Déraillement

Soutenus et encouragés par leur patron, des policiers exigent d'être au-dessus des lois

  • Publié le 25 juillet 2023 à 11:48
  • Actualisé le 25 juillet 2023 à 15:39

Certains policiers voudraient-ils être au-dessus des lois ? Si l'on s'en réfère aux propos tenus par le directeur de la police nationale ce dimanche 23 juillet 2023, le principe d'égalité ne devrait en effet pas concerner les membres des forces de l'ordre, et ce même s'ils sont suspectés d'avoir "commis des fautes dans l'exercice de leur fonction". En dénonçant le placement en détention provisoire d'un policier soupçonné d'avoir roué de coups un jeune à Marseille, ce dernier bafoue au passage les principes de séparation des pouvoirs et d'indépendance de la justice. Une dérive inquiétante, qui ne semble pas déranger grand monde du côté du gouvernement, bien au contraire. Cela même si Emmanuel Macron a déclaré ce lundi qu'"il faut être intraitable lorsqu'il y a des débordements et lorsque la déontologie n'est pas respectée", "dans la République personne n'est au-dessus des lois"

"Je considère qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail" a déclaré ce dimanche Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale, dans les pages du Parisien.

Avec ces propos, le grand patron des policiers étrille tout d'abord le principe pourtant essentiel – et constitutionnel – de la séparation des pouvoirs. Sans que personne ne réagisse du côté du ministère de l'Intérieur, ni du côté de celui de la Justice. Pire, les proches de Gérald Darmanin ont fait savoir sa "très grande confiance" envers Frédéric Veaux. Eric Dupont-Moretti est lui toujours silencieux, reste à savoir s'il désavouera ses magistrats ou son collègue de gouvernement.

Le patron de la police indique de fait, dans cette déclaration, que les policiers ne sont donc pas égaux aux citoyens face à la loi. Un point de vue semble-t-il partagé par la section réunionnaise du syndicat UNITESGP, qui revendique un "statut spécifique du policier mis en examen".

Interrogé par Imaz Press Réunion, le syndicat estime que "dès lors qu'un policier est mis en cause dans une affaire en lien direct avec l'exercice de ses missions, ce dernier ne doit pas faire l'objet d'une détention provisoire". En oubliant semble-t-il qu'être policier est une circonstance aggravante quand on enfreint la loi, et non un passe-droit.

UNITESGP estime concernant la détention provisoire prononcée qu'il "n'y a aucun risque de trouble à l'ordre public, ni d'exercer de pression et il présente des garanties de représentation". "Un simple contrôle judiciaire n'aurait absolument pas compromis la sérénité de l'enquête" ajoute-t-il.

Du côté d'Alliance police, on considère que "la détention c'est pour ceux qui risquent de ne pas se présenter aux convocations de la justice ou peuvent être dangereux. Ce qui n'est pas le cas de notre collègue".

Des déclarations curieuses : ces derniers n'ont normalement pas accès au dossier et ne connaissent pas le policier écroué. Comment affirmer avec autant d'aplomb que ce dernier ne représente aucune menace ? Celui-ci étant tout de même accusé d'avoir roué de coup un jeune qui a écopé de 60 jours d'ITT, d'un crâne partiellement enlevé, d'une fracture de la mâchoire et d'une possible perte d'un œil.

Faut-il aussi rappeler que la mise en détention provisoire n'est prononcée que sur décision du juge des libertés, dans un contexte strictement encadré par la loi ? 

L'article 144 du code de procédure pénal stipule en effet que "la détention provisoire ne peut être ordonnée ou prolongée que s'il est démontré, au regard des éléments précis et circonstanciés résultant de la procédure, qu'elle constitue l'unique moyen de parvenir à l'un ou plusieurs (…) objectifs (…) et que ceux-ci ne sauraient être atteints en cas de placement sous contrôle judiciaire ou d'assignation à résidence avec surveillance électronique".

