Pour traiter le cancer et l'insuffisance rénale

Les vertus des plantes péi inspirent les chercheurs

  • Publié le 8 octobre 2018 à 12:20
  • Actualisé le 8 octobre 2018 à 12:27

Le Parc national de La Réunion compte plus de 1 600 espèces végétales indigènes. Si certaines de ces espèces peuvent être toxiques, d'autres présentent des intérêts thérapeutiques certains et ont fait l'objet de recherches au sein du Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences de l'Aliment de l'Université de La Réunion (LCSNSA). Des travaux qui ont permis d'inscrire 22 plantes endémiques de La Réunion à la Pharmacopée française, le "registre" médicinal de référence. Deux plantes en particulier font actuellement l'objet de recherches innovantes dans l'île et à l'international : l'ambaville et l'Osto Wood.

A La Réunion, les " zerbaz " sont connues pour soigner de nombreux maux : la fièvre, les problèmes de peau comme l'érythème ou l’eczéma ou encore les brûlures mais aussi les ulcères à l’estomac, les soucis du rythme cardiaque, le stress... et, pourquoi pas, les chagrins d’amour... Depuis quelques années, deux pathologies sont au cœur de la recherche autour de deux plantes endémiques de La Réunion : le cancer et l’insuffisance rénale.

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L'ambaville, une clé possible contre le cancer

L’’ambaville -zambavil en créole- est utilisée depuis des lustres pour soigner les petits maux du quotidien.  Depuis trois ans, l’ambaville est au cœur des recherches menées par une start-up dionysienne, Torskal, qui tente de mettre au point un traitement contre le cancer. En effet, c’est à partir de cette plante que sont issues des nanoparticules d’or destinées à être injectées dans une tumeur cancéreuse et irradiées par infra-rouges. Le but ? Détruire la tumeur en la ciblant précisément, sans produire d’effets délétères sur l’organisme sain. Une alternative à des traitements de chimiothérapie et de radiothérapies plus agressifs. C’est d’autant plus possible les nanoparticules d’or sont biocompatibles et donc très peu toxiques.

Ce traitement est encore au stade de développement mais Anne-Laure Morel, chimiste installée à la Technopole de Sainte-Clotilde et qui a fondé le laboratoire Torskal en 2015, a déjà bien avancé dans ses recherches et établi des contacts internationaux pour pouvoir développer et faire valider ses innovations d'ici quelques années. A savoir, les nanoparticules d’or tirées de l'ambaville intéressent aussi les laboratoires cosmétiques qui travaillent sur l’anti-âge.

L’Osto Wood, pour ralentir l’insuffisance rénale

Depuis quelques mois, l’Osto Wood, ou bois d’osto, plante de la forêt de Bébour à Plaine-des-Palmistes et à Mare Longue à Saint-P.hilippe, fait l’objet de recherches approfondies pour traiter l’insuffisance rénale. Autrefois, les feuilles de l’Osto Wood étaient utilisées pour leur action cicatrisante, en usage externe. Des vertus anti-inflammatoires et anti-oxydantes qui intéressent particulièrement les néphrologues à La Réunion, région qui compte trois  fois plus de diabétiques que la métropole. "20% des patients souffrant de diabète ont des reins affectés et vont développer à terme une insuffisance rénale", explique le Dr Jean-Loup Bascands, directeur de recherches à l’Inserm.

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Lauréat de l’appel à projets de l’Odhirathon en 2017, ce chercheur mène des travaux autour de cette plante. "L'Osto Wood pourrait être utilisée pour ralentir le processus de dégradation des reins pendant environ cinq ans. L'objectif serait d'améliorer la qualité de vie du patient en retardant l'entrée en dialyse. " Ce serait aussi une économie considérable pour l’assurance maladie : la dialyse coûte entre 4000 et 7500 euros par mois par patient.

D'autres plantes réunionnaises pour d'autres pathologies

Ce travail sur l'Osto Wood, s’il aboutit favorablement, pourrait constituer une première mondiale à fortes retombées médiatiques pour La Réunion. Surtout, ces travaux aboutis pourraient ouvrir d’autres perspectives de recherches à partir d’autres plantes endémiques de La Réunion, pour différentes pathologies.

" Rien n’est validé pour l’instant de manière scientifique", relativisait le Dr Jean-Louis Bascands lors de la présentation de la deuxième édition de l’Odhiraton, l’opération de recherche de fonds qui permet de financer les trois années de recherches autour de l'Osto Wood. Mais les espoirs sont permis, d'autant que l'Université de La Réunion et d'autres pôles de recherches s'intéressent de près aux vertus médicinales de la biodiversité végétale réunionnaise.

ml/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Bruno Bourgeon
Bruno Bourgeon
5 ans

Le Bois d'Osto, ce n'est pas pour traiter l'insuffisance rénale, c'est pour (si les études le confirment) prévenir l'inflammation de certaines structures du rein, qui peut entraîner l'insuffisance rénale, au cours du diabète de type 2. M'est avis tout de même :
- le contrôle glycémique est la plus sûre manière de prévenir la dégradation fonctionnelle rénale;
- l'atteinte fonctionnelle rénale au cours du diabète est multifactorielle, pas seulement l'inflammation du glomérule. Il y a aussi l'atteinte vasculaire en "partenariat" avec l'hypertension artérielle, et l'atteinte de l'interstitium rénal par l'inflammation ascendante liée entre autres aux infections urinaires répétées courantes chez le diabétique.
- le rôle que pourrait avoir le Bois d'Osto est de combattre l'inflammation du glomérule (la partie "filtre du rein"), en déjouant la toxicité oxydante des AEGP ("advanced end-glycated products"), ou produits de dégradation des molécules sucrées pro-inflammatoires et oxydatives.

Par conséquent, il sera difficile de faire la part des choses, et difficile de montrer une quelconque efficacité de ce produit naturel sur le ralentissement de la dégradation fonctionnelle rénale dans le diabète.