Tribune libre de Joe Bédier, président de l'Union démocratique pour Saint-André

La question grave de la qualité de l'eau à La Réunion

  • Publié le 23 octobre 2016 à 11:00

Le colloque sur l'eau organisé par les services de l'Etat a mis en évidence - c'était le but poursuivi - l'urgence de s'attaquer au problème de la qualité de l'eau à la Réunion.

Une urgence commandée par les risques sanitaires auxquels est exposée la population. En effet selon le site officiel de l’Agence Régionale de Santé la moitié des abonnés est alimentée par des réseaux ne garantissant pas une sécurité sanitaire suffisante, du fait de l’absence de traitement de clarification des eaux de surface avant désinfection. 4,5 % des abonnés sont eux concernés par un risque microbiologique avéré, du fait de l’absence de désinfection ou de mise en évidence de parasites intestinaux dans les eaux mises en distribution.

Or force est de constater que face à une telle situation qui n’est pas nouvelle, nos collectivités n’avaient pas jusqu’ici considéré les investissements nécessaires comme prioritaires, voire se posent encore des questions sur l’urgence qu’il y a lieu d’accorder à cet impératif sanitaire, selon des déclarations recueillies dans le cadre du colloque.

Et cela malgré l’alerte solennelle et le rappel par l’Etat de la disponibilité de financements, notamment européens. Ce n’est pas en effet un problème de moyens – nos collectivités disposent de recettes par habitant supérieures à celles de métropole en raison de fiscalités spécifiques (octroi de mer notamment) et de fonds d’Etat et européens. Il s’agit surtout, comme souvent à la Réunion, d’un choix de priorités et tout simplement de responsabilité et malheureusement il y a encore du chemin à faire sur ce plan.

Au-delà des responsabilités administratives et pénales qui peuvent être engagées, le risque sanitaire pour la population est dans ce dossier la question la plus importante et la plus grave.

On ne peut toutefois passer sous silence un autre aspect qui touche au prix payé par les abonnés, malgré le fait rappelé souvent que le prix de l’eau est à la Réunion moins élevé qu’en métropole. Ce prix est la contrepartie d’un service rendu et en matière d’alimentation en eau la collectivité a l’obligation légale de fournir une eau potable.

Pour prendre l’exemple de Saint-André que je connais bien, la CISE a diffusé en 2015 au total pas moins de 40 communiqués après des épisodes de pluies, pour recommander aux abonnés de consommer de l’eau en bouteille ou de faire bouillir l’eau du robinet. Soit plusieurs mois dans l’année pendant lesquels ces derniers ont payé un service non rendu s’agissant de la fourniture d’une eau potable.

Et ils payent doublement en achetant de l’eau en bouteille. Il ne s’agit pas, faut-il le rappeler, d’incidents très ponctuels, mais de mois entiers defourniture d’une eau dégradée ! J’ai saisi le maire et le directeur de la CISE en mars de cette année pour leur demander de revoir les factures des abonnés en conséquence, dans une ville ou la moitié de la population vit au niveau ou en dessous du seuil de pauvreté.

Je n’ai reçu aucune réponse. Le mépris en plus ! En métropole le délégataire met des bouteilles d’eau à disposition des abonnés lorsque le service d’eau potable est interrompu pour quelque raison que ce soit. Mais il est vrai qu’ici on n’est pas en métropole ! Et la communication de la CISE ne vient pas atténuer le risque sanitaire, en renvoyant en fait sur l’abonné la responsabilité de "constater" lui-même la dégradation de la qualité de l’eau lors des intempéries et le retour à la normale… J’ai appelé l’attention de l’ARS sur ce dernier point et là aussi je n’ai pas eu de réponse.

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1 Commentaires
Jose
Jose
7 ans

Mr Joe Bedier attaque sur tous les fronts le maire en place, simplement pour tenter de lui piquer sa place, et faire pire quand il l'aura. Ces bassesses ne vous grandissent pas, bien au contraire, elles vous font passer pour un vilain roquet affamé. Changez de tactique si vous voulez avoir un semblant de crédibilité.