Chômage, emploi, pauvreté

La Réunion retrouve son niveau d'avant-crise mais reste fragile

  • Publié le 27 novembre 2019 à 10:30
  • Actualisé le 27 novembre 2019 à 10:47

Ce mardi 26 novembre 2019, l'Institut d'émission des départements d'Outre-mer présentait un rapport sur l'évolution de l'économie réunionnaise dix ans après la crise de 2007-2008. Plusieurs indicateurs ont été scrutés par les experts : chômage, emploi et pauvreté. ? La création d'emploi est dynamique mais le taux de chômage retrouve son niveau d'avant-crise tandis que les revenus des ménages modestes sont en hausse. Le communiqué de l'Iedom ci-dessous. (photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

EMPLOI

L’emploi public influe fortement sur la dynamique du marché du travail

Dix ans après la crise économique mondiale de 2007-2008, le marché du travail réunionnais a pu rebondir et redevenir dynamique. La courbe de l’emploi se redresse à partir de 2012, d’abord grâce aux contrats aidés, puis au retour de la croissance économique.

Entre 2012 et 2017, La Réunion crée plus de 6 000 emplois supplémentaires par an. Ce rythme reste toutefois inférieur à celui observé avant-crise. L’économie marchande crée moins d’emploi qu’auparavant. Ceux-ci se concentrent par ailleurs dans des secteurs àfaible valeur ajoutée (services administratifs et de soutien, ainsi que l’hôtellerie-restauration). Ces créations témoignent également de la poursuite de la sous-traitance et de l’externalisation de certaines activités d’entreprises.

Le marché du travail est en revanche soutenu par une politique publique d’emploi aidé, notamment en faveur des jeunes avec le déploiement des emplois d’avenir. Au total, La Réunion compte plus de 800 contrats aidés supplémentaires en moyenne par an entre 2012 et 2017. Ces contrats occupent une place non négligeable dans lemarché du travail réunionnais : ils représentent jusqu’à 11,2 % des emplois salariés en 2015.

Plus largement, l’emploi dans le secteur non marchand (essentiellement le secteur public) contribue significativement à la création d’emploissur cette période. Toutefois, cette dynamique s’est inversée sur les années récentes, en lien avec la réduction des contrats aidés depuis la mi-2016. Cette contraction affecte le marché du travail, engendrant une baisse de l’emploi salarié en 2018 pour la première fois depuis la crise.

CHÔMAGE

Le chômage retrouve en 2018 son niveau d’avant-crise

Au final en 2018, moins d’un Réunionnais en âge de travailler sur deux est en emploi (46 %), une proportion identiqueau taux de 2008. Il en est de même du chômage au sens du BIT.  Cela concerne 24 % des actifs (personnes en emploiou sans emploi mais en recherche active) en 2018 comme en 2008, soit près de trois fois plus qu’en métropole.

Après avoir augmenté jusqu’à 30 % entre 2008 et 2013 du fait des conséquences négatives de la récession économique sur l’emploi, le taux de chômage a nettement chuté pour atteindre un point bas de 22 % en 2016. Il est ensuite remonté à 24 % en 2018.Ce taux de chômage élevé reflète les difficultés des Réunionnais à s’insérer sur un marché du travail étroit : il reste notamment plus difficile qu’ailleurs de sortir du chômage. Ainsi à La Réunion, 60 % des chômeurs le sont depuis plus d’un an, contre 40 % en métropole.

Dans ce contexte, depuis 2014, les Réunionnais sont plus nombreux à abandonner la recherche active d’un emploi et à quitter ainsi le chômage, par découragement. Aussi, la population active est quasi-stable depuis 2014, alors qu’elle augmentait jusqu’ici de façon très dynamique. Les diplômés sont aujourd’hui davantage concernés par le chômage qu’ils ne l’étaient en 2008. En particulier, l’obtention seule d’un baccalauréat ne protège plus du chômage : leur taux de chômage passe de 16 à 25 % en 10 ans.

Si la proportion de jeunes au chômage n’a pas augmenté sur la décennie écoulée, leur situation n’en reste pas moinspréoccupante. En particulier, la moitié des 18-25 ans ne sont ni en emploi ni en formation.

PAUVRETÉ

Pauvreté et inégalité de revenus reculent à La Réunion

La dynamique de créations d’emplois, conjuguée à davantage de prestations sociales, favorisent une hausse desrevenus, encore plus soutenue pour les ménages les plus modestes. En conséquence, la pauvreté recule fortement àLa Réunion entre 2007 et 2016 (- 9 points), en dépit de la forte récession économique en 2009 et 2010. Toutefois, en2016, le taux de pauvreté à La Réunion reste l’un des plus élevés de France : 39 % des Réunionnais vivent sous le seuilde pauvreté métropolitain (1 026 euros par mois et par unité de consommation). Les mineurs sont particulièrementconcernés par la pauvreté : 115 000 vivent dans un ménage pauvre, soit la moitié d’entre eux.

Même si elles restent bien plus élevées qu’en métropole, les inégalités de revenus diminuent fortement sur l’île depuis 2007. C’est au Sud et à l’Est, où elle culminait en 2007, que la pauvreté baisse le plus.Ce sont les Réunionnais au niveau de vie intermédiaire qui profitent le plus de l’embellie du marché du travail, facteuressentiel pour sortir de la pauvreté : 80 % de leur revenu disponible supplémentaire provient des revenus d’activité. Pensions et retraites contribuent également à l’accroissement de leurs revenus. À l’opposé, les revenus des 20 % lesplus aisés diminuent depuis 2007, mais restent les plus proches de ceux de leurs homologues métropolitains.
 

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