Logements sociaux

Ascenseurs en panne, infiltrations, véhicules hors d'usage… les galères sans fin des locataires

  • Publié le 14 août 2024 à 06:07
  • Actualisé le 14 août 2024 à 09:33

Ascenseurs en panne, problème d'humidité, infiltrations, pas de lumière dans les parties communes, véhicules hors d'usage qui pullulent sur les parkings des résidences sociales… les galères à répétition empoisonnent le quotidien des locataires. Les bailleurs sociaux concédent que les délais d'intervention sont trop longs et que la relation est à améliorer avec leurs locataires (Photo : rb/www.imazpress.com)

Problématique arrivant en tête de la liste des réclamations de nombreux locataires… les infiltrations et les malfaçons.

Dans l'ouest, c'est une résidence pourtant fraîchement rénovée qui subit des désagréments.

"Cela fait trois ans qu'on a eu des rénovations – c'est une bonne chose –, ils ont refait les sols, les placards, mais voilà, tout ça c'est bien sauf qu'il y a énormément de malfaçons", confie Marie, une locataire du Port.

"Les placards ne ferment pas, la porte des toilettes qui est coulissante reste coincée, les fenêtres ne sont pas étanches et le sol, avec les fortes pluies, s'est soulevé." Des dégâts toujours "pas réparés". "Dans la cuisine ça sent la moisissure", s'indigne-t-elle.

Interrrogés par Imaz Press Valérie Lenormand et Denis Chidaine respectivement présidente et directeur de l'Armos (Association régionale des maîtres d'ouvrage sociaux et aménageurs de l'océan Indien) reconnaissent : "effectivement, suite aux livraisons il y a un certain nombre de réclamations liés à des problèmes de malfaçons ponctuelles".

Sur les bâtiments, "nous avons des normes de construction et des obligations à respecter pour les logements sociaux". "Des contrôleurs techniques vérifient que nos bâtiments sont conformes à ces normes. Un architecte et d'un ingénieur en gros œuvre contrôlent les ouvrages. La Deal (Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) exerce aussi un contrôle après livraison."

Après, "le travail d'auto-contrôle des entreprises s'est dégradé depuis quelques années", dit-elle. "Nous sommes obligés d'augmenter nos propre contrôles. Nous avons des chartes de travaux mais on ne peut pas être derrière chaque entreprise" déclare l'Armos.

L'association estime que la situation s'est dégradée depuis 2010 "en raison d'une règlementation complexifiée qui a fragilisé les entreprises et probablement éliminé une partie de l'encadrement intermédiaire".

"Nous n'avons aucun intérêt à construire sans respecter les normes", ajoute Valérie Lenormand.

- Des délais beaucoup trop longs, concèdent les bailleurs -

"Aujourd'hui il reste peut-être un point faible des bailleurs, c'est le délai de levé des malfaçons", concède Valérie Lenormand.

"Nous sommes soumis à des assurances, garantir le parfait achèvement des travaux entre dans un process trop long pour les locatairess, ils  ne comprennent pas pourquoi cela prend autant de temps" dit-elle.

"Généralement nous est capable de répondre en deux semaines mais avec les assurances cela peut durer plusieurs mois et c'est trop long" reconnait-elle

Raison pour laquelle l'Armos a développé un observatoire de la qualité "afin de collecter des informations et négocier avec les assureurs pour améliorer les contrôles lors des livraisons et améliorer le process de reprise des malfaçons quand ils sont assurés".

Ces données seront collectées lors des déclarations de sinistre à l'origine du problème. "Cela nous permettra de mettre en œuvre un process plus efficace pour pouvoir répondre plus vite au locataire" note Valérie Lenormand.

- Des ascenseurs oui… mais qui ne fonctionnent pas -

"Notre ascenseur est panne pour la énième fois, c'est scandaleux", déplore un locataire du Port. "On a signalé fin juillet, on nous a répondu que soi-disant ça allait être réparé et c'est seulement deux semaines après que ça a été mis en service", confie-t-il.