"Les juges judiciaires, garants constitutionnels des libertés individuelles, doivent pouvoir exercer leurs missions en toute indépendance, sans autre jalon que celui de la loi, qui en matière de détention provisoire prévoit les mêmes critères pour tous les justiciables, y compris les membres des forces de l'ordre dès lors qu'ils se voient reprochés des délits ou des crimes" a d'ailleurs rappelé le syndicat de la magistrature. La section départementale n'a pour l'heure pas réagi.

- Silence assourdissant -

Il est tout de même ironique de devoir rappeler la loi à ceux qui sont censés la faire respecter. Et que cela leur plaise ou non, la France "assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens". Et ça, c'est la constitution qui le dit. Ou peut-être souhaitent-ils désormais que cette dernière soit elle aussi modifiée ? Eux qui dénoncent régulièrement le "laxisme de la justice" la trouvent-elle désormais trop dure car il s'agit d'un policier et non d'un "délinquant" ?

On peut aussi souligner le fait que plusieurs centaines de policiers marseillais sont en arrêt maladie depuis quelques jours pour protester contre cette détention provisoire. La fraude à l'assurance maladie – l'un des derniers combats du gouvernement étant la chasse aux arrêts de complaisance, parait-il - n'existe-t-elle pas pour les forces de l'ordre ? Allez savoir.

Quand le directeur de la police déclare que la détention provisoire décidée l'"empêche de dormir", chez Imaz Press, nous sommes plus empêchés de dormir par le fait qu'on peut désormais frapper en réunion et ouvrir le crâne d'un jeune homme et obtenir le soutien du directeur de la police, du préfet de Paris Laurent Nunez, à la tête de pas moins de 40.000 policiers, et de la quasi-totalité des forces de l'ordre françaises.

Le silence du côté du gouvernement est assourdissant. Celui de la majorité présidentielle, qui prétend chaque jour lutter contre l'extrême-droite, aussi.

Pour le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, "la justice doit poursuivre son travail dans la sérénité et en toute indépendance". "C’est une condition indispensable au respect de l’Etat de droit, qui est le fondement de notre démocratie", a-t-il tweeté.

Les seuls élus à avoir réagi et dénoncé cette attaque directe contre l'Etat de droit se situent à gauche, et presque aucun de nos députés péi n'en fait partie. "Je ne peux rester insensible face aux dernières atteintes au principe d’égalité et à la séparation des pouvoirs dans notre pays" a cependant réagi Karine Lebon, sollicitée par Imaz Press.

"Remettant en cause l’article 144 du Code de procédure pénale, concernant les cas de détention provisoire, Frédéric Veaux demande une exception accordée aux policiers qui ont commis des fautes et des erreurs graves dans le cadre de leur travail. Or, un policier, malgré sa fonction, reste un justiciable comme un autre. Revenir sur ce principe serait contraire à l’égalité de toutes et tous devant la loi. En ce sens, les propos du Directeur Général de la Police Nationale sont inacceptables et sortent du cadre républicain" a-t-elle écrit.

"Le nouveau gouvernement et en particulier, son ministre de l’Intérieur, M. Gérald Darmanin, se sont démarqués par leur silence. Pire, celui-ci affirme avoir “une très grande confiance” dans le patron de la police. Cette absence de dénonciation face aux offensives répétées visant la justice met en danger notre précieuse séparation des pouvoirs. L’État français est un État de droit et ne sera jamais un État policier."

Seul Emmanuel Macron aura rappelé le principe de séparation des pouvoirs et que chacun était égal face à la loi, interrogé depuis Nouméa ce lundi. "Il faut être intraitable lorsqu'il y a des débordements et lorsque la déontologie n'est pas respectée", "dans la république personne n'est au-dessus des lois" a-t-il dit. "Je vous confirme, un policier n'est pas au-dessus des lois", a-t-il ajouté, sans condamnation ferme de cette attaque directe et inédite contre la démocratie.

Lire aussi : Macron : "les policiers ne sont pas au-dessus des lois, dans la République personne n'est au-dessus des lois"

Un rappel nécessaire en tout cas, alors qu'il semble aujourd'hui qu'un refus d'obtempérer est passible de la peine de mort, que la participation à des violences urbaines mérite de se faire fracasser le crâne, et que les forces de l'ordre estiment ne plus avoir à s'embêter des décisions judiciaires.

