Colloque sur l'obésité les 27 et 28 octobre 2006 à Saint-Denis

La Réunion grossit

  • Publié le 24 octobre 2006 à 00:00

Le phénomène est nouveau mais prend de l'ampleur : près de 35% des Réunionnais ont des problèmes de surpoids. Inquiétant quand on connaît les conséquences sur la santé : diabète, cholestérol ou encore perte de mobilité. Une alimentation de plus en plus riche et anarchique, un manque d'activité physique et une tentation permanente via la publicité sont les premiers coupables. Ce sont avant tout les effets pervers du développement économique.

Les 27 et 28 octobre 2006 au Créolia à Saint-Denis, se tiendra un colloque sur l'obésité. En présence de nutritionnistes et médecins renommés, l'idée est de faire prendre conscience à la population de l'importance d'une bonne hygiène de vie. Il vise aussi à informer les professionnels de santé de l'île sur les toutes dernières avancées en matière de prévention et de traitement de l'obésité.Car les chiffres sont alarmants : en 2001, 50% des adultes à La Réunion présentent une surcharge pondérale et 10% des hommes, 20 à 30% des femmes selon l'âge et 16,3% des adolescents, une obésité. L'obésité abdominale (excès de masse grasse abdominale évaluée sur le tour de taille) est présente chez 18% des hommes, et 38% des femmes de plus de 30 ans. Chez les patients diabétiques, ces proportions atteignent 48% des hommes et 84 % des femmes de plus de 30 ans.

Jamais la Réunion n'a été aussi proche des USA

Ces chiffres inquiétants sont à relier avant tout avec l'évolution rapide des modes de vie durant les dernières décennies. L'île a subi des transformations majeures depuis l'amélioration des transports et des échanges aériens dans les années 1960. Ils ont favorisé l'implantation progressive de certaines caractéristiques de la société moderne : installation des grandes surfaces et de la consommation de masse ou encore le développement des transports individuels. Pour comprendre le problème de l'obésité et du diabète de manière globale dans l'île, il est important de prendre en compte le métissage de la société. Il serait lié à la classe socio-économique dans les facteurs de prédisposition à l'obésité. Pour certaines populations, et vraisemblablement à La Réunion, il est fort probable qu'il y ait un lien entre un génotype ancien et les facteurs modernes d'environnement, au premier rang desquels la diminution de l'activité physique et l'alimentation à densité énergétique élevée. En ces termes, jamais la Réunion n'a été aussi proche des USA. En France, les études soulignent aussi l'accélération brutale de la part de personnes obèses dans la population totale ces dernières années : la proportion d'hommes obèses qui était stable entre 1980 (6,4%) et 1991 (6,5%) a atteint 10,7% en 2003 et 12,4% en 2006. Les obésités morbides représentent 0,8% de la population adulte en augmentation d'environ 1/3 (33%) sur les trois dernières années...

Lancement du deuxième programme national nutrition santé

Difficile de réagir tant le problème est ancré dans les modes de vie mais le gouvernement français vient de lancer un second programme nutrition santé qui vise à contrer la progression de l'obésité. Dans ce cadre, l'Etat appelle les acteurs économiques de l'industrie alimentaire à signer des engagements portant sur la composition nutritionnelle des aliments, leur présentation et leur promotion. Les entreprises de restauration collective devraient se joindre au mouvement. Un référentiel nutritionnel pour la restauration scolaire sera par ailleurs défini dans la réglementation.
Trop d'enfants à risques sont aujourd'hui dépistés trop tard et ne sont pas pris en charge. Pour eux, un plan de prise en charge de l'obésité qui repose sur le dépistage précoce sera mis en place. Il est par ailleurs nécessaire que des hôpitaux soient équipés et adaptés aux patients souffrant d'obésité morbide mais aussi que les professionnels de la santé soient formés à ce nouveau problème. A la Réunion, la clinique Oméga devrait être mise en service début 2007 et sera destinée essentiellement aux problèmes d'obésité. Initiée par l'Aurar (association pour l'utilisation du rein artificiel à La Réunion), elle se veut ouverte sur le monde extérieur afin de proposer un changement global des habitudes alimentaires, non pas pour maigrir, mais au moins pour apprendre à stabiliser son poids. " Vouloir faire maigrir les gens, c'est les emmener vers l'échec ", explique Bernard Guy Grand. Elle aura donc une fonction de prise en charge et d'évaluation. Car l'objectif numéro un est de changer les habitudes alimentaires et favoriser l'activité physique, dans un but de santé publique uniquement.
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