Dans le prolongement du Comité interministériel des Outre-Mer (CIOM) et du rapport parlementaire sur le coût de la vie dans les Outre-mer, l'Observatoire des prix, des marges et des revenus (OPMR) a présenté ses propositions pour lutter plus efficacement contre la vie chère. Pour la première fois, les acteurs de la grande distribution à La Réunion participeront à une prochaine commission pour comprendre les différences de prix entre La Réunion et l'Hexagone. En 2022, le coût de la vie était 9% plus cher à La Réunion que dans l'Hexagone. Le prix de l'alimentaire, lui, a atteint 38% (Photo SLY/www.imazpress.com)
"On a cru percevoir une volonté des grandes enseignes de l'alimentaire de travailler avec nous, pour pouvoir comprendre la composition des prix" se félicite Bertrand Huby, président de l'OPMR. "C'est important compte tenu des revenus des Réunionnais, et l'alimentaire pèse lourd dans les budgets. C'est aussi l'écart le plus important dans le coût de la vie."
L'objectif serait d'avoir une meilleure vision sur la composition des prix. "On ignore tout de comment se compose le prix d'un aliment : le coût du transport, du stockage, quelle marge est appliquée…" liste Bertrand Huby. " Les douanes ne veulent pas donner les prix à l'arrivée car il y a le secret de douaniers, et les enseignes refusent de donner leurs marges car il y a le secret des affaires. Cette commission devra donc respecter strictement le secret des affaires." Ecoutez :
Malgré cette contrainte, avoir une meilleure visibilité sur au moins l'une des composantes des prix "aiderait grandement à comprendre leur composition" estime le président de l'OPMR. "Il faut aussi noter que certains distributeurs sont aussi transporteurs, grossistes, et même producteurs" sourit-il.
Tous les groupes pourraient participer à cette commission. "On ignore sur quoi cela va déboucher exactement, mais c'est déjà une avancée."
"On espère pouvoir décortiquer la composition des prix, pour pouvoir déceler sur quels leviers nous pouvons agir pour permettre une baisse des prix de l'alimentaire" ajoute Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR. "Le rendez-vous a été pris pour que le cadre soit mis en place, c'est une avancée car ces acteurs étaient plutôt réticents à communiquer sur ces informations" dit-il, écoutez :
- Un rapport parlementaire "satisfaisant" -
Globalement, l'OMPR se dit satisfait des conclusions du CIOM et du rapport parlementaire. "Nous sommes bien sûr ravis d'entendre les propositions de la commission, qui a préconisé d'augmenter le budget des OPMR pour passer de 0 à 300.000 euros, ce qui est une augmentation significative" dit Bertrand Huby.
"Nous avons deux rapports, dont les analyses sont convergentes, en revanche nous n'avons pas de mesures concrètes" regrette-t-il cependant. "La lutte contre la vie chère est une priorité, mais quand il s'agit d'y mettre les moyens ça manque de caractère concret."
Plusieurs propositions de l'OPMR ont d'ailleurs été reprises lors du rapport parlementaire.
Il préconise par exemple de "garantir la publicité des comptes en prévoyant leur transmission automatique aux autorités en charge de la concurrence et en assortissant le non-respect d’une peine dissuasive déterminée en pourcentage du chiffre d’affaires, d’au moins 1 % de celui-ci, peine majorée en cas de récidive".
Le rapport propose aussi de "faire des observatoires des prix, des marges et des revenus des acteurs à part entière des négociations du bouclier qualité-prix et de la définition du panier de produits concernés" et de confier aux OPMR "la réalisation d’enquête auprès des consommateurs sur la définition des produits à inclure dans le bouclier qualité-prix".
L'OPMR souhaite aussi prévoir que "l’accord de réglementation (blocage) des prix des produits de première nécessité, conclu entre l’État et les distributeurs, soit négocié et cosigné" par ce dernier, et que chacun d'entre eux soit d'un budget, qui serait déterminé "en additionnant un socle de 50 000 euros et une somme variant en fonction de la population".
Le Président et les membres de l’OPMR appellent désormais "les Pouvoirs Publics à faire adopter sans délai les mesures législatives et réglementaires qui permettront de conforter les OPMR dans leurs statuts, moyens et missions, afin qu’ils puissent participer de façon plus efficace à la lutte contre la vie chère" concluent-ils. Ils se réuniront dans quelques semaines pour décider des modalités de cette nouvelle commission.
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Voyou...
Quand aurons-nous l'occasion de voir figurer le montant de l'octroi de mer sur les tickets et les factures ?