Tant qu'à faire, autant supprimer totalement les tribunaux et laisser la police décider des peines, cela ira plus vite.
   
www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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13 Commentaires
Pilou
Pilou
1 an

Quel torchon de contre-vérités dans cet article au parti-pris indéniable ! Les policiers ne demandent pas à être au dessus des lois, juste à ne pas être traités en dessous des justiciables et notamment des délinquants dont le traitement leur est extrêmement favorable. A titre d'exemple, un des derniers parmi des milliers d'autres, un homme qui massacre un enfant à grands coups de marteau est tranquillement placé sous contrôle judiciaire ; pendant ce temps, le flic est placé en détention provisoire, cherchez l'erreur ! Tous ces tristes sites inféodés au syndicat de la magistrature, organe anti-démocratique par excellence qui devrait être dissous, sont grassement payés par le peuple pour faire de la politique et déverser leurs flots idéologiques au lieu de rendre la justice pour le peuple, au nom du peuple, ce qu'ils ne font plus depuis plusieurs décennies.

Grand
Grand
1 an

C est par hasard que je tombe sur ce site.Quel est cette PRESSE quel est ce journaliste.Quelle honte d ecrire une telle propagande ,de telles betise je fuis vite cette presse nauséabonde et heureusement obscure (Bon vent et bonne journée - modérateur)

Napoléon
Napoléon
1 an

Seul imazpress a eu l'odace de questionner nos 7 parlementaires sur ce sujet important et délicat dont le point de vue du directeur général de la police qui sort nettement du plan républicain: liberté, égalité et fraternité.
L'ensemble de la presse réunionnaise s'est tue, peur de donner cette information.
La télé public n'a dit "maux", pourtant la population attend un débat, un questionnement à l'assemblée voire une réaction de la population....RIEN !
merci à imazpress de relater ce fait car comme dit le président "nul n'est au dessus de la loi", inscrit dans la constitution. Pas plus pas moins, quoique l'exemplarité dans certains métiers soient de mise. Je regrette que cette information ait été sous silence par la presse réunionnaise et l'absence de réaction de nos députés pourtant si avides pour communiquer sur des conneries, n'est pas mrs. Ratenon, Maillot, Naillet..... .

HULK
HULK
1 an

"Vous avez demandé la police, ils ne viendront pas". Comme les pompiers, mes médecins, les infirmiers. Je ne les défends pas outre-mesure,mais quand on défend plus les délinquants que les victimes, voilà le résultat. Et les juges irresponsables dans tous les sens du terme qui poussent des des cris d'orfraie dès qu'on les critique, devraient aussi être sanctionnés quand ils commettent des erreurs. Et les journalistes,intouchables au nom d'une liberté de la presse parfois dévoyée, qu'en disent-ils? Alors messieurs, un peu de respect pour une profession qui a ses brebis galeuses,commes toutes les professions mais qui mérite un peu de respect.

Missouk
Missouk
1 an

A l'attention de Monsieur LUC...
Les fonctionnaires d'Etat ont valeur d'exemple, qu'ils soient gendarmes, policiers, enseignants, ou autres. Que des policiers exigent d'être au-dessus des lois, ce n'est pas admissible! Ce qu'ils reprochent à cette soit-disant "racaille", ils font pire!
J'ai beaucoup de respect pour les gendarmes et les policiers qui sont nombreux à bien faire leur travail, mais aucun pour ceux qui profitent de leur statut pour déchaîner leur haine, leur xénophobie et leur racisme...
Ca va peut-être vous défriser, tant pis!

Missouk
Missouk
1 an

C'est consternant...

Alimentaire
Alimentaire
1 an

POURQUOI NOS DÉPUTÉS DE GAUCHE À LA RÉUNION N'ONT SORTI AUCUN COMMUNIQUÉ A CE JOUR ?
RATENON, MAYO, KERBIDY, LEBON, PERCEVAL ?????? LES MASQUES TOMBENT.

