Ce mercredi 31 août 2022, l'Insee a dévoilé les chiffres d'une étude sur la pauvreté à La Réunion. Évoquant que 20 % des adultes sont pauvres dans la durée. Toutefois, l'étude se veut optimiste, montrant, chiffres à l'appui que les sorties de la pauvreté sont plus nombreuses que les entrées et qu'entre 2015 et 2018, le taux de pauvreté baisse de trois points. Cependant, les choses ont bien changé depuis, la crise sanitaire comme l'inflation sont passées par là, et surtout derrière les chiffres, il y a des gens (Photo : rb/www.ipreunion.com)
Donc si les chiffres se veulent être dans une dynamique positive, la réalité et surtout le ressenti sont tout autres. De nombreux Réunionnais, même s’ils ne se situent pas forcément sous le seuil de pauvreté, n’arrivent pas à joindre les deux bouts, qu’ils soient en couple, avec ou sans enfant et au chômage ou en activité salarié. Si l’étude de 2015 à 2018 montre que l’emploi et l’union favorisent la sortie de la pauvreté, en 2022, la situation n’est plus forcément la même.
Prenons l’exemple d’un couple, avec un enfant. Le couple, dont l’homme a une activité salariée et la femme en recherche d’emploi peinent à s’en sortir chaque mois. Loyer, factures, courses… les comptes sont souvent dans le rouge, et avec l’inflation cela n’est pas près de s’arranger. Et pourtant, me direz-vous, au vu de sa situation, le couple ne devrait pas se trouver en situation de pauvreté. Et bien si, car malgré certaines aides, le couple n’est pas suffisamment riche pour vivre convenablement et malheureusement pas suffisamment pauvre pour pouvoir toucher les aides sociales.
Et face à l’inflation qui, comme le précisait Bruno Le Maire, ne devrait pas s’arranger avant 2023, l’augmentation du coût de l’énergie et des produits de consommation, la population va encore devoir faire face à des dépenses toujours plus élevées. Vie chère, octroi de mer, coût des produits de consommation… Hormis le carburant qui, enfin baisse en ce jeudi 1er septembre, tout est plus cher à La Réunion.
Lire aussi - À La Réunion, 20% des adultes sont pauvres
Lire aussi - A La Réunion comme ailleurs, la précarité ne prend jamais de vacances
- Beaucoup de pauvres, restent pauvres… -
Selon les premiers chiffres de l’étude, l’emploi, l’union et la fin de vie professionnelle peuvent amener la population à sortir de la pauvreté. Mais comme le dit l’Insee, si 23 % sortent de la pauvreté, 40% restent pauvres, car en effet, même si trouver un travail est une bonne chose, ce n'est malheureusement pas avec les maigres salaires que nombreux perçoivent, que l'on peut s'en sortir dignement. Et c’est en effet là que chiffres et réalité se rejoignent, car si trouver un travail permet de s’en sortir, on le sait, de nombreuses familles dans lesquelles les deux membres du couple travaillent, n’arrivent plus à terminer leurs fins de moi et doivent donc de sacrifier. Plus de restaurant, moins de sorties en famille… les petits plaisirs du quotidien se font plus rares.
Dans la majorité des cas néanmoins (56 %), la perte d’un emploi ne provoque pas une entrée dans la pauvreté, grâce à la perception d‘allocations chômage suffisamment élevées. Allez donc dire cela aux personnes au chômage. Car ce n'est pas avec les allocations chômage que l'on faire vivre sa famille.
Pour nos gramounes, si entre 2015 et 2018, la fin d’activité professionnelle marquait une sortie de la pauvreté, la réalité désormais est totalement différente. On le sait, combien de nos gramounes sont sous le seuil de pauvreté, combien de nos gramounes, qui, pourtant ont travaillé dur toute leur vie, passent leurs dernières années de vie à se priver, à sauter un repas ou à ne pas pouvoir offrir à leurs enfants un avenir digne de ce nom. Si certains s’en sortent avec le minimum vieillesse évalué à près de 915 euros par mois, pour la majorité, ils n’ont pas de quoi faire leurs courses chaque moi. Et malheureusement pour eux, ils ont peu de chances de voir leurs revenus évoluer à l’avenir et sont donc condamnés à vivre jusqu’à la fin de leur vie dans la pauvreté.
Lire aussi - Le difficile quotidien des retraités réunionnais
- Une coopération pour faire front -
Grâce à cette étude toutefois, les acteurs sociaux de La Réunion ont pu prendre conscience des difficultés des Réunionnais. Sophie Arzal, vice-présidente du Département le reconnaît, "l’étude vise à approfondir la connaissance dans la lutte contre la pauvreté". Une pauvreté contre laquelle le Département s’engage à lutter. "On doit renforcer la politique d’aller-vers pour détecter les mesures d’urgence sociale", explique Sophie Arzal. Mais également renforcer l’insertion pour l’emploi.
L’emploi étant l’un des facteurs permettant de réduire le sentiment de pauvreté, l’objectif pour la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), est de savoir ce qui fait que la personne sorte ou entre dans la pauvreté. Comme l’explique Damienne Verguin, directrice, "l’emploi qualifié permet de sortir de la pauvreté". Pour ce faire, l’État met en place plusieurs leviers, dont le développement des entreprises, soutenir l’économie, la formation professionnelle et l’insertion. "L’ensemble de ces travaux concourt à améliorer l’emploi et à réduire la situation de pauvreté", indique la directrice de la DEETS.
Face à cette pauvreté dont le sentiment est grandissant, la Caisse d’allocations familiales s’engage. "La lutte contre la pauvreté est l’ADN de notre système social", explique Frédéric Turblin, directeur de la Caf. "L’objectif étant pour nous, de prévenir au plus près du fait générateur pour éviter cette bascule dans la pauvreté", dit-il. Il ajoute, "on veut faire en sorte que la pauvreté soit moins lourde à porter pour les Réunionnais". Il le sait, "c’est généralement un cumul de problèmes qui font que la personne bascule dans la pauvreté".
Pour ce faire, la Caf met déjà en place plusieurs dispositifs comme la prime de naissance, le recouvrement des impayés des pensions alimentaires et la prime d’activité. "Il faut aller vite et faire mieux pour éviter que les difficultés ne se cumulent", conclut Frédéric Turblin. À La Réunion, 95.000 personnes sont bénéficiaires des aides de la Caf.
Si le gouvernement promet de trouver des réponses rapides aux problématiques et si la coopération des acteurs sociaux est la bienvenue, difficile d’imaginer que l’expansion du bouclier qualité prix ou l'emploi résoudra réellement les difficultés auxquelles font face la population.
ma.m/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com
La pauvreté ne se trouve pas dans les chiffres ou études, mais dans l'existence réelle et quotidienne des familles (le regard, le retrait social, l'isolement, la honte, la violence, la déprime, l'échec, la culpabilité, etc.)Beaucoup sont payés pour s'exprimer sur la pauvreté, mais combien d'entre eux on vécus une fois de leurs existence, cette pauvreté sociéto-existentielle.
L'étude de l'Insee manque de contexte car, effectivement, depuis il y a eu la crise covid et celle de l'Ukraine. Mais l'Insee n'est pas en train de dire qu'il y a actuellement de moins en moins de pauvres à La Réunion. Il y a simplement eu une légère amélioration entre 2015 et 2019, point. C'est gratuit de tacler comme ça. Y'a pas plus fiable que l'Insee en termes de stats. Il faut rappeler que l'Insee n'est absolument pas politisé et n'a rien à gagner à mentir.
Tout le monde sait que cet organisme n'a plus aucune crédibilité ...