"On a des pannes au moins toutes les six semaines. Même si ça dure qu'une journée quand on habite au sixième étage c'est épuisant, surtout qu'il y a des locataires porteurs de handicap ou avec des enfants en bas âge."

"En plus quand on appelle le bailleur (ici la SHLMR), chacun se renvoie la balle." "On a l'impression d'être juste bon à payer le loyer et que les bailleurs n'en ont rien à faire des gens qui habitent dedans."

"C'est inadmissible", ajoute le locataire, alors que dans le bail – et selon la loi du 6 juillet 1989, "le bailleur doit garantir une jouissance paisible de son logement".

Le problème, explique l'Armos, est que "pour les ascenseurs nous avons trois prestataires et qu'il n'y a pas de notion de concurrence importante. Et donc il n'est pas rare qu'ils ne stockent pas la totalité des pièces nécessaires à la maintenance courante".

"Nous ne sommes pas suffisamment en position de force donc parfois le délai d'approvisionnement des pièces est long et - l'ascenseur ne peut pas être réparé dans des délais raisonnables."

Toutefois, Valérie Lenormand, qui est également directrice de la SHLMR précise "nous avons mis en place un renouvellement des ascenseurs, ce qui a divisé par trois les pannes techniques".

"Totalement faux" s'insurgent plusieurs locataires du Port. "Les pannes sont bien plus nombreuses depuis le changement d'équipement" affirment-ils

Valérie Lenormand pointe alors des actes de vandalisme qui, selon elle "mettent en difficulté ces locataires".

Mais elle le reconnaît, "quand un ascenseur tombe en panne c'est une crise notamment pour des sé-eniors et les personnes porteuses de handicap".

- Des parkings pollués par des voitures hors d'usage -

Si l'intérieur des logements pose plusieurs problèmes l'extérieur n'est pas en reste. Sur les parkings de certains groupes d'habitatins, les voitures des locataires côtoient les VHU (véhicules hors d'usages) dans l'attente d'être enlevés.

"C'est un problème récurrent. Des locataires n'ont même pas la place de garer leur voiture", déplore un habitant du nord de l'île. "Après on sait que la procédure est longue mais au bout de six mois ce n'est plus possible."

Si les locataires pensent que les bailleurs ne "font rien", l'Armos n'est pas du même avis. "Si le "papier rose" d'enlèvement  est mis c'est que nous avons fait notre job."

"Nos personnels en parlent tout le temps mais le process pour enlever ces véhicules est assez long car il inclut les forces de l'ordre et les EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) – en charge de l'enlèvement", précise Valérie Lenormand.

"Il faut savoir que les bailleurs ont déclaré en 2023 4.620 VHU sur nos parkings pour un taux de retrait de 16%. C'est un vrai fléau pour l'ensemble des bailleurs" dit-elle.

L'Armos déplore l'attitude de ceux qui abandonnent ces véhicules. "Il y a des gens qui viennent déposer leurs voitures et il faut lutter contre cela." Et "même si on travaille contre cela, ce qu'on arrive à enlever, d'autres reviennent dans la nuit".

"On comprend que les locataires soient excédés mais c'est un gisement sans fin et on a du mal à lutter contre cela", souligne Valérie Lenormand.

- "Les bailleurs ne connaissent pas quelles sont leurs missions" -

La Confédération nationale du logement (CNL) ne trouve pas d'excuse aux bailleurs. "On a une soixantaine de réclamations par jour", indique Erick Fontaine.

"Les problèmes qui reviennent sont les chauffe-eaux qui ne fonctionnent pas, les pannes – notamment dans les résidences de personnes âgées – les infiltrations, les moisissures, les portillons qui ne ferment pas…", liste-t-il.

"On a même eu des accidents avec un ascenseur tombé du 3ème au rez-de-chaussée directement, un locataire tombé dans les parties communes faute de lumière, un bac de douche non conforme" énumère Erick Fontaine.