Paulo
Paulo
1 an

A l'intention de M. Luc, libre à vous d'aller sur le site D'IMAZPRESS ou pas, chacun est libre comme la justice. Les policiers ont demandé un statut de privilégier par rapport à la loi, est ce normal et juste ?
Ce titre reflète exactement le communiqué du directeur de la police car les syndicats refusent la détention provisoire aux policiers. Alors vous contester une décision de justice ? Et la fraude de la sécurité sociale via les congés maladies ? LES SYNDICATS DE POLICIERS ET SON DIRECTEUR NE DOIVENT PAS ÊTRE AU DESSUS DE LA LOI, C'EST À LA JUSTICE DE LE DIRE M.Luc.

Nono
Nono
1 an

totalement en accord avec vous Luc titre et article démagogue la rédaction devrait relire ses articles avant de les poster !!!! (Bonjour, n'ayez crainte nos articles sont tous relus et validés, très bonne journée à vous - webmaster)

Man974
Man974
1 an

Il est très étonnant de lire votre degré zéro de l'actualité… Il n’est pas question ici de policiers qui usent de légitime défense dans le strict respect de leurs droits, mais d’un gendarme qui tire à bout portant sur un jeune homme de 17 ans ou de 4 baqueux qui se croient tout permis et passent à tabac un jeune homme dans un coin sombre. La Police française est devenue une milice incontrôlable par le Pouvoir macroniste. Laisser faire, c’est condamner le peuple français à une dictature qui ne dit pas son nom !

Man974
Man974
1 an

https://youtu.be/fn8piV6_kSE

Luc
Luc
1 an

C'est quoi ce titre ????? IPR vous déconnez plein tube, rassurer moi c'est un stagiaire qui a écrit cet article ??? Les policiers exigent être au dessus des lois ???? triste de voir à quel point vous détournez complétement les revendications de nos policiers.
Les syndicats de police devraient déposer plainte contre vous.
Un policier fait son travail, il utilise la force stricte et nécessaire lorsque c'est nécessaire, malheureusement vous la presse tout comme notre gouvernement et le roi Macron, vous créé cette haine Police Population.
Messieurs les journaleux allez y, mettez l'uniforme et confrontez vous à cette population rempli de haine et pret à tuer des flics. Comment réagirez vous ?
Une nuit, deux nuit, une semaine, un mois, une carrière .... à vous faire agresser, insulter, traiter de tout les noms, de ne plus avoir d'amis, etc . C'est pas ça la police. Comment voulez vous qu'ils fasse leur métier sans la force, interpellez vous quelqu'un sous effet, un terroriste etc . avec des bananes ???? arrêtez vos discours Mélenchoniste inutiles et vivez dans la réalité.
Si nos policiers ont peur d'utiliser la force parcequ'il vont de façon quasi systématique etre mis en examen, ils n'interviendont plus lorsque vous vous ferez agresser, voler, violer etc .
Je n'irais plus jamais sur votre site démagogue et plein de haine. C'est à cause de journalistes comme vous qu'il y a tant de haine dans ce pays. Vous êtes INDIGNE de votre profession (Bonjour très cher Luc, vous devriez lire l'article avant de commenter... Bon vent à vous... Modérateur)

Sitarane
Sitarane
1 an

Lorsque le gouvernement parle de plus contrôler les congés maladies, alors que les policiers eux se mettre en C.M. pour montrer leur désaccords contre des mises en garde à vue de ses 4 collègues supposés pour violence sur personne. Eux font grève, ils veulent se placer au dessus de loi. Est-ce juste et égalitaire ?
Demain, chaque professionnel peut exiger le même traitement. Que ce soit, médecins, infirmiers, professeurs, élus....etc.
Personne ne doit être au dessus de la loi, qu'on soit riche, misérable ou élu politique ...les policiers ont droit au même traitement que tout citoyen lambda. ON DOIT PAYER DE SES FAUTES ET LA JUSTICE DOIT ÊTRE LÀ POUR APPLIQUER LA LOI.