Le 1er mai approche, et amène avec lui les fleurs de muguet. Depuis quelques jours déjà, ces fleurs emblématiques ont envahi les grandes surfaces, les bords de route et les fleuristes. Entre 80.000 et 90.000 pots vont être vendus jusqu'à ce lundi, pour le bonheur des horticulteurs, qui s'activent pour livrer leurs fleurs.
Si les ventes ont lieu ce week-end, le 1er mai est dans la tête des horticulteurs depuis plusieurs semaines désormais. En effet, à La Réunion, l'environnement n'est pas propice à la culture de cette fleur, et les agriculteurs doivent importer de Métropole des griffes (racines) de muguet pour pouvoir les planter et les voir fleurir à temps.
"Nous recevons les griffes avant le mois d'avril, pour pouvoir les planter et les faire pousser en 15 jours. Il faut savoir que ces griffes ont déjà trois ans de culture, et que nous devons utiliser une technique de forçage, le muguet n'étant pas une plante qui pousse bien à La Réunion" détaille Joseph Avril, vice-président de l'union des horticulteurs de La Réunion.
Il ne fait en effet pas suffisamment froid dans l'île pour permettre la floraison de la plante. Le muguet nécessite des températures fraiches, mais aussi de l'humidité. "On pourrait la planter dans les Hauts toute l'année, mais cela resterait du feuillage et ne fleurirait pas" explique l'horticulteur.
- L'inflation est passée par là -
L'inflation n'a pas épargné les matières premières, mais pour Joseph Avril, pas question d'augmenter le prix de ses pots cette année. "On a noté une augmentation de 8% sur les matières premières, mais nous avons décidé de rogner sur nos bénéficies pour continuer à livrer nos pots à 4 euros. Si cela doit augmenter encore l'année prochaine, alors on réfléchira à augmenter nos tarifs" confie-t-il. "Ce n'était pas un choix facile, mais le muguet est emblématique."
S'il a fait ce choix, rien n'indique cependant que les revendeurs n'augmenteront pas, de leur côté, les prix.
L'horticulteur s'inquiète par ailleurs de l'importation de muguet en fiole. "Nous avons observé dans les rayons des grandes surfaces ces fioles qui contiennent un brin de muguet. C'est minoritaire pour l'heure, mais si cela devait se multiplier, alors ça deviendrait inquiétant" indique-t-il.
A noter que les plantations de Joseph Avril ne sont pas disponibles au public : il est avant tout grossiste, et fournit donc les grandes surfaces, les fleuristes et autres revendeurs. Et ce toute l'année. "Nous sommes déjà en train de prépare la fête des mères le 14 mai, avec la production de bégonias notamment" confie-t-il.
Comme n'importe quel horticulteur, la production de muguet n'est que ponctuelle. "Je produis tout au long de l'année de nombreuses variétés différentes" dit-il.
- Des clochettes synonymes de bonheur –
Dans l’histoire de France, le muguet était utilisé pour célébrer le retour du printemps. C’est en 1889, que le muguet est associé à la fête du travail. La tradition remonte à la Renaissance, lorsque Charles IX en avait offert à ses proches pour leur porter bonheur.
Dans la tradition, les petites cloches blanches du muguet sont considérées comme des porte-bonheurs. Pour que la chance perdure, il faut penser à conserver les pots à l’ombre, dans un endroit frais et humide. Le muguet est aussi associé au mythe majeur d’Apollon, disposant ses clochettes et ses brins délicats sous les pieds fragiles des muses. La délicatesse, le bonheur, la pureté, la vie : voilà la signification la plus souvent associée aux fleurs de muguet.
- Une réglementation pour les non professionnels -
La préfecture rappelle qu'une tolérance existe (uniquement pour la journée du 1er mai) pour permettre à des non professionnels de vendre du muguet sur la voie publique. Toutefois, même si elle n'est pas soumise à autorisation, cette pratique demeure encadrée par un certain nombre de règles afin d'éviter une concurrence déloyale aux fleuristes professionnels. Nous publions ci-dessous le communiqué de la préfecture.
Réglementation pour les non professionnels. Seules peuvent être vendues par des personnes non professionnelles "des fleurs non cultivées, sans racine, sans adjonction de feuillage ou d'autres fleurs, dépourvues d'emballage et de tout contenantet sans utilisation d’installations fixes de type table ou tréteaux" énumère la préfecture.
"Cette vente ne doit pas avoir lieu à moins de 40 mètres d'un fleuriste. Enfin, il est important de veiller à ce que le point de vente de muguet ne constitue pas un danger ou une gêne pour les piétons ou les automobilistes" termine la préfecture
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