Selon lui, "aujourd'hui il y a une évidence. Les bailleurs ne connaissent pas quelles sont leurs missions". "C'est toute la gestion de l'immeuble qui est remise en cause." "Aujourd'hui ce qui prime c'est le montant des loyers" dit-il.

"Ils ne gèrent plus le quotidien des locataires alors qu'il y a une grosse colère qui monte chez ces habitants." "Je suis même étonné que ça ne déborde pas plus que cela vu comment tout va mal", déclare le dirigeant de la CNL.

Il souligne que la CNL informe chaque citoyen ayant des soucis, et invite les personnes à prendr contacter et a déclarer l'indécence des logement sur une application qu'a lancé la Confédération du logement à La Réunion.

- Une relation de confiance à améliorer -

Infiltrations, VHU, ascenseurs… nombreux sont les sujets de crispations des locataires. Des résidents qui confient souvent, avoir du mal à trouver des interlocuteurs.

"Sur la communication, les bailleurs développent depuis plusieurs années beaucoup de canaux de communication", souligne la présidente de l'Armos. Comme l'extranet, "les enquêtes de satisfaction ou encore les gardiens". "Il est vrai que malgré cela, certaines réclamations n'arrivent pas."

"Ce que je pense c'est que les locataires ont plus besoin de nous voir dans nos réseaux et c'est cela l'enjeu de proximité", rapporte Valérie Lenormand. "On a besoin de revenir aux relations humaines, avoir un sentiment que l'on est là."

"Il faut que l'on améliore notre relation de confiance avec les locataires', conçoit Valérie Lenormand.

L'Armos qui concède que – même s'il y a de bonnes choses – il y a "quelque chose à améliorer" sur la perception du logement social et du bailleur à La Réunion.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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16 Commentaires
Reese
Reese
6 mois

Au delà du social je suis dans le privé et désormais c’est très compliqué de trouver une entreprise de BTP sérieuse qui ne fait pas n’importe quoi… 3 interventions sur un toit par 3 entreprises différentes sur plusieurs années et des infiltrations qui reviennent. À côté de ça on a un ascensoriste qui se permet de nous répondre et de nous engueuler quand on ose le relancer. Voilà c’est pas plus rose ailleurs malheureusement

Paxa
Paxa
6 mois

Pas de contrôle malheureusement. Les entreprises qui tirent sur les prix pour se faire un max de beurre donc du matos de mauvaise qualité achetés par cher pour un maximum de rentabilité, des bureaux de contrôle qui ne jouent pas leur rôle certainement vu la quantité de malfaçons sur des immeubles neufs (logements privés également), des prix négociés avec des entreprises amis avec commissions...
La SIDR et les autres doivent gérer tous les problèmes rencontrés une fois le bâtiment livré avec le constructeur qui a une soit disante garantie décennale. Mais l'entreprise a déjà mis la clé sous la porte souvent et a disparu de la circulation. Dans ces conditions, l'assureur ne risque pas de payer. Et voila comment cabri y mange salad.

Fred
Fred
6 mois

De toute façon ils sont là juste pour encaisser les loyers, le reste ils sen foutent, les locataires n'ont qu'à crever, ils s'en foutent

LEBON
LEBON
6 mois

Dans le sud c est pareil les bailleurs sociaux lavé leur mains mais mieux encore un charger clientèle refuse des demandes à l'insu du locataire

Papillon dirune
Papillon dirune
6 mois

Il y a la responsabilité du bailleur social, évidemment, mais il ne faut occulter et minorer celle du locataire... dans son comportement sur le long terme et attitude quotidienne. Quant aux pouvoirs publics, la leur est, je crois, incommensurable !

HULK
HULK
6 mois

La honte intégrale, sous les yeux des politicards qui n'en ont rien à foutre des individus, sauf pour pleurnicher pour avoir leurs voix lors des élections ( les gens sont vraiment c.ns de voter pour des des gens pareils)

Pitoyabble
Pitoyabble
6 mois

L'armos qui essaye de justifier l’injustifiable : scandaleux !!!!!

