Un navire spécialement affrété

La Réunion va (enfin) être débarrassée de ses déchets dangereux

  • Publié le 26 octobre 2022 à 20:35
  • Actualisé le 26 octobre 2022 à 20:37

Il était temps… Après plus d’un an à le réclamer, c’est enfin, que le porte-conteneurs spécialement affrété pour évacuer les déchets toxiques et dangereux est à La Réunion. Un navire spécialement affrété entre La Réunion, Mayotte et la métropole. Environ 5.000 tonnes de déchets, soit 245 conteneurs vont embarquer sur ce navire, le BBC Austria de la compagnie Mer Union. Le bateau prendra la route ce samedi pour se rendre sans escale au Havre, permettant ainsi de vider les stocks des déchets dangereux accumulés dans notre île depuis plus d’un an (Photo D.R.)

« C’est une opération exceptionnelle », souligne Gilles Ham-Chou-Chong, représentant du Grand Port maritime de La Réunion. Actuellement, les opérations de chargement de ce navire accosté au Port Est sont en cours

- Des déchets accumulés depuis plus de deux ans -

Depuis le début de la crise sanitaire, l’export des déchets dangereux avait été relativement impacté voire même complètement arrêté, suite à une désorganisation totale du fret maritime mondial.

La réglementation internationale imposée par la convention de Bâle, l’absence de ligne directe avec la métropole, le trafic inter-îles insuffisant entre La Réunion et Mayotte, le manque de disponibilité des bateaux ainsi que la réduction des capacités à prendre en charge certains types de déchets, avaient entraîné un sur-stockage

« La Réunion est caractérisée par un handicap structurel qui est l’insularité », indique Fabrice Hanni, président du Syndicat de l'Importation et du Commerce de La Réunion (SICR). Ce qui a pour conséquence « de l’isoler dans son exportation des déchets dangereux ».  

Bateau Déchets dangereux
Photo D.R.

Du fait de ces difficultés, certains opérateurs n’avaient eu d’autres choix que de suspendre, voire d’arrêter les collectes proposées aux consommateurs et aux usagers. La population et les professionnels avaient alors été contraints de garder leurs déchets chez eux, avec tous les risques que cela pouvait engendrer.

https://www.youtube.com/watch?v=MLYNFpv-4xo

La solution est donc venue de ce navire qui repart généralement à vide de nos côtes. « On voulait que nos déchets dangereux soient redirigés vers l’hexagone, vers un endroit propre, pas là où les déchets sont simplement enfouis », indique Fabrice Hoarau, conseiller régional. « On veut que ces déchets soient tracés du début jusqu’au traitement par l’entreprise européenne », dit-il.

Le conseiller régional espère que l’ensemble des déchets dit dangereux partiront avec ce bateau. Toutefois, il le reconnaît, il peut en rester. « Tout ce qui a été collecté par les opérateurs est sur le bateau », conclut-il.

- Une synergie entre différents acteurs locaux -

L’affrètement de ce navire n’a pas été le résultat d’une seule compagnie, mais plutôt d’une coopération entre différents services : la SICR, la Région, la Préfecture et les opérateurs. Bien sûr, tout cela a un coût. Affrété ce navire pour exporter les déchets dangereux a coûté 2,6 millions d’euros, dont 800.000 euros financés par le conseil régional.

Comme l’explique Fabrice Hoarau, délégué à l’environnement et à la problématique des déchets, ce navire doit être un « one shot ». Désormais, après cela, « chaque opérateur doit reprendre de manière régulière l’export des déchets dangereux », souligne le conseiller régional. « On ne pourra pas retrouver une telle situation de saturation et faire payer au contribuable l’affrètement d’un navire. »

https://www.youtube.com/watch?v=hN2BB2ItkyA

Pour Karine Lebon, députée, « c’est un réel soulagement de voir qu’enfin un porte-conteneur sera affrété entre La Réunion, Mayotte et l’Hexagone ». Elle ajoute, « cela fait plus d’un an que la situation est tendue à ce sujet, alors même que dès septembre 2021 aux côtés d’autres élus, j’avais interpellé Madame Barbara Pompili alors au Ministère de la Transition écologique sur ce qui est à la fois un problème écologique et sanitaire pour les habitants de l’île ».

Jean-Hugues Ratenon lui aussi salut l’arrivée de ce navire. « La situation devenait très critique, le seul site d’entrepôt ayant atteint le seuil de sécurité. »

Même si l’arrivée de ce porte-conteneurs est un soulagement, les élus espèrent toutefois qu’une telle situation ne se répète pas. « L’arrivée de ce navire pour exporter nos produits dangereux n’est que ponctuelle et le problème reste entier », indique Jean-Hugues Ratenon. « Ce navire même s’il est éphémère va soulager quelque peu le site de stockage mais il importe que de nouvelles filières de traitement, comme la valorisation énergétique puissent prendre en charge certains flux des déchets, pour diminuer aussi la dépendance aux compagnies maritimes. »

Pour Philippe Naillet, « l'annonce d'un bateau venant récupérer les déchets dangereux est un soulagement. C'était une urgence environnementale ».

- Le problème des déchets, un souci bien plus vaste -

Avant la crise Covid, les déchets dangereux existaient déjà. « Il y en a toujours eu et de tout temps cela avait été évacué par les opérateurs », indique Fabrice Hoarau.

Mais le problème des déchets à La Réunion ne date pas d’hier et ne se limite pas seulement aux déchets dangereux. « Ce problème est l’un des plus importants à La Réunion », note Fabrice Hoarau, conseiller régional. « On en produit chaque jour, du bout de station d’épuration au mégot que l’on jette », ajoute-t-il. « Et cette problématique, on doit pouvoir la traiter », conclut l’élu.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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