Inégalités territoriales

Les ultramarins plus discriminés selon une enquête du Défenseur des Droits

  • Publié le 4 octobre 2019 à 10:23
  • Actualisé le 4 octobre 2019 à 10:26

Fin novembre 2018, le défenseur des droits Jacques Toubon avait lancé un appel à témoignages pour faire le point sur les conditions de vie des habitants des Outre-mer. Fin septembre, les résultats de cette étude sont tombés et les 975 témoignages recueillis montrent bien les difficultés d'accès aux services publics et les discriminations subies. Sans surprise, les inégalités persistent entre l'hexagone et les territoires des Outre-mer. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Plusieurs points sont relevés par le défenseur des droits dans son rapport, parmi eux, la lutte contre le chômage, priorité dans plusieurs territoires d'Outre-mer notamment à La Réunion. "Parmi les répondants, les habitants de la Réunion sont les plus préoccupés par la question du chômage, deux tiers d’entre eux le considérant comme un enjeu prioritaire."

Selon l’Insee, la situation de l’emploi à La Réunion s’est dégradée, le taux de chômage atteignant 24% en 2018. Les jeunes réunionnaises et réunionnais sont les plus touchés par ces difficultés d’accès à l’emploi : "En 2018, les jeunes sans emploi mais qui souhaitent travailler sont plus nombreux que les jeunes en emploi (53 000 contre 43 000)". A Mayotte n'oublions pas également que le taux de chômage bat des records, atteignant 35% en 2018...

Et rappelons que le taux de pauvreté à La Réunion en 2015 s’élève à 40%, il est trois fois supérieur à celui de la métropole.

L'environnement arrive devant l'éducation

L’accès aux soins et à la santé et la protection de l’environnement sont deux autres axes majeurs, relèvent nos confrères de France Mayotte Matin. Ils sont cités par plus de 4 habitants sur 10. L'éducation, elle, arrive en 4ème position, citée par environ 38% des participants.

Mais du côté de Mayotte et de Guyane, l'accès à l'éducation appraît prioritaire pour respectivement à 73,2 % et 48,4 % d’entre eux contre 28,7 % pour la Guadeloupe, 37,1 % pour la Martinique et 46,3 % pour La Réunion.

L'accès aux soins est également pointé du doigt. Le défenseur des droits rappelle ainsi que "La Réunion, par exemple, est le département le plus touché par le diabète, le taux de prévalence du diabète traité étant plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale de (10,2 % contre 4,7 %). Ces inégalités de santé entre les outre-mer et la métropole traduisent de fortes disparités territoriales et sociales dans l’accès aux soins."

Enfin sur la question des services publics, une très large majorité des personnes interrogées considère que les services publics fonctionnent moins bien, ou beaucoup moins bien, sur leur territoire qu’en métropole.

Violences et questions sécuritaires

Sur le plan de la sécurité, d'après l'étude, "les résidents de la Réunion semblent largement plus sensibles aux questions sécuritaires que ceux des autres départements alors que le taux de prévalence des actes violents est inférieur à celui de la métropole et à ceux des autres DROM. Selon l’enquête Cadre de vie et sécurité de l’Insee, " un tiers des réunionnais ont été victimes de violence en 2009 ou 2010. C’est moins qu’en France métropolitaine, mais le sentiment d’insécurité est plus répandu dans l’île "".

A Mayotte et en Guyane, le manque de sécurité "résulte non seulement du manque de perspectives pour les jeunes, dû au chômage et à la pauvreté, mais également du défaut de prise en charge et d’accompagnement des enfants et adolescents livrés à eux-mêmes ou confrontés à la justice".

Le défenseur des droits ajoute que "en raison de la pénurie de structures adaptées et de centres éducatifs, les jeunes sont ainsi massivement placés en familles d’accueil au titre de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), tandis que cette pratique reste exceptionnelle en métropole".

Discriminations multiples

Point commun à tous les ultramarins : la discrimination. Parmi les personnes interrogées, 40 % pensent être souvent ou très souvent traitées défavorablement ou discriminées dans leur département.

L'enquête met à jour les discriminations subies par les enfants étrangers privés de scolarisation, relève France Mayotte Matin. L’attention du défenseur des droits a été portée sur des refus de scolarisation d’enfants à Mayotte, dont beaucoup viennent des Comores. Par exemple dans la commune de Koungou, ce sont 13 enfants qui ont été refusés en raison du trop grand nombre d’enfants domiciliés à la même adresse.

Difficile également d'embaucher du personnel formé pour accompagner les élèves marqués par des difficultés d’apprentissage.

Sur les droits LGBTQI, les discriminations sont encore bien présentes pour les minorités sexuelles. "Si les personnes trans commencent à prendre publiquement la parole, notamment à La Réunion avec l’association RIVE, elles restent largement victimes de préjugés à leur égard et sont souvent rejetées par leur entourage. Certaines personnes ayant répondu à l’appel à témoignage expriment également leurs réticences à porter plainte dans un commissariat suite à des violences, faisant part de propos stigmatisants et de refus de dépôts de plainte exprimés par des membres des forces de l’ordre. Au croisement des discriminations liées à l’origine et à la nationalité, les gays et lesbiennes étrangers ayant déposé une demande d’asile font part des fortes suspicions qui pèsent sur la crédibilité de leur allégation quant à leur orientation sexuelle" relève le défenseur des droits dans son rapport.

Pour conclure, l’enquête explique que "les inégalités territoriales présentent souvent un caractère cumulatif, certains territoires connaissant à la fois de graves difficultés économiques, des situations sociales préoccupantes, des problèmes d’accès aux services publics ainsi qu’un environnement parfois dégradé".

www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com avec France Mayotte Matin

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