P. Fabien
P. Fabien
6 mois

La situation dans le logement social est catastrophique à la Réunion, et cela ne date pas d’hier. Et les médias ne montrent que le sommet de l’iceberg, selon que les victimes ont pu ou non les alerter. Les BAILLEURS SOCIAUX se moquent éperdument des doléances des habitants, qui se retrouvent parfois dans des situations dramatiques (alors que leurs logements sont neufs ), tout en incriminant les CONSTRUCTEURS , comme s’ils n’avaient aucun lien avec eux ! Du côté des AUTORITÉS LOCALES, parfois BAILLEURS DE FONDS, mêmes indifférence et silence. Tous ces gens lamentables devraient être poursuivis en justice pour leur non respect des lois, non accomplissement de leurs devoirs, voire mise en danger de la vie d’autrui (problèmes de santé générés par les malfaçons).

ZembroKaf
ZembroKaf
6 mois

"bon marché i cou't' cher" comme dit le proverbe !!! le budget alloué pour une rénovation par appartement est minime selon la surface (pour un T3 environ 12.000 euros) alors qu'il faut à peu 25000-30000 euros ... les entreprise "gros doigts" i travaille encore plus "gros doigts" ... par exemple la peinture n'est pas grattée...juste un couche supplémentaire dessus !!! les bailleurs ne sont juste des "encaisseurs" de loyers ... et l'entretien "au minimum" !!!

Pierrot 974
Pierrot 974
6 mois

La solution est simple pour faire rapidement bouger les bailleurs : cesser en groupe de payer les loyers.
Quant aux véhicules abandonnés un peu partout, pas la peine de s'appeler Einstein pour retrouver leur propriétaire, leur faire payer l'enlèvement, les frais de destruction et une solide amende qui les dissuadera de recommencer. Il faut "juste" que la police ait envie de travailler.

payet
payet
6 mois

shlmr= fuites inondations chaque année,pb chauffe eau,parking sales avec epaves,dechets partout autour....et rien de la part de direction fantome!

Barbara
Barbara
6 mois

Elle est gonflée la dame de l'armos, c'est presque si tout n'est pas de a faute des locataires. ça sert à rie de dire "oui on comprend", il faut agir

Paulo
Paulo
6 mois

Les bailleurs sociaux n'en ont rien à foutre de leurs locataires. Eux, ils ne vivraient pas une journée dan le conditions qu'ils imposent aux locataires. C'est dégueulassasse

Atterré
Atterré
6 mois

TOUS les parkings des logements sociaux au Port sont de véritables cimetières de voitures ! ! !
Il se dit, par les sevices (sic !) municipaux, que les enlever c'est l'affaire des bailleurs sociaux et non de la responsabilité de la mairie.
Ce qui arrange bien le maire, qui ne fâche pas son vivier électoral en ne prenant pas des mesures drastiques pour éradiquer ces cancers que sont ces épaves disséminés dans la ville entière.

nono
nono
6 mois

il n'y a pas qu'uniquement dans les logements sociaux que cela arrive la plupart des syndic de gestion ne font pas grand chose pour intervenir

plouf
plouf
6 mois

Pourquoi les locataires ne disent rien à mon voisin casso quand il coupe les arbres de l'espace vert commun, quand il fait vrombir les moteurs qu'il trafique dès 07h00 (il a un pick up, une voiture de collection, un custom et un dirt bike), quand il jette pneus et batteries direct dans ce même jardin, pourquoi peut il construire un auvent qui deviendra pièce en plus sans que le bailleur ne dise rien, pourquoi son chien aboie toute la journée? Mais surtout, pourquoi à chaque élections les meetings se font devant leur résidence à eux, les cassos? parce que la réunion est une république bananière, pleine de gens sous éduqués et de petit mâles frustrés, complexés, etc... On est à la Possession, ceci explique cela, ces maires qui ne tiennent qu'avec les voix des cassos illettrés, et le bailleur c'est la sedre et leur zac pourrie... ah ben on se demande plus pourquoi c'est aussi pourri de partout.