix jours".
"Je comprends l'impatience des électeurs et des militants. Mais nous ne sommes pas en train de choisir le délégué de la classe, c'est une décision éminemment importante" réagit Emeline K/Bidi, députée de la 4ème circonscription, interrogée par Imaz Press Réunion.
"Les élections ont eu lieu y'a un peu plus d'une semaine, c'est normal que le processus prenne du temps" souligne l'élue.
Un avis partagé par Philippe Naillet, député de la 1ère circonscription : "Il faut arriver à construire un gouvernement qui dure plus de trois semaines, c'est ça la première chose qu'il faut dire."
"On veut changer la vie des gens et porter une autre politique, sur la base du programme du NFP, et pour cela, il faut un peu de patience pour composer un gouvernement qui soit en capacité de survivre plus de trois semaines" estime l'élu.
Pour ce dernier, "chaque avancée sera un combat, ça demande un peu de temps, beaucoup de travail, d'intelligence collective". "Ne réagissons pas sous la pression" plaide-t-il.
Il appelle ainsi à "un peu de patience". "On est 190 députés, il faut arriver à constituer un gouvernement, trouver des soutiens au sein de l'Assemblée pour qu'on puisse mettre en œuvre le programme, et ça ça ne peut pas se faire en 10 jours."
- Le regret Bello -
Pour Frédéric Maillot, député de la 6ème circonscription, il y a "le temps de la négociation" et le temps pour "trouver un accord".
"On se doit d'être à la hauteur des attentes des électeurs et se rappeler du "ouf" de soulagement qu'on a eu le soir du deuxième tour. Il faut maintenant proposer un nom qui fasse consensus" estime-t-il.
Le refus du Parti social de proposer Huguette Bello reste par ailleurs incompréhensible pour ce dernier. "Cela aurait pu marquer l'histoire à plein d'égards : une femme de gauche, féministe, ultra-marine…On est un peu passé à côté de l'histoire" regrette Frédéric Maillot.
"Là où on négocie, on perd tous un peu. Il faut qu'on sorte un nom qui fasse consensus chez tous les partis" presse-t-il.
Pour Karine Lebon, le refus du PS de proposer Huguette Bello à Matignon est "assez incompréhensible". "Depuis il n'y a aucun nom qui porte l'adhésion. Je me demande s'il ne serait pas temps de remettre son nom sur la table ?" s'interroge-t-elle.
Face à la résistance du côté du PS, Huguette Bello avait décidé de "décliner sans plus attendre l’offre" qui (lui) a été faite de soumettre (son) nom au Président de la République" pour occuper le poste de Première ministre.
La présidente de la Région Réunion a annoncé sa décision dans un communiqué publié à la mi-journée ce dimanche 14 juillet 2024. Huguette Bello soulignait avoir décidé de décliner l'offre a avoir avoir constaté que sa candidature potentielle "ne fait pas l’objet d’un consensus entre toutes les composantes du Nouveau Front Populaire, et notamment qu’elle n’est pas soutenue par le parti socialiste".
"Garantir l’unité du Nouveau Front populaire est indispensable. La situation de la France l’exige. L’esprit de responsabilité le commande" a appuié la présidente de Région avant de déclarer "dans ces conditions et soucieuse d’un accord rapide au sein du NFP, j’ai décidé de décliner sans plus attendre l’offre qui m’a été faite".
- Un vote des députés ?
Emeline K/Bidi soutient l'idée d'une proposition d'un nom qui ne soit pas issu "des organisations politiques" du NFP. "Huguette Bello aurait pu faire consensus s'il n'y avait pas les tensions locales."
Le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), avec lequel elle siégeait lors de son dernier mandat et avec qui elle devrait de nouveau siéger, a donc proposer un vote avec la totalité des députés NFP pour trancher la question.
"Pour sortir de cette crise, il faut remettre la démocratie au centre et laisser le choix aux députés, tout en ne perdant pas de vue que le dernier mot appartient à Emmanuel Macron" estime la députée. "Mais je crains que les discussions n'aboutissent à une fin de non-recevoir, peu importe le nom que nous proposerons" devine-t-elle, alors que le parti présidentiel veut tout faire pour empêcher la gauche d'accéder à Matignon.
Une idée de vote à laquelle Frédéric Maillot est favorable, à condition que cela se fasse "sans les sénateurs, qui n'ont pas subi la dissolution".
Karine Lebon, et, elle, un peu plus prudente sur la question. " L'idée du vote est intéressante, en revanche j'ai peur que ça affaiblisse la légitimité de notre proposition" craint-elle. "Admettons que notre candidat.e ait reçu 50 votes contre : c'est quelque chose que l'opposition n'hésitera pas à utiliser contre nous."
"Je ne désespère pas qu'on y parvienne, il faut redonner la main aux députés et que les partis se mettent un tout petit peu de côté pour avoir plus de compromis" dit Emeline K/Bidi.
- Chamailleries et invectives -
Le comportement des dirigeants du NFP, qui s'étalent ces derniers jours dans la presse et s'invectivent via les différents sociaux, fait aussi grincer des dents du côté des électeurs. Pour certains militants, qui ont consacré du temps à la campagne électorale, ces prises de bec ne sont pas à la hauteur des enjeux.
"Je suis plutôt d'accord avec les militants, on a tous des différends, en revanche, le linge sale ça se lave en famille, on ne l'étale dans la presse et sur les réseaux sociaux" tacle Karine Lebon.
"On a largement laissé transparaître nos désaccords, et ça affaiblit notre mouvement. C'est normal d'avoir des différends, qui ne sont d'ailleurs pas insurmontables, mais il faut en discuter en privé" considère-t-elle.
Ces chamailleries, qui se font sur la place publique, "donne l'impression d'un immense bazar alors que ces discussions devraient avoir lieu a huis-clos" regrette de son côté Emeline K/Bidi.
"Ces disputes m'agacent bien plus que le temps que nous prenons à trouver un ou une candidate. Nous avons quatre organisations politiques qui ont toutes des aspirations, avec des différends sur des points importants, il est normal d'avoir des désaccords. Mais ce ne sont pas des discussions à avoir en public" croit-elle.
Un comportement qui décrédibilise le mouvement, mais surtout qui montre un certain manque de respect vis-à-vis des électeurs de gauche. Nombre d'entre eux se sont mobilisés pour une campagne expresse, difficile et qui semblait perdue d'avance.
Les guerres d'égo auxquelles nous assistons aujourd'hui sont très loin d'être à la hauteur du moment, et ne font que prouver raison à Emmanuel Macron, qui pariait – et parie toujours – sur l'explosion de la gauche.
Quoiqu'il en soit, la gauche n'a désormais plus vraiment le choix : la présidence de l'Assemblée nationale doit se voter ce jeudi. Un accord sur le ou la candidat.e à Matignon devra donc être trouvé, quoi qu'il en coûte, ce jeudi. L'élection au perchoir leur permettra peut-être d'y voir plus clair.
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Madame Bello a Matignon c'est le kiff. Nou aime ça. Une élue compétente et intègre
Bello la point le charisme pour être 1 er ministre il faut arrêter d essayer de faire monté cochon du pied prune
Il faut trouver une solution ça devient grave pour la démocratie et surtout décevant pour notre vote contre le RN
Attendons de voir qui sortira comme président de l'assemblée nationale. Je suis presque certain que sera Yaël Braun-Pive. Il est presque sûr qu'elle peut compter sur le vote du député Maillot en sa faveur.
Le choix de Mme BELLO serait une chance pour la Réunion.